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La réécriture au XXIe s. : nouvelle cartographie des passages entre les œuvres

La réécriture au XXIe s. : nouvelle cartographie des passages entre les œuvres

Publié le par Marc Escola (Source : Marc Arino)

Appel à contributions

pour le numéro de la revue en ligne T(r)OPICS (décembre 2016)

FLSH, Université de La Réunion

http://tropics.univ-reunion.fr/ et http://www.litterature-comparee.fr/

 

Numéro sous la direction de Marc ARINO, Maître de conférences (9ème section)

et de Bénédicte LETELLIER, Maître de conférences (10ème section)

 

« La réécriture au XXIe siècle : nouvelle cartographie des passages entre les œuvres »

 

            Depuis le XXIe siècle, le texte littéraire se lit et se pratique volontiers dans une perspective de transmission ou de communication qui reprend, prolonge et augmente la parole de l’autre (l’étranger ou l’intime). La littérature, en tant qu’expérience répétée du dire et en tant que variation de formes esthétiques de l’imaginaire, a pu ainsi se concevoir comme une « littérature dépliée[1] » qui permet de prendre une plus juste mesure des dimensions infinies de l’acte littéraire et de sa puissance de déplacement dans le temps et l’espace. La mise en valeur de ce geste de continuation, de réécriture, par la critique contemporaine a au moins trois corollaires visibles : d’une part, elle interroge et réactualise sans cesse les frontières géographiques, culturelles, linguistiques, esthétiques, historiques et épistémologiques, entre les œuvres. Apparaissent ainsi des cartographies critiques qui tentent de déterminer de nouvelles relations entre les œuvres. D’autre part, elle inaugure un questionnement, de plus en plus présent dans les études littéraires, sur ces zones opaques de passage qui se situent entre les textes, les œuvres, les dires et les pensées et qui révèlent une nouvelle manière de lire en continu. Enfin, elle implique une méthode comparatiste qui engage nécessairement d’autres savoirs disciplinaires. Etudier la réécriture, c’est faire ou refaire en soi-même œuvre de passage entre les savoirs et les pensées.

            Jusqu’à ce jour, quelques approches ont été privilégiées. La réécriture a été étudiée dans la continuité des approches structuralistes et narratologiques, à partir du postulat de propriété, c’est-à-dire comme une technique d’écriture qui oscille entre imitation et création[2]. Elle renvoie alors à une forme de diction qui interroge fortement la subjectivité et l’originalité de l’auteur. Elle a aussi fait l’objet d’une approche philosophique et historique de la réception pour interroger la survie des œuvres[3], ou bien encore, la réécriture, selon une approche épistémocritique, a été appréhendée comme une pratique transdisciplinaire des imaginaires et des savoirs[4].

            Ces réflexions contemporaines montrent que la réécriture, entendue comme la trace que laisse le lecteur lors de son passage dans une ou plusieurs œuvres, révèle un besoin de se dire autrement et de faire exister en soi ce que la lecture a fait apparaître à la conscience. Elle produit un texte qui n’est qu’une tentative de plus pour s’approprier, habiter et parcourir le monde. Depuis une vingtaine d’années, la réécriture nous invite à pratiquer ce que Michel Serres appelle « la philosophie de la duction »[5]. Elle donne forme à ce que Yves Citton désigne comme un « phénomène de transduction, c’est-à-dire de reconduction de quelque chose qui passe par une transformation en investissant un domaine nouveau[6] ». C’est à partir de cette nouvelle cartographie des passages tels qu’ils sont pratiqués au XXIe siècle que la réécriture doit être envisagée dans ce numéro.

            En effet, nous souhaitons réunir des contributions qui interrogent l’intérêt récent non seulement de la critique littéraire mais aussi des autres sciences à l’égard de ce geste de réécriture. Il s’agira alors de porter une attention toute particulière à la réécriture en tant que stratégie esthétique, pédagogique et cognitive qui impose une posture de réflexion contemporaine de plus en plus pluridisciplinaire ou transdisciplinaire. Comment la réécriture, en tant que procédé d’écriture ou bien en tant que méthode, oriente-t-elle les démarches scientifiques vers une nouvelle manière d’écrire et de penser les relations et les réseaux? Selon une approche plus pragmatique, les contributions pourront aussi essayer de cerner la puissance de cet acte second. En quoi s’inscrit-il dans un mouvement d’inclusion ou d’exclusion par rapport à un ensemble d’œuvres données ? Dans quelle mesure est-il une puissance d’actualisation et d’adaptation qui assure la survie des œuvres et inaugure une conception et une pratique nouvelles de la littérature ou plus largement des arts ?

 

            Les propositions de communication (entre 400 et 500 mots, hors bibliographie) devront parvenir aux organisateurs avant le 15 juillet 2015 : marc.arino@univ-reunion.fr ; benedicte.letellier@univ-reunion.fr

 

Bibliographie indicative :

Anne-Marie Baron, Romans français du XIXe siècle à l'écran : problèmes de l'adaptation, Clermont-Ferrand, PU Blaise Pascal, 2008 ;

Antoine Berman, La Traduction et la lettre ou l’auberge lointaine, Seuil, 1999 ;

Jean Cleder, Entre littérature et cinéma : les affinités électives : échanges, conversions, hybridations, A. Colin, 2012 ;

Renaud Dumont, De l’écrit à l’écran, Réflexions sur l’adaptation cinématographique, L’Harmattan, 2007 ;

Emilie Eells, Christine Berthin et Jean-Michel Déprats (dir.), L’Etranger dans la langue, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2013 ;

Umberto Eco, Dire presque la même chose, Editions Grasset et Fasquelle, 2006 [2003] ;

Giovanna Franci et Siri Nergaard (éd.), La Traduzione, Numéro spécial de Versus, 82, 1999 ;

André Gaudreault et Thierry Groensteen (dir.), La Transécriture : pour une théorie de l'adaptation : littérature, cinéma, bande dessinée, théâtre, clip, Nota Bene, 1998 ;

André Helbo, « Adaptation et traduction », in Sulla traduzione intersemiotica, numéro spécial de Versus, Dusi et Nergaard (éd.), 85-87, 2000 ;

Robert Kahn et Catriona Seth (dir.), La Retraduction, Publication des Universités de Rouen et du Havre, 2010 ;

Jean-Louis Leutrat (dir.), Cinéma et littérature, le grand jeu. 1 et 2, De l’Incidence, 2010 et 2011 ;

Andrée Mercier et Esther Pelletier, L’Adaptation dans tous ses états, Nota Bene, 1999 ;

Henri Meschonnic, Ethique et politique du traduire, Lonrai : Verdier, 2007 ;

Esther Pelletier et Irène Roy (dir.), « Adapter le théâtre au cinéma », numéro de la revue Etudes littéraires, Université Laval, 2015 ;

Muriel Plana, Roman, théâtre, cinéma : adaptations, hybridations et dialogue des arts, Bréal, 2004 ;

Anthony Pym, Pour une éthique du traducteur, Presses de l’Université d’Ottawa, 1997 ;

Jacques Rancière, La Fable cinématographique, Seuil, 2001 ;

Paul Ricoeur, Sur la traduction, Paris : Bayard, 2004 ;

Michel Serceau, L'Adaptation cinématographique des textes littéraires : théories et lectures, Ed. du CÉFAL 1999 ;

Francis Vanoye, L'Adaptation littéraire au cinéma, Armand Colin, 2011.

 

 

Call for papers

T(r)OPICS on-line issue (December, 2016)

FLSH, Université de La Réunion

http://tropics.univ-reunion.fr/ et http://www.litterature-comparee.fr/

 

Issue under the direction of Marc ARINO, Maître de conférences / Senior Lecturer (9ème section)

and Bénédicte LETELLIER, Maître de conférences / Senior Lecturer (10ème section)

 

 

“Rewriting in the 21st century : new mapping of passages between works”

 

 

Since the twenty-first century, the literary text reads and is readily practiced in a perspective of transmission or communication which incorporates, prolongs and increases the word of the other (the outsider or the intimate). Literature, as a repeated experience of saying and as a change of aesthetic forms of the imagination, could thus be seen as an "unfolded literature" that allows a more accurate measure of the infinite dimensions of the literary act and power of movement in time and space.

The enhancement of this continuation of gesture, of rewriting by contemporary critics has at least three visible corollaries: on the one, it constantly queries and updates geographic, cultural, linguistic, aesthetic, historical and epistemological boundaries between the works. What thus occurs is critical maps that are trying to determine new relationships between the works. On the other hand, it introduces a questioning, increasingly present in literary studies, on these opaque passages areas which lie between the texts, the works, the words and thoughts, revealing a new way to read continuously. Finally, it entails a comparative method which necessarily involves other subject knowledge. To consider rewriting is to do or do again in oneself the act of passages between knowledge and thoughts.

Several approaches have been favored to date. Rewriting has been studied in the continuity of narratological and structuralist approaches, from the property postulate, that is to say as a writing technique that oscillates between imitation and creation. It refers to a form of diction that strongly questions the subjectivity and originality of the author. It has also been approached in the philosophical and historical way of reception to question the survival of the works. Or again, according to an epistemo-critical approach, rewriting was understood as a transdisciplinary practice of the imaginary and knowledge.

 

These contemporary reflections show that rewriting, understood as the trace left by the reader while passing through one or more works, reveals a need of telling oneself differently and to allow what the reading has revealed to consciousness to exist in oneself. It produces a text that is but one more attempt to appropriate, live and travel the world. For twenty years, rewriting has been inviting us to practice what Michel Serres calls "the philosophy of duction." It shapes what Yves Citton refers to as a "transduction phenomenon, that is to say a renewal of something that goes through a transformation by investing a new field." It is from this new mapping of passages as they are practiced in the twenty-first century, that rewriting should be considered in this issue.

Indeed, we are willing to gather submissions which question the recent interest not only of literary criticism but also other sciences with regard to this rewriting gesture. Special attention will then be paid to rewriting as an aesthetic, educational and cognitive strategy that imposes an increasingly interdisciplinary or transdisciplinary contemporary reflection posture. How does rewriting, as a writing process or as a method, guide scientific approaches to a new way of writing and thinking about relationships and networks? According to a more pragmatic approach, submissions may also try to understand the power of this second act. How does it fit in a movement for inclusion or exclusion from a body of given work? To what extent is there actualization and adaptation power that ensures the survival of the works and opens a new design and practice of literature or the arts more widely?

 

Deadline for proposals: July 15, 2015

Please send your submissions (from 400 to 500 words, bibliography not included) to: marc.arino@univ-reunion.fr; benedicte.letellier@univ-reunion.fr.

 

Indicative Bibliography :

Anne-Marie Baron, Romans français du XIXe siècle à l'écran : problèmes de l'adaptation, Clermont-Ferrand, PU Blaise Pascal, 2008 ;

Antoine Berman, La Traduction et la lettre ou l’auberge lointaine, Seuil, 1999 ;

Jean Cleder, Entre littérature et cinéma : les affinités électives : échanges, conversions, hybridations, A. Colin, 2012 ;

Renaud Dumont, De l’écrit à l’écran, Réflexions sur l’adaptation cinématographique, L’Harmattan, 2007 ;

Emilie Eells, Christine Berthin et Jean-Michel Déprats (dir.), L’Etranger dans la langue, Presses Universitaires de Paris Ouest, 2013 ;

Umberto Eco, Dire presque la même chose, Editions Grasset et Fasquelle, 2006 [2003] ;

Giovanna Franci et Siri Nergaard (éd.), La Traduzione, Numéro spécial de Versus, 82, 1999 ;

André Gaudreault et Thierry Groensteen (dir.), La Transécriture : pour une théorie de l'adaptation : littérature, cinéma, bande dessinée, théâtre, clip, Nota Bene, 1998 ;

André Helbo, « Adaptation et traduction », in Sulla traduzione intersemiotica, numéro spécial de Versus, Dusi et Nergaard (éd.), 85-87, 2000 ;

Robert Kahn et Catriona Seth (dir.), La Retraduction, Publication des Universités de Rouen et du Havre, 2010 ;

Jean-Louis Leutrat (dir.), Cinéma et littérature, le grand jeu. 1 et 2, De l’Incidence, 2010 et 2011 ;

Andrée Mercier et Esther Pelletier, L’Adaptation dans tous ses états, Nota Bene, 1999 ;

Henri Meschonnic, Ethique et politique du traduire, Lonrai : Verdier, 2007 ;

Esther Pelletier et Irène Roy (dir.), « Adapter le théâtre au cinéma », numéro de la revue Etudes littéraires, Université Laval, 2015 ;

Muriel Plana, Roman, théâtre, cinéma : adaptations, hybridations et dialogue des arts, Bréal, 2004 ;

Anthony Pym, Pour une éthique du traducteur, Presses de l’Université d’Ottawa, 1997 ;

Jacques Rancière, La Fable cinématographique, Seuil, 2001 ;

Paul Ricoeur, Sur la traduction, Paris : Bayard, 2004 ;

Michel Serceau, L'Adaptation cinématographique des textes littéraires : théories et lectures, Ed. du CÉFAL 1999 ;

Francis Vanoye, L'Adaptation littéraire au cinéma, Armand Colin, 2011.

 

 

[1] Jean-Paul Engélibert et Yen-Maï Tran-Gervat (dir.), La Littérature dépliée – Reprise, répétition, réécriture, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, « Interférences », 2008.

[2] Lise Gauvin, Cécile Van den Avenne, Véronique Corinus, Ching Selao (Ed.), Littératures francophones. Parodies, pastiches, réécritures, ENS Editions, 2013.

[3] Judith Schlanger, La Mémoire des œuvres, Verdier, 2008.

[4] Chantal Foucrier, Les Réécritures littéraires des discours scientifiques, Michel Houdiard Editeur, 2006.

[5] Michel Serres, Hermès [5 tomes], Paris, Editions de Minuit.

[6] Yves Citton, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Editions Amsterdam, 2007, p. 274.