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La nostalgie au théâtre (Paris)

La nostalgie au théâtre (Paris)

Publié le par Romain Bionda (Source : Laurette Burgholzer)

LA NOSTALGIE AU THÉÂTRE
Colloque international

Organisé par Laurette Burgholzer (Université de Berne) et Vincenzo Mazza (Université Paul Valéry - Montpellier 3)
Collège d’Espagne (CIUP) & Département des Arts du spectacle (BnF), Paris

10, 11 et 12 avril 2019


Le théâtre est nostalgie du présent.
Olivier Py (2013)

Apparentée au désir violent du marin expatrié de retourner dans sa patrie au temps de la Grèce antique, la nostalgie est aujourd’hui notion-Protée. Elle n’est pas seulement privation ou regret quasi-pathologique qui naît de l’impossibilité d’atteindre un lieu, temps ou état familier. Elle est également un sentiment d’impuissance de ceux qui aspirent à un idéal, qui recherchent avec force et passion une valeur ou une qualité.

Mal du pays, fantasme d’un âge d’or, goût du vintage, « maladie suisse » ou encore passéisme ... Loin d’être un contenu donné, la nostalgie constitue une pratique culturelle dont les formes et significations en évolution sont liées à un espace-temps triple : celui des acteur.trice.s des pratiques nostalgiques, celui de l’objet désiré, et celui des chercheur.se.s qui se penchent sur ces phénomènes.

Si la « passion des retours » (Nicola Savarese) semble suggérer un état précis, l’objet de la nostalgie peut apparaître sous maintes formes diverses : histoire personnelle ou collective, propre ou appropriée, idéalisée ou imaginée, ou encore authenticité, état originel et intact. Il s’agit bien d’une pratique à deux faces, caractérisée par l’« enracinement » et l’« errance » (Barbara Cassin). Quel que soit son objet de convoitise, la nostalgie présuppose un présent vécu comme expérience de manque, de migration ou d’exil. Étranger dans son cadre et lieu de vie, « [l]e nostalgique est en même temps ici et là-bas, ni ici ni là-bas, présent et absent, deux fois présent et deux fois absent » (Vladimir Jankélévitch).

La nostalgie représente une posture face au présent insatisfaisant et face à ce qui est absent. En même temps, elle suscite le jugement. Notamment face à un optimisme progressiste, la nostalgie peut être considérée bourgeoise, voire même réactionnaire. Pour appréhender les pratiques théâtrales et discursives de la nostalgie, il est nécessaire de distinguer ses deux figures : d’une part, la « disposition nostalgique », partant d’une implication sentimentale de perte et de manque, et d’autre part, le « dispositif discursif nostalgique » qui se manifeste sous forme de narrations stratégiques dont les objectifs peuvent inclure l’instrumentalisation politique, économique etc. (Olivia Angé).

Les arts peuvent être à la fois les produits transposés de ces deux figures de la nostalgie et de potentiels producteurs de sensations nostalgiques. Qui peut donner « tant de chair et de relief à ces fantômes du regret » (Albert Camus) ?

Le théâtre, cet art des sens, ce lieu de partage d’odeurs, de matières, de goûts, de lumières et d’ombres, de sons et de silences ne se borne pas à représenter. Il a parfois la capacité de rendre présent ce qui est éloigné et inaccessible, tout comme la célèbre madeleine de Proust. Dans les visions d’Antonin Artaud, le désir de ce qui est hors de portée dépasse les limites de la mémoire : « nous ressentons le besoin physique, violent, et comme la nostalgie organique d’un art et d’une parole magique, et comme le théâtre est le seul art à pouvoir constituer une synthèse unique de tous les moyens d’expression et de tous les langages, nous attendons du théâtre qu’il nous redonne le sens d’une nouvelle magie vitale, qui nous réconcilierait avec lui et peut-être avec la vie. »

Auparavant, des praticien.ne.s et connaisseur.se.s de théâtre du 19e siècle avaient cherché – en s’orientant vers Shakespeare, la Commedia dell’arte, la pantomime des Funambules, les marionnettes, le cirque – à trouver la formule des formes spectaculaires qui capteraient les sources vitales de l’inspiration et le génie de la communauté. C’est bien « l’une des grandes nostalgies primitivistes du romantisme » (Jean Sarobinski). En revanche, à partir de la deuxième moitié du 19e siècle et pendant plus d’un siècle, ce que l’on nomme communément Commedia dell’arte a été l’objet de nombreuses projections nostalgiques, libres de la contrainte que la « Commedia dell’arte en tant que fait historique n’existe pas. Depuis toujours c’est une abstraction, un peu de nostalgie, un peu d’utopie » (Roberto Cuppone).

Les âges d’or concernent la communauté entre acteurs et public, l’acteur-créateur et la dramaturgie. Pour ne citer qu’un exemple : les formes et sujets du Siglo de oro espagnol sont revisités par Victor Hugo, dans Hernani ou Ruy Blas. Quels sont les connaissances, les rapports et les intentions face à cette période spécifique de l’histoire du théâtre, qui eut également un écho considérable dans les recherches d’un art dramatique renouvelé à l’aube du 20e siècle ? Les objets de la pratique nostalgique sont de qualité hybride, entre le fait et le fantasme. Si les pratiques théâtrales disposent de différentes manières de remémorer, de présenter, d’analyser, de citer le passé et l’état absent, la disposition et le dispositif nostalgiques en représentent une manière spécifique.

La recherche sur la nostalgie est en plein essor. Pour ne citer que les quatre dernières années, plusieurs événements scientifiques ont porté sur la nostalgie dans le domaine des arts et sciences sociales. À Metz en juillet 2015 a eu lieu le colloque Nostalgie : entre le mal-être et le désir, organisé par l’Association européenne François Mauriac, présidée par Nina Nazarova ; en automne 2016, Histoire, Mémoire et Nostalgie : Représentations littéraires et culturelles, symposium organisé par le Département de philologie anglaise et l’Association lituanienne pour l’étude de l’anglais de l’université de Vilnius ; l’année suivante à Nancy, Estelle Zunino et Patrizia Gasperini ont organisé le colloque La nostalgie dans tous ses états ; en mai 2018, l’Université du Québec à Chicoutimi a mis en place le colloque Nostalgies, mémoires et cultures médiatiques : entre esthétique, marchandisation et politisation. Malgré la richesse et la variété des argumentaires et des requêtes des organisateurs, les quatre colloques mentionnés n’ont accordé au théâtre qu’une place marginale.

Le colloque international qui se tiendra du 10 au 12 avril 2019 à Paris visera à établir un nouveau champ de recherche en études théâtrales en définissant comme objet d’étude les manifestations et discours de la nostalgie au théâtre. Les chercheur.se.s sont invité.e.s à identifier et questionner des cas de pratiques nostalgiques dans l’histoire du théâtre et les arts du spectacle contemporains, à étudier dans quelle mesure la pratique théâtrale peut générer une contre-histoire ou des récits historiques alternatifs. Il est également prometteur d’analyser l’impact de l’exotisme et de l’historicisme sur ces phénomènes, et d’examiner des propositions théâtrales de souvenirs de demain, pour une époque post-humaniste. « [L]e paradis est verrouillé et le Chérubin est derrière nous ; il nous faut faire le voyage autour du monde et voir si le paradis n’est pas ouvert, peut-être, par derrière » (Heinrich von Kleist). Si le théâtre se caractérise par la présence ici et maintenant, quels sont ses rapports avec la nostalgie, cette « petite sœur de l’apocalypse » qui efface le présent ?

Tout en favorisant des travaux de recherche fondamentale basée sur des documents écrits, iconographiques etc. concernant le théâtre, le cirque, les arts de la marionnette, la danse, l’opéra, la performance, les propositions peuvent se focaliser sur un ou plusieurs des aspects suivants :

  • Mise en scène (décors, scénographie, lumière, costume, masque, musique, son, gestuelle, mimique, danse, voix etc.)
  • Pédagogie (théorie et pratique de la formation d’acteurs dans les différents domaines)
  • Structures et modalités de travail (compagnie, troupe ambulante, laboratoire, communauté etc.)
  • Dramaturgie (sujets, personnages, style, texte-matériau, structure dramatique etc.)
  • Discours pro- et anti-nostalgie au théâtre

Axes de recherche 
Un théâtre mythographe 
: production de récits historiques alternatifs ; la nostalgie au théâtre comme vecteur d’une idéalisation déformatrice du passé (David Lowenthal).

Un théâtre des identités collectives : (re)présentations de la « communauté de perte » (exil, diaspora, états anéantis, « Ostalgie » etc.) et le rôle crucial de la nostalgie pour « construire, entretenir et reconstruire nos identités » (Fred Davis) ainsi que leur mise en question. La nostalgie peut être « provoquée non par la passion empirique mais par l’irruption d’une parole et d’une promesse » (Jacques Derrida). Un théâtre d’objets mnémoniques : objets fétiches, reliques laïques qui ont été en contact avec le passé. À l’instar de la madeleine de Proust déjà évoquée, les objets peuvent intervenir comme des médiateurs dans les rapports que des individus – sur le plateau et dans le public – établissent avec leur passé. Un théâtre de l’âge d’or des acteurs : « rethéâtralisation » et recherches d’une maîtrise corporelle et d’un lâcher-prise, allant d’imitations de formes et citations jusqu’aux utopies de société et de création (communauté artistique, « nature », théâtre populaire etc.), de la quête de personnages archaïques ou archaïsés aux constitutions d’un cadre rituel et/ou spirituel pour la pratique théâtrale. Anti-nostalgie et critique du théâtre nostalgique : accusations de la posture passive (mémoire-refuge) qui serait en opposition avec un théâtre didactique, de dénonciation, de lutte (Olivier Neveux), ou qui serait lié à un opportunisme économique. « Je n’arrive pas à comprendre le retrait suivant derrière le quatrième mur, dans le théâtre des acariens […]. Si le théâtre pousse vers le 19e siècle (ou s’il y est poussé par une nostalgie rentable), alors la malédiction de ma naissance tardive me presse vers la cantine » (Heiner Müller). Institutionnalisation de la nostalgie : théâtres et compagnies professionnels et amateurs dédiés à des formes spectaculaires du passé ; un théâtre qui sert d’asile pour préserver des formes théâtrales en voie de disparition. Industrialisation de la nostalgie : Création et diffusion de spectacles sur la base d’un marché régional, national et mondial de la nostalgie collective.

Modalités de soumission
Les propositions de communication devront être adressées à nostalgie.theatre@gmail.com.
Format de la proposition : Argumentaire d’environ 250 mots en explicitant l’approche théorique et méthodologique, titre de la contribution, bibliographie et 5 mots-clés. Les propositions seront accompagnées d’une brève biobibliographie et des coordonnées électroniques de l’auteur.e. Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais.

Date limite d’envoi : 15 septembre 2018
Les réponses d’acceptation du comité d’organisation seront envoyées le 30 septembre 2018.
Langues du colloque : français et anglais.
La durée des communications ne devra pas dépasser les 30 minutes.
Frais d’inscription : Enseignant.e.s, chercheur.se.s, artistes : 50 euros ; étudiant.e.s, doctorant.e.s : 30 euros. Les versements seront à effectuer sur place.
Les frais de déplacement et d’hébergement ne seront pas pris en charge.
Informations complémentaires : www.etudes-sur-le-theatre.fr

Comité scientifique 
Christian BIET (Université Paris Nanterre) ; Laurette BURGHOLZER (Université de Berne) ; Guy FREIXE (Université Franche-Comté) ; Beate HOCHHOLDINGER-REITERER (Université de Berne) ; Stefan HULFELD (Université de Vienne) ; Joël HUTHWOHL (BnF) ; Vincenzo MAZZA (Université Paul Valéry – Montpellier 3) ; Gilles PHILIPPE (Université de Lausanne) ; Pierre-Louis REY (Université Sorbonne Nouvelle) ; David WALKER (University of Sheffield).

Responsables du colloque
Laurette BURGHOLZER (Université de Berne) ; Vincenzo MAZZA (Université Paul Valéry – Montpellier 3)

Bibliographie indicative
Agacinski Sylviane, Le Passeur de temps. Modernité et nostalgie, Paris, Seuil 2000.  

Banu Georges, Mémoires du théâtre, Paris, Actes Sud, 1987.

Cassin Barbara, La Nostalgie : Quand donc est-on chez soi ? Paris, Fayard, 2013.

Jankélévitch Vladimir, L'Irréversible et la Nostalgie, Paris, Flammarion, 1983.

Keller Jean-Pierre, La nostalgie des avant-gardes, Genève, Éditions Zoé, 1991.

Savarese Nicola, « Nostalgie ou la passion des retours », dans Barba Eugenio, Savarese Nicola (éd.), L’Énergie qui danse. Dictionnaire d’anthropologie théâtrale. 2e édition, revue et augmentée, traduite de l’italien par Eliane Deschamp-Pria, Montpellier, L’Entretemps, 2008, pp. 155-160.

Starobinski Jean, « Le concept de nostalgie », dans Diogène, n° 54, 1966, pp. 92-115.

Le colloque La nostalgie au théâtre est soutenu par :
Bibliothèque nationale de France
Collège d’Espagne
E.S.T – Études sur le théâtre

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Call for papers

 

NOSTALGIA IN THE THEATRE

International Colloquium

Collège d’Espagne (CIUP) & Département des Arts du spectacle (BnF), Paris

April 10-12, 2019

 

Theatre is nostalgia for the present.

Olivier Py

 

Closely related to the expatriated seafarer’s violent desire for his fatherland, today nostalgia appears to be a protean concept. Nostalgia is not simply deprivation or a quasi-pathological regret born of the impossibility to reach a familiar place, time, or state. It is also the impotence felt by those who aspire to an ideal, by those who seek—forcefully and passionately—a certain value or quality. 

Homesickness, fantasy of a Golden Age, vintage fad, “morbus helveticus”, or simply outdatedness, nostalgia does not have a set definition. Rather, it constitutes a cultural praxis whose forms and meanings evolve continuously between three spatio-temporal poles: the space-time of actors mobilizing nostalgia as a practice, the space-time of the desired object, and the space-time of researchers who study these phenomena.

If Nicola Savarese’s “passion for a return” seems to evoke a specific state, the object of this nostalgia can take a multiplicity of forms: (hi)stories that are personal or collective, one’s own or appropriated, idealized or imagined; authenticity, primal states, integrity. Indeed, as Barbara Cassin notes, the practice of nostalgia is characterized on the one hand as “rootedness” and on the other as “wandering”. Whatever the object of this desire, nostalgia is predicated upon a present experienced as loss, migration, or exile. Alien in his own environment and home, Vladimir Jankélévitch reminds us that “the nostalgic person is at the same time here and there and neither here nor there, present and absent doubly present and doubly absent.” 

Nostalgia represents a posture responding to an unsatisfactory present and to what is absent. At the same time, it demands judgment. Moreover, nostalgia can be considered “bourgeois” or even reactionary with respect to forward-looking optimism. In order to better understand the practices that stem from nostalgia, Olivia Angé distinguishes between its two faces: the “nostalgic disposition” linked to sentimental loss and lack, on the one hand and on the other the “nostalgic discourse” that manifests itself in the form of strategic narratives linked to political, economic and other instrumentalizations.

The arts can be the transposed products created by these two figures that are simultaneously nostalgia and the triggers for nostalgic sensations that Albert Camus suggested gave “such flesh and contours to the ghosts of regret”.

The theatre, this art of the senses, this shared space of smells, physical matter, taste, light, shadow, sounds, and silence is not limited to representation. Theatre, like Proust’s famous madeleine, has the capacity to render present that which is absent, that which is distant and inaccessible. In Antonin Artaud’s visions, for instance, the desire for that which is out of reach goes beyond the limits of memory. “We feel violent physical need like that of organic nostalgia for magic art and for the magic word and since the theatre is the only art capable of constituting a unified synthesis of all the means of expression and all languages, we expect that theatre will give us back the sensation of a new vital magic that will reconcile us with it and perhaps with life.”

In the 19th century, theatre professionals and critics sought to orient themselves using Shakespeare, commedia dell’arte, pantomime, puppets, circus acts in their quest for a magic formula for theatrical forms that would capture the fantasized vital sources of communal inspiration and genius. Jean Starobinski identified this as “one of the biggest primitivistic nostalgias of Romanticism”. Alternatively, from the mid 19th- mid 20th centuries, what is commonly thought of as commedia dell’arte—which as Roberto Cuppone reminds us was “liberated from the constraints of “historical fact” and has always been an abstraction, partly nostalgia, partly utopia”—became focus of a numerous nostalgic projections.

The Golden Age focused on the community linking actors and the public, the actor-artist and theatre. If we consider for example, the forms and themes from the Spanish Golden Age that Hugo revisited in Hernani and Ruy Blas, what knowledge, relationships, and intentions are connected to this specific period in theatrical history? We note that echoes of this moment continue to resonate in the theatrical experiments at the beginning of the 20th century. The objects of this nostalgic practice are characterized by their hybrid nature between fact and fantasy. Theatre and theatrical techniques have the specificity of providing a range of different means for remembering, commemorating, presenting, analysing, and quoting the past and the state of absence, the nostalgic disposition and nostalgia itself.

Research on nostalgia is expanding. Examination reveals that in the past four year several academic meetings have examined the question of nostalgia in the arts and the social sciences. In July 2015, the Association européenne François Mauriac directed by Nina Nazarova organized a colloquium entitled Nostalgie : entre le mal-être et le désir in Metz. In Fall 2016, the Department of English Philology and the Lithuanian Association for the Study of English at University of Vilnius organized  the conference Histoire, Mémoire et Nostalgie : Représentations littéraires et culturelles, in 2017, Estelle Zunino and Patrizia Gasperini organized the colloquium La nostalgie dans tous ses états and in May 2018,  the Université du Québec à Chicoutimi held the colloquium Nostalgies, mémoires et cultures médiatiques : entre esthétique, marchandisation et politisation. Despite the richness and variety of the problematics and the broad calls for contributions made by the organizers, the theatre occupied only a marginal place in these four academic meetings.

The international colloquium planned for April 10-12, 2019 aims to open a new field of research in theatre studies by focusing attention on the study of the mobilization and the rhetoric of nostalgia in the theatre. Researchers are encouraged to identify and problematize how nostalgia as a practice has been used in the theatre in the past and how it is used in contemporary performing arts today in order to better understand how theatrical practices can generate a counter-history or alternative historical narratives. Equally promising would be analysis of the impact of exoticism and historicism on these phenomena and the study of theatrical experimentation with the memories of the future for a post-humanistic era. “But Paradise is locked and bolted, and the cherubim stands behind us. We must make a journey around the world to see if a back door has perhaps been left open.” (Heinrich von Kleist) If the theatre is characterized by presence in the here and now, how is it related to nostalgia, this “baby sister of the Apocalypse” that erases the present?

 

Particular attention will be given to new research based on primary source material (written documents, iconography, etc.) on the theatre, the circus, dance, opera, marionettes, and performance art. Proposals should focus on one or more of the following issues:

  • Staging (set design, lighting, costumes, masks, music, sound, gesture, pantomime, dance, voice, etc.)
  • Pedagogy (theory and practice of training for performers in the different areas mentioned)
  • Labour organization and structures (troupes, traveling companies, laboratories, communities, collectives, etc.)
  • Dramaturgy (subject, themes, characters, style, material text, dramatic structure, etc.)
  • Pro- and anti-nostalgia rhetoric in the theatre

 

Research Angles:

A mythographic theatre: production of alternative historical narratives; nostalgia in the theatre as a vector of an idealistic deformation of the past (David Lowenthal). A theatre of collective identities: (re)presentations of the “community of loss” (exile, diaspora, states of ruin, “eastalgia” etc.) and the crucial role of nostalgia in the “construction, maintenance, and reconstruction of our identities” (Fred Davis) as well as the challenges to this. Nostalgia can be “triggered not by empirical passion but rather by the eruption of a word and of a promise” (Jacques Derrida). A theatre of mnemonic objects: fetishes, secular relics that were in contact with the past. Like Proust’s madeleine mentioned earlier, objects can play a role as intermediaries in the relation that individuals establish with their past. A golden age for performers: “retheatricalization” et quest for corporeal mastery as well as abandon, ranging from formal imitation and citation to social and creative utopia (artistic community, “nature”, popular theatre, etc.), return to archaic or archaicizing characters in the founding of a ritual or spiritual foundation for theatrical praxis. Anti-nostalgia and criticism of nostalgic theatre: accusations regarding passive posture (memory refuge) in opposition with didactic theatre of denunciation, struggle (Olivier Neveux), or which is linked to economic opportunism. “I cannot understand the withdrawal that follows behind the fourth wall, in the acarian theatre […]. If the theatre pushes towards the 19th century (or was pushed there by a lucrative nostalgia), whereas the curse of my late birth pushes me towards the canteen.” (Heiner Müller) Institutionalization of nostalgia: theatres, professional companies, and amateurs dedicated to spectacular forms of the past; a theatre that serves as a refuge to protect theatrical forms that are in danger of extinction. Industrialization of nostalgia: Creation and diffusion of spectacles on the basis of regional, national, and global markets for collective nostalgia.

 

Deadline for proposals: September 15, 2018

Proposals should be submitted to nostalgie.theatre@gmail.com.

Proposal format: Abstracts should be approximately 250 words long and include the theoretical and methodological approach, the title of the paper, a bibliography and five key words. Proposals should be accompanied by a short bio-bibliography and the contact information including email address for the author. Proposals in French and in English are welcome.

Acceptance of proposals will be sent out by the organizing committee on September 30, 2018.

Colloquium languages: English and French.

Contributions are strictly limited to 30 minutes.

Registration costs: Faculty, researchers, and artists: 50 euros; Students, doctoral candidates: 30 euros. Registration payment is due at the conference.

The organizing committee regrets that it is not be able to cover any of the costs for travel or lodging. These costs are entirely the responsibility of each participant.

 

Further informations: www.etudes-sur-le-theatre.fr

 

Scientific committee

Christian Biet (University Paris Nanterre); Laurette Burgholzer (Université de Berne); Guy Freixe (University Franche-Comté); Beate Hochholdinger-Reiterer (University of Berne); Stefan Hulfeld (University of Vienna); Joël Huthwohl (National Library of France); Vincenzo Mazza (University Paul Valéry – Montpellier 3); Gilles Philippe (University of Lausanne); Pierre-Louis Rey (University Sorbonne Nouvelle); David Walker (University of Sheffield).

 

The colloquium is organized by

Laurette Burgholzer (University of Bern); Vincenzo Mazza (University Paul Valéry – Montpellier 3)

 

With the support of 

Bibliothèque nationale de France

Collège d’Espagne

E.S.T – Études sur le théâtre