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La réception entre théories de la littérature et théories de la culture

La réception entre théories de la littérature et théories de la culture

Publié le par Camille Esmein (Source : Katre TALVISTE)

La réception entre théories de la littérature et théories de la culture


On accepte souvent naïvement le terme réception' sans se poser la question plus large des sous-entendus et des implicites que ce concept contient. Nous voulons au contraire nous interroger sur la valeur sémantique des formes de conceptualisation impliquées dans (i) le concept lui-même, (ii) les théories qui font référence à cette terminologie et (iii) la manière dont un processus de réception' se saisit, se traduit et se dénomme dans le passage d'une langue à l'autre, d'un texte à l'autre, d'une culture à l'autre.

Si par le terme réception' (et les théories correspondantes) on privilégie dans un texte (un concept, une idée, une théorie, etc.) le destinataire de la communication et l'arrivée d'un processus de signification, on oublie cependant que cet acte même de recevoir' génère chez le récepteur une production de signification et un retour de communication vers le point de départ, vers le destinateur individuel et culturel. Quelles sont les (vieilles et nouvelles) manières de concevoir les rapports qui s'instaurent entre le départ et l'arrivée de ce processus complexe, entre le destinateur et le destinataire de la communication, entre la production et l'accueil, entre la signification et la communication elle-même ? Quelles sont, dans la théorie de la réception, les multiples facettes sous lesquelles se présente aussi bien dans l'acte que dans le résultat ce mécanisme complexe de traduction et de comparaison du même' et de l'autre' (v. Youri Lotman), ce positionnement de valeurs, de choix stratégiques d'inclusion et d'exclusion, d'identité et d'altérité (v. Paul Ricoeur) ?

Si l'on accepte l'idée que la réception 'est un travelling concept' (v. Mieke Bal), c'est-à-dire un concept qui ne se fixe pas dans une théorie mais qui se déplace et dans ce mouvement même trouve une nouvelle configuration, il faut alors se demander quelles sont les valences sémantiques de vieux et de nouveaux emplacements (v. Michel Foucault). En outre, si la vieille terminologie concernant le code' est peut-être dépassée, il faut pourtant admettre que pour que la communication (mais aussi le malentendu) passe, l'arrivée et le départ doivent avoir un noyau commun sur lequel se fonder : les interlocuteurs (un traducteur et son texte, un critique et son homologue, un anthropologue et son informateur, etc.) doivent partager une sorte de grammaire, en définitive les rudiments d'une entente sur la base de laquelle interagir. Bien que la terminologie paraisse dépassée, peut-on récupérer la notion de code sous forme d'un métalangage plus moderne et plus efficace ? Peut-on se passer, dans l'acte de réception, du partage des formes d'entente minimales ? Peut-on encore les appeler grammaire ou règles ?

Les théories de la réception (classiques et nouvelles) sont elles-mêmes des théories qui impliquent un métalangage implicite ou explicite. Peut-on réfléchir sur la qualité métaphorique de ce métalangage pour en dévoiler la partie positive et/ou négative, en d'autres mots l'efficacité ? Que veut dire au juste qu'il y a un blanc 'dans le texte ou qu'un texte est ouvert' ? Et si l'on accepte désormais que le rôle du lecteur est irremplaçable dans les mécanismes de la signification, quelle place assigner à la notion de texte, surtout par rapport à la poétique du récepteur (traducteur, critique, anthropologue, culture d'arrivée, etc.) et à la poétique du destinateur ? Et jusqu'à quel point la poétique d'arrivée (et de départ) reste-t-elle implicite dans l'acte même de recevoir ? Finalement, peut-on renverser la position qui privilégie le pôle de l'arrivée et penser le potentiel de départ d'un texte et d'une poétique, en d'autres termes la productivité déjà implicite dans le texte et la culture d'origine ? Ou bien faut-il adoucir le potentiel sémantique assigné aussi bien au départ 'qu'à l'arrivée' et mettre par contre l'accent sur l'entre-deux, sur le voyage (James Clifford), sur le relief de la frontière (Youri Lotman) ?

Ce ne sont que quelques-unes des questions que nous aimerions nous poser et auxquelles nous essayerons de répondre avec les participants à ce recueil sur la réception dans les théories de la littérature et les théories de la culture. Les contributions seront publiées dans la revue Studia Romanica Tartuensia (Université de Tartu, Estonie).

Les propositions d'articles (titre et résumé de 500 mots, format Word for Windows) doivent parvenir par courrier électronique à Stefano Montes (mail : montes.stefano@tiscalinet.it) et Tanel Lepsoo (mail : tanel@tdl.ee) avant le 15 juin 2005.

Notification de l'acceptation des articles : 30 juin 2005. Remise des articles : avant le 30 septembre 2005. Les articles (format Word for Windows) ne devront pas dépasser les 40.000 signes (espaces compris). Les critères de rédaction des articles seront donnés lors de la notification de l'acceptation.