Actualité
Appels à contributions
La

La "Recherche" et la forme linguistique du texte

Publié le par Natalie Maroun (Source : Geneviève Henrot Sostero)

 

 

Université de Padoue ̶ Italie

12-13-14 avril 2012

Colloque organisé par le Département d'Études Linguistiques et Littéraires de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Padoue (Italie), en partenariat avec L'ÉQUIPE PLH-ELH de l'Université de Toulouse-Le Mirail (France).


Appel à communications

 

L'oeuvre de Marcel Proust compte aujourd'hui parmi les chefs-d'oeuvre les plus appréciés et les plus étudiés de la littérature française: elle fait l'objet d'un consensus critique étendu à toute la communauté scientifique mondiale, du Japon au Brésil. Toutefois, les perspectives d'étude les plus pratiquées ont principalement mis l'accent sur les disciplines herméneutiques héritées de la tradition critique (philosophie, thématique, histoire littéraire, comparatisme, études de réception, etc.). Les travaux notoires issus de la poétique (Genette et son sillage) et de la génétique textuelle (Équipe Proust de l'Institut des Textes et des Manuscrits Modernes, École Normale Supérieure, Paris) ont certes marqué un tournant décisif et incontournable dans la réception critique de l'oeuvre, mais un aspect reste encore insuffisamment exploré: la forme linguistique du texte.

Cette lacune peut s'expliquer tant par les vicissitudes de la textualité littéraire aux yeux des disciplines linguistiques, que par la division des disciplines qui n'apprécie pas partout et ne favorise pas toujours le transfert, d'un champ à l'autre, des connaissances, des concepts et des procédures d'analyse. Le thème proposé veut interpeller les deux secteurs scientifiques concernés (Secteurs Scientifiques L-LIN/03 Letteratura francese et L-LIN/04 Lingua francese - Lingua e traduzione en Italie ; Sections CNU 09 "Langue et Littérature françaises" et 07 "Sciences du langage : linguistique et phonétique générales" en France).

Argumentaire

Le colloque souhaite réfléchir à ce que la forma mentis de la linguistique, avec ses méthodes et ses instruments, peut signifier pour l'oeuvre de Proust : non seulement un éclairage propre à valoriser la facture du texte, mais aussi une enquête descriptive sur la langue, dans son coeur et dans ses marges, qui exploiterait le corpus proustien pour une expertise de la faculté langagière. Disponible en plusieurs versions numérisées étiquetées, le texte d'À la recherche du temps perdu se prête à toutes les investigations auxquelles la linguistique s'est exercée ces dernières décennies.

Comme le précise le sous-titre, c'est bien la forme linguistique du texte de la Recherche qui est l'objet de ce colloque. La perspective choisie entend privilégier ici moins l'histoire des idées (sur la langue), que l'approche descriptive, fondée sur les instruments conceptuels et opératoires que fournissent les différents courants de la linguistique contemporaine. Plusieurs éléments de réponse ont été apportés à des questions comme celles de savoir ce que pensait Proust de la linguistique de son temps ou ce qu'il percevait intuitivement des lois et mécanismes de la langue. Plus rares en revanche sont les études qui s'engagent à vérifier ce que l'état de l'art de la phonétique, de la morphosyntaxe, de la sémantique ou de tout autre domaine de la linguistique permet de mettre en lumière dans la langue française telle que la pratiquait Proust.

Tel est le champ de description et d'analyse que propose ce colloque. Toutes les orientations de recherche en linguistique et en grammaire sont les bienvenues sans aucune exclusive, qu'il s'agisse des descriptions et/ou des modélisations qui ont cours en linguistique française, des propositions de la linguistique textuelle, de la linguistique de l'énonciation, de la pragmatique ou encore d'orientations plus stylistiques ou grammaticales. C'est pour cette raison qu'est donnée, à titre indicatif, la division ci-dessous qui suit les différents domaines traditionnels de la linguistique, ceux-ci pouvant être abordés à la lumière de tel ou tel courant théorique.

1) Phonétique : il faudrait sans doute analyser sous un nouveau jour les effets de variation dialectale ou sociolectale de la prononciation des personnages, le potentiel de signifiance des courbes intonatives, de l'intensité articulatoire ou de la longueur des voyelles, la relation variable entre la prononciation d'usage et la présence de logo- ou morphogrammes (effet Buben) tels que le narrateur les saisit et les décrit en cours d'échange interactif (Genette, Pierron, Serça).

2) Morphologie : grâce aux développements des études sur la catégorie de l'aspect, sur la diathèse en perspective guillaumienne ou sur la valeur des tiroirs verbaux, il reste beaucoup à décrire de la complexe économie temporelle de la phrase proustienne, surtout si on la considère sous un angle textuel plus ample que la traditionnelle unité de la phrase.

3) Micro-syntaxe : riche et hiérarchiquement articulé au point de défier la mémoire du lecteur, le syntagme proustien s'offre comme un champ d'études fécond pour le traitement de l'adjectif, de la modification, des modalités d'expansion descriptive ou de la construction d'une référence tributaire du point de vue changeant du locuteur (Henrot 2008-2011).

4) Syntaxe : l'étude de la phrase proustienne, brillamment inaugurée par Léo Spitzer et poursuivie par Yvette Louria et Jean Milly, a découvert des ressources longtemps négligées dans l'étude de la parenthèse (Serça 2010). Mais le profil des types de phrase mériterait lui aussi une attention plus soutenue (Henrot 2005).

5) Lexique et sémantique : tous les phénomènes de registre et de variation linguistique sont exploités par Proust dans la mise en scène de sa comédie humaine. Le choix lexical attentif dont témoignent les brouillons impose une enquête approfondie des phénomènes d'hypo-/hyperonymie, synonymie, tout comme des effets de syllepse ou de synecdoque produits par la projection des choix paradigmatiques lexicaux sur l'axe syntagmatique du texte.

6) Texte : l'architecture complexe du texte proustien se prête à une observation attentive de l'usage des connecteurs, de la progression thématique du texte, des mécanismes de topicali­sation et plus généralement des phénomènes de cohésion et cohérence.

 

Modalités de participation

 

Destinataires : chercheurs confirmés et jeunes doctorants en linguistique, en stylistique et/ou en littérature française contemporaine.

Les propositions de communications sont à adresser au courriel genevieve.henrot@unipd.it, pour le 31 octobre 2011, sous forme d'un document WORD suivant les rubriques ci-dessous et ne dépassant pas une page (Times New Roman 12 pts, max. 3000 signes avec espaces):

Nom, Prénom. Affiliation scientifique. Courriel.

Courte présentation de l'auteur.

Titre de la communication.

Résumé: précisant clairement l'objectif, les catégoies d'analyse, la discipline, le corpus.

5 mots clés.

8 références bibliographiques.

Elles seront examinées, à l'aune du thème proposé, par un Comité scientifique constitué de spécialistes dans un ou plusieurs des champs considérés (critique proustienne, linguistique, stylistique), appartenant aux communautés scientifiques italienne et française.

Comité scientifique

Michele Prandi (Università di Genova - Italia)

Geneviève Henrot (Università di Padova) ̶ Isabelle Serça (Université de Toulouse-Le Mirail)

Luciana T. Soliman (Università di Padova) ̶ Jacques Dürenmatt (Université de Toulouse-Le Mirail)

Calendrier

Fin Septembre: ouverture de la plateforme du colloque www.maldura.unipd.it/convegni

31 octobre 2011: date limite de réception des communications.

15 janvier 2012: réponse du Comité scientifique et directives pour la version définitive.

30 mars 2012: réception de la version définitive des articles.

 


Organisation

 

Geneviève Henrot, Université de Padoue

Isabelle Serça, Université de Toulouse-Le Mirail

Luciana Soliman, Université de Padoue

Site web : www.maldura.unid.it/proust