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La question du Mal : littérature, éthique, politique, Religion comparée

La question du Mal : littérature, éthique, politique, Religion comparée

Colloque International et Interdisciplinaire

La Question du Mal

Littérature, Politique, Ethique et Religion Comparée

 

Les 14 et 15 Mars 2012, Georgetown University School of Foreign Service in Qatar

Le Mal constitue l’un des topoï de la Littérature et pourtant nul ne peut le circonscrire pleinement tant il se prête à des définitions variées, tant il est protéiforme, empruntant aussi bien les figures des grands personnages que les figures des hommes ordinaires.

Le Mal relève de l’individuel en tant que nous serions tous écartelés entre certains penchants jugés mauvais – par la morale, la justice ou encore la religion – et d’autres bons. Mais le Mal, à l’aune de l’Histoire, peut être considéré comme relevant du collectif, de la masse. Au fond, il décrirait un mouvement qui, partant du particulier, se résorberait dans le général, mouvement qui donnerait naissance à  « l’événement » mauvais : l’homme, pris dans la masse, voit ses penchants violents ressortir.  Le discours littéraire se charge de traduire en images, de mettre en mots, de façon réaliste ou symbolique, ces événements présentés souvent thématiquement ou des personnages alors érigés en types en ce qu’ils provoquent une forme de « reconnaissance », « d’identification » dans l’esprit du lecteur. Collectivement, les hommes sont bien capables du pire et l’Imagination littéraire et artistique qui semblait avoir mis en scène le pire s’est vue battue en brèche par les inventions de l’Histoire – camps de travail, camps d’extermination, tortures…

Le Mal a divers champs d’application : la Religion va ainsi associer le Mal à la notion de péché; la Morale à l’immoral et la justice à l’injuste. Ces approches par trop simples et tautologiques se résorbent au fond dans l’idée d’un écart par rapport à une norme établie par une doxa religieuse, sociale ou juridique. Si l’homme est, comme le voulait Aristote, un « animal politique », s’il vit par conséquent dans une  « polis », au sein d’une communauté, pour que cette communauté fonctionne il lui faut suivre un certain nombre de règles, idée qu’a fort bien développée Hobbes dans Le Léviathan. Dès lors que les règles – religieuses, sociales ou juridiques – sont bafouées, l’homme agit mal. Telle serait l’approche que la doxa aurait du Mal, entendu au sens d’écart par rapport à une norme. Pourtant cette notion nous semble bien plus complexe et c’est autour de cette complexité que nous souhaitons que vous travailliez. Le Mal pourra ainsi être lié à une problématique langagière ou encore à son envers, le Bien.

Ce colloque pourra intégrer des communications liées aux thèmes suivants :

– Les sept péchés capitaux ou encore les quatorze « péchés de bouche » : blasphème, injure, raillerie, médisance, malédiction, mensonge, vantardise, flatterie, obscénité, bavardage (multiloquium, vaniloquium), querelle, murmure, silence…

– Les figures mythologiques du Mal, leur présence ou leur absence dans les grandes religions.

– Les thèmes de la laideur et de la beauté : le Mal est associé au Laid mais aussi à son antonyme, le Beau, comme c’est le cas dans l’oeuvre de Baudelaire.

– Les thèmes de la responsabilité, de la culpabilité, de la Liberté, qui incluent une réflexion sur la mort de Dieu. Si Dieu est mort, tout devient-il permis ? Ne peut-on refonder une éthique d’origine immanente ?

– La problématique des hommes ordinaires, si chère à Hanna Arendt : « Ces actes n’ont pas été commis par des criminels, des monstres, des violeurs sadiques, mais par les membres les plus respectés de la société respectable. »  « Il ne s’agit pas ici de la méchanceté, avec laquelle la religion et la littérature ont essayé de s’arranger, pas du péché et des grands monstres qui sont devenus les héros négatifs de la littérature et ont en général agi par envie et par ressentiment, mais du monsieur tout le monde pas méchant qui n’a pas de motifs particuliers et, pour cette raison, est capable d’un mal infini ; à la différence du monstre, lui ne regarde pas en face à minuit le désastre qu’il a causé. »(Responsabilité et jugement)

– Le mal post-moderne qu’est le terrorisme et sur lequel a travaillé entre autres Jacques Derrida.

– La spécificité du discours littéraire par rapport au discours journalistique : pour Julia Kristeva dans Pouvoirs de l’horreur, la littérature détient un « pouvoir nocturne » qui en fait le « dévoiement de l’abject » … la guerre en Afghanistan émeut d’avantage l’occidental lorsqu’elle est mise en intrigue par Khaled Hosseïni dans les Cerfs-volants de Kaboul que lorsqu’elle est décrite dans un journal…

– La littérature concentrationnaire et les philosophes de l’inhumain comme Lyottard, Jean-Luc Nancy, Gabriel Marcel…

– La question du jugement – « Qui sommes-nous pour juger ? » demandait Hannah Arendt – et celle du pardon et de son antonyme – l’imprescriptible – seront au coeur du débat en ce qu’ils mettent en jeu des questionnements éthiques qui prennent naissance chez les lecteurs et chez les victimes du Mal.

La démarche adoptée pourra être pluridisciplinaire ou ne concerner qu’un champ de recherches. Ce colloque s’ouvre à toutes les disciplines et l’on ne s’interdira pas de mettre en place ce que Roselyne Koren nomme une « éthique de la responsabilité » : face à une oeuvre « toxique », le chercheur peut se donner le droit de distinguer le juste de l’injuste. Confrontés à une littérature du Mal, nous pouvons la présenter comme telle, le jugement de valeur ne peut être totalement absent.

Le mouvement de pensée de ce colloque pourrait consister à passer du mythe à l’Histoire et ainsi en arriverait à montrer que le Mal n’est pas le fait d’un être transcendant, le diable, qui posséderait certains hommes : passer du mythe à l’Histoire, c’est affirmer la pleine responsabilité de l’Homme face à ses actes, souligner sa liberté.

 

Instructions pour envoyer une proposition de communication

Envoyer une proposition de communication de 300-400 mots maximum avant le 15 octobre 2011, en Français ou en Anglais à : colloquelemal@gmail.com. Cette proposition devra être accompagnée d’une courte notice bio-bibliographique ainsi que de vos coordonnées complètes.

Décision du comité scientifique: le 1er décembre 2011

Droits d’inscription: $100 à payer avant le 31 décembre 2011

Date limite de remboursement des frais de participation : le 31 janvier 2012

Organisatrices

Patricia Reynaud, Ph.D., Visiting Associate Professor
Georgetown University School of Foreign Service in Qatar,
pgr23@georgetown.edu

Aurélie Renault, Docteur es Lettres, Littérature comparée
Laboratoire de Recherches CIELAM
Université de Provence, Aix en Provence
aiximmorenov@gmail.com

Inês Oseki-Depré, Professeur des Universités, Littérature comparée
Université de Provence, Aix en Provence

Informations supplémentaires

Pour toute question (en anglais): Deborah McKee, Coordinatrice administrative et pédagogique 
Georgetown University School of Foreign Service in Qatar
Tel: + 974 44578260
sfsqfaculty@georgetown.edu

Localisation: Georgetown University School of Foreign Service in Qatar
Education City, Doha
QATAR

Hébergement: Des négociations visant à obtenir un tarif préférentiel pour l’hébergement sont en cours. Les détails vous en seront communiqués dans les meilleurs délais.

Visiter le site internet du colloque :http://qatar.sfs.georgetown.edu/LaQuestionDuMal

 

 

 

 

International and Interdisciplinary Colloquium

The Problem of Evil

Literature, Politics, Ethics and Comparative Religion

March 14th and 15th 2012, Georgetown University School of Foreign Service in Qatar

Evil, though a major theme in literature, has been unsuccessfully circumscribed due to its complex and varied definitions and forms. In nature protean, Evil manifests itself through common mythological characters - snakes, Satan - as well as ordinary men.

Evil should be considered from the perspective of the individual: we are all torn between bad inclinations, categorically deemed harmful by morality, justice and religions, and good or worthy inclinations. In an historical context, Evil partakes in the collective, describing the movement in which the particular evil is amplified by the phenomenon of mass mobilization that the 20th century has illustrated. This movement may give rise to the malevolent event, mass violence, which generates physical and psychological suffering. Literary discourses translate those events both realistically and/or symbolically into images and words, often presenting them thematically or typifying characters allowing the reader to identify with them. Collectively, it is a fact that men are capable of the utmost evil: literary and artistic imagination - seemingly setting the stage for the worst - has been outrivaled by historical scenarios: labor camps, extermination camps, tortures and the rest.

Application of Evil manifests itself in various forms and ideologies: Christianity associates Evil to the notion of sin, Ethics to what is immoral and Justice to what is unjust. These often simplistic and tautological approaches are subsumed in the notion of deviation from a norm established by a religious, social or legal doxa. As Aristotle stated, if man is a political animal, if he lives in a “polis” within a community, in order for it to be harmoniously functioning, it needs to follow some rules. Hobbes pursued this train of thought in Leviathan where he stated that when rules are broken, be they religious, social or juridical, man is acting wrongly. This represents the doxic approach to Evil, or an element of disrespect for the norm.

For the purpose of this colloquium the notion of Evil is more complex, a complexity that we would like to see reflected in the presentations. It is our hope that Evil can be linked to the problematic of language and that it can be assessed with respect to its opposite: Good.

This colloquium is seeking papers addressing the following themes:

– The seven capital sins and extensively the 14 medieval sins of the tongue: blasphemy, insult, deprecation, disparagement, curse, lies, boasts, flattery, obscenity, malicious gossip, squabbles, rumors, silence.

– The mythological and theological figures of Evil, their presence and absence in the world religions.

– Themes of beauty and ugliness: Evil associated with monstrosity but also its antonym: beauty (Cf. Baudelaire)

– Themes portraying responsibility, culpability, freedom, including a reflection on the death of God. If God is dead, then is everything permitted? Does an ethics of immanence become possible?

– The problematic of ordinary men so dear to Hanna Arendt: Evil acts not committed by criminals, monsters or sadistic individuals but by the most eminent members of a respectable society. Because Mr. Anybody has no specific motives, “he is capable of infinite evil” (Responsibility and Judgment).

– Terrorism as post-modern evil. Derrida has reflected on this issue.

– The specificity of literary discourses vs. journalistic writing (cf. Kristeva’s notion of the abject): the war in Afghanistan moves Westerners to tears when narrated byKhaled Hosseini in his novel The Kite Runner. It causes a stir greater than when reported in the press.

– Literature of concentration camps and the philosophers of the inhuman as Lyotard, Jean Luc Nancy.

– The question of judgment: who are we to judge? That of forgiveness and conversely, the notion of the imprescriptible. These are ethical questions raised by readers on and victims of Evil.

Papers will be interdisciplinary in nature or they will deal with one field of research. This colloquium is open to all disciplines. Roselyne Koren’s ethics of responsibility will be welcome: confronted with a toxic work, any researcher is entitled to make the distinction between what is just and unjust. Faced with a literature of Evil, a value judgment is triggered and expected.

This colloquium will be organized around and reflected in the passage from myth to History. In this scenario, Evil is no longer interpreted as the doings of a transcendental being, such as the Devil, who takes possession of some men. As we move from myth to History, we assert the responsibility of man towards his actions and underline man’s freedom.

 

Submission instructions

Abstracts: 300-400 words maximum sent before October 15th, 2011, in English or in French to: colloquelemal@gmail.com

Send your abstract together with a short biographical paragraph. Include your email address, affiliation, postal address and phone number.

Decisions to be included in the program: December 1st, 2011

Registration fees: $ 100. Payment deadline:  Dec. 31st, 2011

No refund of registration fees will be possible after January 31st, 2012.

Conference organizers

Patricia Reynaud, Ph.D., Visiting Associate Professor
Georgetown University School of Foreign Service in Qatar
pgr23@georgetown.edu

Aurélie Renault, Docteur es Lettres, Comparative Literature
Laboratoire de Recherches CIELAM
Université de Provence, Aix en Provence
aiximmorenov@gmail.com

Inês Oseki-Depré, Professor, Comparative Literature
Université de Provence, Aix en Provence

Further information


Queries: Deborah McKee, Academic and Faculty Support Coordinator
Georgetown University School of Foreign Service in Qatar
tel: +974 44578260
sfsqfaculty@georgetown.edu

Location: Georgetown University School of Foreign Service in Qatar
Education City, Doha
QATAR

Accommodation: We are negotiating preferential rates with hotels in Doha. We will advise you as soon as the details are available.

Visit the website of the colloquium: http://qatar.sfs.georgetown.edu/ProblemofEvil