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"La peau créatrice. Le mythe de Marsyas, un paradigme pictural."

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Stéphane Dumas)

Thèse de Doctorat en Arts et Sciences de l'Art, Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Titre : "La peau créatrice. Le mythe de Marsyas, un paradigme pictural."
Sous la direction de Mme Éliane Chiron.
Jury : M. François Dagognet, Mme Françoise Frontisi-Ducroux, M. Marc Jimenez, M. Olivier Lussac, M. Jean-Luc Nancy.
Date : mardi 17 octobre 06 à 14 h.
Lieu : Institut National d'Histoire de l'Art, Salle Vasari, 2 rue Vivienne (galerie Colbert), 75002, Paris

Problématique :

Cette thèse aborde la problématique de la peau dans les arts plastiques contemporains. Elle a pour objectif de permettre un éclairage réciproque entre le mythe grec de Marsyas et la création contemporaine. Différentes disciplines s'y croisent - littérature, histoire de l'art, anthropologie, mythologie, psychanalyse et esthétique - sur le terrain de l'étude de la création plastique.

Argumentation :

Le retournement de la peau au cours du processus créateur a été évoqué et analysé par plus d'une théorie esthétique. Il transforme le plus grand organe corporel en "peau créatrice", matière de l'art et de nos représentations du monde. L'étude de ce processus interroge le rapport entre le virtuel et l'actuel, et, plus largement, entre la pensée et le corps.
La création n'est pas seulement une projection productrice de symboles, une mise à distance et une objectivation de notre rapport au réel par le moyen d'un écorchement de la peau du monde dans le dessein de sublimer notre univers. Cette conception renvoie à la lecture néoplatonicienne du mythe de Marsyas à la Renaissance, ainsi qu'à l'interprétation catholique du martyre de saint Barthélemy écorché vif.
Mais la création telle que nous l'envisageons est davantage une sécrétion, une excrétion, une "excription" (Jean-Luc Nancy, Corpus ) d'un corps dans l'écart créateur. La peau créatrice est à la fois la représentation produite et son processus de production. Elle est une concrétion, un suintement à travers une masse sécrétant des formes en constant devenir. Elle est une "expeausition" ( ibid. ), une respiration des viscères devenant un paysage lisible mais mouvant, remettant constamment en cause les codes de sa lisibilité.
Apollon est un dieu distanciateur "dont le trait porte au loin" (Homère, L'Iliade , I, 48). Marsyas, au contraire, est un musicien du souffle, du contact et de la contagion. Bien que cela paraisse impensable du fait de leurs natures hétérogènes et de leur antagonisme radical, tous deux fusionnent par la peau créatrice pour produire une constellation. Plus précisément, la tension entre les deux personnages génère une "dialectique à l'arrêt" (Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages ). Ce rapport alimente une topologie paradoxale, un battement entre le visage et la viande, une pratique de l'espace et du temps grâce à laquelle la profondeur fait surface à travers l'épaisseur.