Actualité
Appels à contributions
La philosophie du design

La philosophie du design

Publié le par Alexandre Gefen

Figures de l'art n°XXIV

La philosophie du design

Des bébés projetés sur catalogue et customisés enlaboratoire aux défunts que l'on thanatopraxie avant de les incinérer enpassant par le relooking de l'espaceprivé et public, tout est désormais affaire de design. La consonance anglaisede ce mot, qui s'est imposé sur toute la planète dans la seconde moitié du XXe siècle, témoigne d'un changementde vision du monde beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. La plupart desanalystes s'accordent à y voir le triomphe du « petit esprit pragmatiste anglais » sur le grand rationalismefrançais et le sublime idéalisme allemand. Les uns pour le déplorer, les autrespour s'en réjouir. Crépuscule ou aurore des idoles ? Tout à la fois verbeet substantif, « (to) design » donne à entendre lenouveau rythme du monde : le temps des festivals a remplacé celui desmanifestations, religieuses ou politiques. Le monde sait désormais qu'il n'estplus le signe du Vrai ou du Bien, mais du Beau.

Non plus « le beau mensonge » du« philosophe-roi » et de ses nombreux héritiers, mais les beauxtrompe-l'oeil pratiques de l'artiste pasophosbanni de La République platonicienne,qui a fait alliance avec l'artisan, l'ingénieur, l'industriel et le philosophe« eironique » des temps postmodernes. Des boîtes Brillo d'Harveytransfigurées par Warhol en oeuvres d'art aux stages de somæsthétique duphilosophe Richard Shusterman en passant par les « DS cathédrales »de Roland Barthes « retaillées écolo » par Gabriel Orozco, lesvaisselles « main libre » de Philippe Starck, les fauteuils tropféminins de Gaetano Pesce, les IPhone multimédia tactiles de Steve Jobs, lesPleats Please polyvalents d'Issey Miyake, les tchadors enjoués de MajidaKhattari, les corps sculptés de Gilbert § George, les sextoys Fun Factory, lesavatars en chimères du net art, les mille successtories du design brouillent les vieilles hiérarchies scolastiques entre artes liberales et artes mechanicae, que les avant-gardes avaient, in fine,reproduites à rebours en High§Low, quitte à refaire des artistes desplasticiens bons à rien, et des esthètes un cénacle d'illuminés. Les « più eccellenti artisti deVite d'aujourd'hui sont assurément des artistes designers industrielsqui, à l'instar de Koons, Murakami,Barney, Hirst, Cattelan ou Delvoye, jouent de l'esperluète sur le mode kitschpour faire des oeuvres qui plaisent à tous.

Le design est, à l'évidence, l'art qui prospère depuis lafin (philosophique ?) du « Grand Art » dans le monde de l'artqu'on datera, avec Adorno et Danto, du début des années Soixante. Si ledesigner sait, à la différence des idéologues qui ont jusqu'alors dirigé lemonde à coup de canons esthétiques d'autant plus intransigeants qu'ils sedonnaient pour « fondés en nature », qu'il est un fictionnalistepragmatiste habile à faire rimer, avec le Marx de Baudrillard, valeur d'usageet valeur d'échange, toutes les figures du design ne se valent pas. Commentdistinguer le bon design du mauvais ? Selon quels critères peut-on dire qu'un paysage, une ville, unemaison, un objet, un être humain est mieux désigné qu'un autre ? Commentdifférencier le souci esthétique de soi jubilatoire du surhomme artiste deNietzsche de celui, mortifère, du Clay de Bret Easton Ellis ? Quelle est,en un mot, la philosophie du design ?

Ce numéro 24 deFigures de l'art retiendra les articles qui partent d'analyses précises detelle ou telle figure du design pour en extraire la philosophie

PROPOSITIOND'ARTICLE : un titre précisé par 1 page.Elle est accompagnée d'un curriculum vitae succinct indiquant le lieud'activité et les 3 dernières publications et adressée par courrierélectronique à Bernard Lafargue : bernard.lafargue9@gmail.comavant le 20 décembre 2011

L'article (15pages, 25000 signes environ) précédé d'un petit résumé de 5-6 lignes, seraadressé à Bernard Lafargue avant le 30 avril 2012. Il est alors soumis à troismembres du comité de lecture de Figures de l'art. Celui-ci vous ferapart de sa décision au plus vite.

Le texte définitif,accompagné d'un résumé (7 lignes maximum) en français, sera envoyé par courrierélectronique le 30 mai 2012 au plus tard à Bernard Lafargue bernard.lafargue9@gmail.com.

4 illustrationsmaximum de bonne résolution JPG légendées et numérotées dans un fichiercompressé à part. L'emplacement des illustrations sera indiquéen rouge dans le texte  de cette manière: ILL 1 + légende)

Vous préciserezalors l'adresse postale où vous voulez recevoir les épreuves à corriger.

Figures de l'art XXIVparaitra en janvier 2013

Responsables du numéro : Bernard Lafargue, Claire Azéma, StéphanieCardoso

Comité de lecture de Figures de l'art Antonio Ansón, Universidad de Zaragoza Daniel Arasse (†), EHESS, Paris Paul Ardenne, Université d'Amiens Jean Arrouye, Université de Provence Stephen Bann, University of Bristol Anthony J. Cascardi, University of California, Berkeley Alain Chareyre-Méjan, Université de Provence Jean-Pierre Cometti, Université de Provence Maurizio Ferraris, Università di Torino Filippo Fimiani, Università di Salerno Murielle Gagnebin, Université Paris 3 Jos de Mul, ErasmusUniversiteit Rotterdam Louise Poissant, Université du Québec à Montréal Richard Shusterman, Florida Atlantic University Carole Talon-Hugon, Université de Nice Isabelle Thomas-Fogiel, University of Ottawa Bernard Vouilloux, Université Paris 4 Sorbonne Direction  Bernard Lafargue, Université Bordeaux 3 Bertrand Rougé, Université de Pau