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La phusis et la nature après Durkheim : construction d'une pratique anthropologique et pratiques sociales en Grèce anciennes.

La phusis et la nature après Durkheim : construction d'une pratique anthropologique et pratiques sociales en Grèce anciennes.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Rachel Darmon)

ARNAUD MACÉ (Université de Franche-Comté) : La phusis et la Nature après Durkheim. Construction d’une catégorie anthropologique et pratiques sociales en Grèce ancienne

Le terme phusis a fini par désigner en Grèce ancienne, au IVe siècle avant J.- C., un ensemble qui ressemble à celui que nous appelons « Nature » et qui rassemble des choses soumises à une loi de production propre qu'on s'emploie à distinguer d'autres modes de production (nomos, tekhnê, ethos, askêsis, etc.). Mais le terme n'a longtemps pas eu un tel sens collectif et les présocratiques en écrivant, dit-on, peri phuseôs, n'écrivaient pas « sur la Nature ». Mieux : la constitution de ce vaste ensemble de choses a d'abord été indifférente à la question de la distinction du naturel et du social, de l'artificiel, etc. La « Nature » tire son origine d'une phusis qui ne connaît pas les frontières qui lui ont été assignées depuis…

 

Discutant : CLAUDE CALAME (EHESS)

Mercredi 14 janvier 2015 de 19h à 21h, EHESS, 96 bd Raspail, 75006 Paris, salle Lombard.

Cette séance s'inscrit dans le cadre du séminaire Antiquité Territoire des écarts :

PRENDRE LES ANCIENS AU MOT : QUAND SAVOIR CEST DIRE ET FAIRE

Sandra BOEHRINGER, Carole BOIDIN, Claude CALAME, Florence DUPONT, Pierre VESPERINI

L’Antiquité gréco-romaine nous tend des pièges intellectuels : les termes grecs ou latins, comme theatron, muthos, poiesis, eros, philosophia, fabula, res publica ou pater familias, n’avaient ni le sens ni les emplois que nous donnons aujourd’hui à théâtre, mythe, poésie, érotisme, philosophie, fable, république ou père de famille. L’identité formelle entre les termes anciens d’un côté, français de l’autre donne l’illusion que nous pouvons les utiliser sans précaution, sans traduction anthropologique. Ils ont fini par renvoyer à des concepts anhistoriques, souvent présentés comme des catégories universelles.

Il  s’agira  de  retracer  les  pratiques  discursives  correspondant  à  l’usage  de  ces  mots,  puis  les  réalités  sociales auxquelles ces termes renvoient, grâce à une approche croisant les acquis de l’anthropologie, de la sociologie et de la linguistique pragmatique de l’énonciation, donc en rompant avec les habituelles analyses textuelles. On pourra ainsi revisiter les savoirs que ces pratiques antiques construisent dans des contextes historiques et culturels donnés. Pratiquer l’écart ne vise pas seulement à mesurer la distance anthropologique qui sépare Antiquité et modernité, mais aussi à activer le questionnement sur la modernité à partir de l’Antiquité.