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La Quête du Bonheur

La Quête du Bonheur

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Pierre-Frédéric Weber)

La quête d’une vie belle et réussie est aussi ancienne que les réflexions des premiers philosophes de l’Antiquité qui s’interrogeaient déjà sur les conditions de réalisation du bonheur. Au fil des siècles, les réponses apportées aussi par la littérature ont varié et évolué en fonction des changements intervenus dans la longue durée au coeur des sociétés de la civilisation européenne. Le contact avec la religion et ses implications concernant l’individu dans son rapport au monde et à sa propre finitude humaine sont ainsi au cœur d’un long parcours intellectuel, pluriel et pas toujours linéaire.

A travers cet héritage se posent les questions du quoi et du comment produire, conserver, reproduire et transmettre le bonheur. C’est là que l’on touche le problème de la définition du bonheur qui incite souvent à recourir à un certain nombre de paires conceptuelles antagonistes ou complémentaires, par exemple : immanent / transcendant ; matériel / spirituel ; individuel / collectif ; réaliste / utopique ; ponctuel / durable ; construit / donné, etc.

D’une part, cela revient à s’interroger sur le sens qui relève d’une vision du monde fondamentalement originale devant permettre à l’homme de se dépasser. D’autre part, tout ce qui est réputé nécessaire à l’équilibre symbolique ou au bien-être d’une culture fait l’objet d’enseignement au sens large. Du coup, il s’agit d’approcher la problématique du bonheur par la circulation des valeurs, des discours, des objets, des pratiques et des échanges.

Les anciens théoriciens de la vie heureuse se dirigeaient vers l’ascèse (askêsis) qui comprend des exercices corporels et spirituels (Épictète, Diatribes). Chez Sénèque est formulé le problème de l’orientation, du cheminement, de la méthode dans la recherche du bonheur. Dans Exercices spirituels et philosophie antique, Pierre Hadot met ainsi en exergue cette question principale de la philosophie de l’Antiquité gréco-latine : « Comment vivre pour être heureux ? ». Dans cette perspective, la recherche du bonheur est associée étroitement à une formation à la sagesse. Par la suite, ces normes éthiques (Aristote, Éthique à Nicomaque) esquissées dans l’Antiquité persistent, mais elles se heurtent pourtant au bonheur évangélique des pauvres de cœur (Les Béatitudes). Plus tard, à la Renaissance et à l’âge classique, la réflexion chrétienne redéfinit encore une fois le savoir antique. En même temps, les discours de sagesse de cette époque n’indiquent pas toujours le bonheur comme but ultime des actions humaines.

L’amalgame des discours de sagesse dans l’Europe moderne (allant de l’augustinisme sévère, à travers le stoïcisme chrétien mentionné, jusqu’à certaines formes du libertinage) rend néanmoins possible l’expression d’une pensée où le bonheur terrestre occupe le centre de l’interrogation humaine.

Lorsque l’absence de bonheur devient insoutenable, elle peut également donner lieu à l’évasion, comme moyen d’arracher la quête à son cadre temporel, en particulier par l’éloignement du monde (tel que le pratique l’ermite) ou bien par le divertissement – au sens pascalien du terme – sous la forme d’une fuite dans une réalité virtuelle ou parallèle, et parfois même dans des paradis artificiels. Souvent, en opposition à l’éthique des stoïciens, des émotions, des désirs et des joies indiqueront ainsi les choix de la vie heureuse. Il convient de souligner à ce titre que les racines grecques du débat s’intéressaient également à la catégorie du plaisir, fortement articulée dans la pensée du XXe siècle (Barthes, Foucault).

En dépit d'une compréhension large et diversifiée de la notion de bonheur, les gens de lettres n’ont pas cessé d’en chercher des approximations, des synonymes, et des descriptions. Ceux-ci, sans offrir une définition absolue, constituent seulement une certaine approche de la notion qui reste pour autant difficile à cerner. La complexité de la structure du bonheur et le trait radicalement insaisissable du contenu même de ce concept se manifestent dans l’incapacité d’une description précise. Étant très subjectif, le bonheur exige une analyse qui prend en compte des existences particulières et concrètes vu le fait qu’il est difficile d'accepter une seule facette de sa réalité. Toutefois, cette réalité fait constamment l’objet d’interrogations nombreuses sur la nature du bonheur, débattue par les littéraires, les linguistes et les éducateurs. A l’occasion de notre colloque nous proposons de mener une réflexion autour des axes généraux suivants :

  • Comment la question du bonheur est-elle présente et significative pour les écritures romanesques des siècles passés et de l’époque contemporaine ?
  • Comment la vision littéraire de la notion de bonheur s’actualise-t-elle à travers les siècles ?
  • La conception du bonheur dans le roman contemporain a-t-elle radicalement changé après l’expérience de l’Holocauste et les guerres mondiales du XXe siècle ?
  • Comment se fonde la condition de l’homme heureux à l’époque postmoderne et consumériste ?
  • Quelles sont les manifestations linguistiques du bonheur ?

Autant d’interrogations et d’approches que nous vous invitons à partager au cours de discussions menées du 10 au 12 octobre 2014. Les contributions proposées devront être en français.

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Lieu du colloque

Le colloque se tiendra à Pobierowo, sur la côte Baltique près de Szczecin.

Calendrier

Date limite d’envoi des propositions : 5 septembre 2014

Réponse aux participants : 15 septembre 2014

Communication du programme définitif : 20 septembre 2014

Date limite de paiement par versement : 20 septembre 2014

Date du colloque : 10-12 octobre 2014

Publication des actes : fin 2015.

Modalités de soumission des propositions

Les propositions de contribution devront compter entre 500 et 800 mots, références comprises. Elles devront clairement indiquer le sujet traité. Elles seront envoyées sous la forme d’un fichier au format Word (« .doc » ou « .docx ») comprenant le titre, le résumé, le nom de l’auteur, son affiliation et ses coordonnées.

Les propositions sont à envoyer à l’adresse suivante : szczecin.rencontres@interia.pl

Frais d’inscription

Les frais d’inscription sont de 100 EUR / 400 PLN (ils comprennent : la publication, un dîner d’accueil, deux petits-déjeuners, un déjeuner). 

Les frais d'hébergement ne sont pas compris et s'élèvent à 10 €/nuitée (sur demande, les organisateurs s'occuperont des réservations pour les participants sélectionnés qui le souhaiteraient). 

Comité d’organisation 

dr hab. Beata Kędzia-Klebeko, prof. US 

dr Michał Bajer 

dr Anna Kricka 

dr Nelli Przybylska 

dr Pierre-Frédéric Weber