Actualité
Appels à contributions
La métaphore: Alibi de l'excès

La métaphore: Alibi de l'excès

Publié le par Université de Lausanne (Source : Institut Catholique de Toulouse)

La métaphore : alibi de l'excès

Institut catholique de Toulouse, Faculté Libre de Lettres et de Sciences Humaines (FLLSH)
UR CERES
Projet : Ouvrage collectif placé sous la direction des enseignants chercheurs : Hendrycks E, Seguin MC, Lapoutge S, Likhacheva L, pour les Presses universitaires de l’ICT , Artège éditeur
www.ict-toulouse.fr/fr/revue-de-presse.html

Date limite pour l'envoi des propositions: 31 octobre 2016


Argumentaire
Insoumise aux multiples consensus, la métaphore est un des tropes  préeminents du langage  figuré, elle s'étend aux dimensions sémiotique, syntaxique, sémantique et stylistique et sa portée pose aujourd'hui le question de sa représentation non plus seulement en tant que support d'une argumentativité mais bien comme  une forme en soi d'argument . A travers des discussions croisant les disciplines qui sont les nôtres, on propose de  rappeler l'usage de plusieurs notions en  faisant un rapide rappel des actualités qui ont conduit aux définitions de sémiotique et de sémantique de la métaphore, par exemple, qui ont permis une nouvelle compréhension à partir de cette séparation intervenue dans les théories modernes de la critique anglaise. De fait le contraste entre l'écart, désignant le transfert d'un nom usuel à un nom d'emprûnt, comme si on eût voulu remédier à une lacune lexicale,  et désignée par Jean Cohen comme théorie de la substitution ou procédé métonymique, et la théorie d'interaction des  analyses anglaises, met en lumière l'invention d'un espace commun entre sujet et prédicat. L'écart ou déviance par conséquent ne repose plus sur une nomination nouvelle mais sur la structure prédicative entière. Aussi, cette "figure envahissante" dont les courants sont variés, du rationnalisme d'Aristote au déconstructionnisme de Jacques Derrida, évolue comme une forme de conscience philosophique et sociale. Et elle s'installe dans des systèmes de signes non-verbaux aussi fortement qu'elle réside dans le langage articulé. Lorsqu'elle a valeur iconique elle n'est entendue qu'en tant que segment linguistique et non comme ayant nature sémiologique. Si les enjeux d'analyse critique soulèvent la conscience de cette limitation, ils n'en dégagent pas pour l'instant de nouvelles mutations. On s'interroge alors au-delà des propositions de l'interaction de cette métaphore en termes de  transfert de substitution ou bien de juxtaposition.

Nombreux sont ceux qui ont défini la métaphore et décrit ses mécanismes de manière si précise et si complexe qu’ils semblent tout simplement en avoir soustrait la substance primaire, ce qu’elle est a priori, à savoir une manière de dire monde tout au plus, en jouant et se jouant du sens ordinaire des mots pour inventer de nouveaux rapports entre une forme langagière et des environnements, ce que le poète exprime, voire explore vraisemblablement avec une grande acuité. Du point de vue linguistique, elle est globalement décrite, et à juste titre, comme un procédé consistant à rapprocher deux univers plus ou moins éloignés en vue de créer une certaine analogie se fondant sur des sèmes plus ou moins communs aux unités lexicales qu’elle organise en réseaux ; elle permet donc un glissement de sens et offre, aux niveaux sémantique, sémiotique et cognitif, des images qui participent de l’expression d’une surréalité. Elle est, comme le dit Roman Jakobson en d’autres termes, propre au fonctionnement du discours et en ce sens elle aide parfois à la compréhension de ce qui est donné, de ce qui est perçu d’emblée mais qui ne peut s’expliquer immédiatement. Aussi, présente dans toutes les formes langagières, nous proposons à nos contributeurs qu’en soient appréciés les usages et les formes (signes iconiques, esthétiques, plastiques) dans le domaine des arts graphiques (peinture, dessin, graffiti, tag, photographie, entre autres) ; que soient décrits et évalués les procédés de transfert qu’elle met en œuvre dans la création artistique (transfert du réel vers le surréel, environnements d’influence), sachant que les modalités de représentation ne s’organisent pas de manière linéaire ; que soient identifiés les effets quelle convoque dans le processus de création/réception des œuvres et au sein de l’espace de sociabilité
Une autre ouverture se réfère à la relation du langage et de l'esprit, à cette notion d'un langage qui engage la figure, et qui met en jeu l'imagination. On pourrait débattre sur cette thématique de métaphore comme un  "langage –ment (al)", concept issu d'actuelles réflexions  en sémiotique et linguistique à partir du rapport de la pensée et du langage  mais aussi dans des acceptions plus traditionnelles mettant en scène la forme de pensée scientifique. La 
métaphore étant un procédé intellectuel capable d'appréhender des concepts à la limite de nos capacités d'entendement. On pense au sens où Ortega et Gasset identifiait le concept de métaphore, à partir de disciplines des sciences humaines, la philosophie et la poésie, "deux grandes métaphores" désignées par lui,  ad hoc "pour corriger tout excès métaphysique". La théorie de l'imagination  tente par conséquent aussi de répondre à cette interrogation du sens, créé par ce déplacement, ce transfert, produit par ce lointain qui est proche, par cette ressemblance dans l'hétérogène. En vérité le propos est de concevoir de nouvelles logiques comme par exemple comprendre le ressort qui fait que la nouvelle congruence nous paraisse acceptable malgré son étrangeté. C'est la question induite dans La métaphore vive de Paul Ricoeur qui tient à  souligner le phénomène de tension existant et l'importance de sa perennité car "La métaphore reste vive aussi longtemps que l'on continue de percevoir l'incompatibilité antérieure à travers la nouvelle compatibilité." , en accord avec Hans Georg Gadamer, car la métaphore est figure, parce qu'on est capable de saisir le procédé du concept métaphorique, de saisir le mouvement qui fait émerger la différence. A partir de cette réflexion on peut emprunter deux voies de discussions l'une sur un aspect "rhétorique" avec la distinction que fait Charles Pierce à partir de la figuration de la métaphore comme iconique et non comme signe et l'autre sur un aspect plus "théorique" d'un sens figuré et schématisé de la métaphore, comme chez Bachelard. Une représentation qui fait entendre le "retentissement" par lequel le schème se prolonge parce que "l'imagination se répand en toutes directions, réanime des expériences antérieures ...". La question suspensive de la métaphore ou fonction nommée "époché" pour définir le moment de négativité dans le procés métaphorique,  pourrait nous amener à discuter du temps de distanciation par rapport au réel (jeu de la distance critique) lorsque l'image (la figure métaphorique) n'est pas seule reproduction d'une chose absente mais au contraire la production d'un irréel.

Aux propositions antérieures on voudrait rajouter celle du rapport entre métaphore et vérité, qu'on pourrait aborder par la question de la traduction en tant que "paradigme d'hospitalité étrangère". Le mot "traduction" et le verbe "traduire" partagent le sens de mouvement et de transport et ils comportent  : "de vérité, en concevant celle-ci comme ce que de vrai chaque langue et culture veut emporter chez l'autre". Lorsqu'on traduit, une modification affecte aussi bien la langue que la culture d'arrivée mais il y a aussi la création d'un renouvellement culturel car "la traduction  réoriente les échanges entre différentes cultures" et aussi change "la façon dont elles cohabitent". Passer d'une langue à l'autre est "un geste où se traduit une vérité des textes et des cultures dont la dimension interprétativc  n'est pas accidentelle "et, de plus, fort relative, si on suit la théorie hermeunétique comme quoi l'interprétation est la seule connaissance de la vérité (parce que la vérité ne se donne qu'à celui qui l'interprète) :  "...; ce qui signifie que la vérité est accessible et saisissable de plusieurs façons et qu'aucune de ces façons, à condition d'être digne du nom d'interprétation, ne jouit d'un privilège vis-à-vis des autres, aucune ne prétend posséder la vérité d'une façon exclusive." . On pourrait questionner encore le sens qui relie la métaphore et la vérité mais une vérité en tension car portée vers "dire" sa culture à l'autre, lorsqu'on passe par un  processus de traduction mais aussi d'interprétation.

 


Nous proposons quatre perspectives d'analyse :


1. Linguistique : Mme Likhacheva : lidia.likhacheva@ict-toulouse.fr

sur les composantes suivantes: sémantique (sémantique discursive et sémantique cognitive, par exemple), lexicologie et  stylistique.
- Métaphore et compréhension
- Métaphore, communication et pensée
- Métaphore et création lexicale (connaissances nouvelles, pulsion  ludique)
- Métaphores culturelles (au sens de Lakoff)
- Notions de l'écart, transfert d'un nom usuel à un nom d'emprûnt,  théorie de la substitution, procédé métonymique de Jean Cohen; invention d'un espace commun entre sujet et prédicat.
- Ecart ou déviance sur la structure prédicative entière et congruence comme nouvelle production de sens.

John A. Lucy , Language Diversity and Thought: A Reformulation of the Linguistic Relativity, Cambridge University Press, 2 juil. 1992

Patrick BacryLes figures de style et autres procédés stylistiques, Paris, Belin, coll. « Sujets »,‎ 1992

Michel Le Guern, Sémantique de la métaphore et de la métonymie, Paris, Larousse,‎ 1972

George Lakoff et Mark Johnson (trad. Michel de Fornel), Les métaphores dans la vie quotidienne  [« Metaphors We Live By »], Paris, Éditions de Minuit, coll. « Propositions »,‎ 1986 (1re éd. 1980)

 

2. Dans les arts graphiques : M Lapoutge : stéphane.lapoutge@ict-toulouse.fr

- Usages et formes (signes iconiques, esthétiques, plastiques) dans le domaine des arts graphiques (peinture, dessin, graffiti, tag, photographie, entre autres)

-descrption et évaluation des procédés de transfert qu’elle met en œuvre dans la création artistique (transfert du réel vers le surréel, environnements d’influence), sachant que les modalités de représentation ne s’organisent pas de manière linéaire ;

- Identifier les effets quelle convoque dans le processus de création/réception des œuvres et au sein de l’espace de sociabilité…

 

Bibliographie exhaustive

Bakhtine, Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman, Editions Gallimard, Paris 1978, pour la traduction française.
Danto, Arthur, La transfiguration du banal, Editions du Seuil, Paris 1989, pour la traduction française.
Eco, Umberto, Histoire de la beauté, Editions Flammarion, Paris 2010, pour la traduction française.
Eco, Umberto, Histoire de la laideur, Editions Flammarion, Paris 2011, pour la traduction française.
Grassi, Ernesto, La métaphore inouïe, Quai Voltaire, Paris 1991, pour la traduction française.
Jauss, Hans-Robert, Pour une esthétique de la réception, Editions Gallimard, Paris 1978, pour la traduction française.
Schultz, Patricia, Description critique du concept traditionnel de « métaphore », Editions Peter Lang, Berne 2004.

 


3. Relation langage et imaginaire qui engage la figure : M Hendrycks : eric.hendrycks@ict-toulouse.fr

- Métaphore comme un  "langage –ment (al)" (Marcel Danesi), en tant que  procédé intellectuel capable d'appréhender des concepts à la limite de  nos capacités d'entendement.
- Interrogation du sens, créé par le déplacement, produit par un lointain qui est proche, par la ressemblance dans l'hétérogène. Une congruence acceptable malgré l'étrangeté et phénomène de tension existant et importance de sa perennité, (Paul Ricoeur, Hans Georg Gadamer).
- Question suspensive de la métaphore ou "épôché", moment de  négativité dans le procés métaphorique, discussion sur temps de distanciation par rapport au réel (jeu de la critique) .
- Figure métaphorique non seulement reproduction d'une chose absente mais aussi production d'un irréel.

Bibliographie

ANGENOT M.  La Parole pamphlétaire, Paris, Payot, 1982.
BONHOMME M., Pragmatique des figures du discours, Paris, Champion, 2014.
CHARBONNEL N. Les Aventures de la métaphore, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1991.
PERELMAN C. & OLBRECHTS -TYTECA L., Traité de l’argumentation, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1988.
BOTET S. Petit traité de la métaphore. Un panorama des théories modernes de la métaphore, Strasbourg : Presses Universitaires de Strasbourg, 2008


4. Métaphore et vérité dans la traduction : Mme Seguin : mc.seguin40@wanadoo.fr et mariechristine.seguin@ict-toulouse.fr

- Traduire d'une langue à une autre = "paradigme d'hospitalité étrangère" (François Ost)
- Création d'un renouvellement culturel
- Orientation des échanges entre différentes cultures et façon dont elles cohabitent
- Hermeunétique où l'interprétation est la seule connaissance de la vérité-traduction ou  "épreuve de l'étranger et apprentissage du propre" (Paul Bandia ).
- Geste métaphorique "d'effaçonner" (néologisme du poète et traducteur  conférence de Jean Portante ref., Colloque Poesia o Poesia, Casa Velázquez, Madrid, 2014)

Bibliographie :

Bandia, Paul, Translation as Reparation: Writing and Translation in Postcolonial Africa Manchester, R. U. : St. Jerome Publishing, 2008, et a coédité Charting the Future of Translation History: Discourses and Methodology (Georges L. Bastin et Paul F. Bandia, Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, 2006, et Agents of Translation (John Milton et Paul Bandia, Amsterdam : Presses John Benjamins, 2009.
Berman, Antoine : L’épreuve de l’étranger. Paris, Gallimard, 1984.
Berman, Antoine : L’Âge de la traduction. Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes,2008.
Guidère, Mathieu : Introduction à la traductologie: Penser la traduction : hier, aujourd'hui, demain. Bruxelles, Ed De Boeck Supérieur, 2010.
Ladmiral, Jean-René : Traduire : Théorèmes pour la traduction. Paris, Gallimard, 1994.
Launay, Marc de : Qu’est-ce que traduire ? Paris, Ed. Vrin. 2006
Launay, Marc de : « Éthique et traduction », in : Berner, Christian et Tatiana Milliaressi, dir. : La traduction : philosophie et tradition : interpréter/traduire. Villeneuve d’Ascq (Presses universitaires du Septentrion), p. 179-194, 2011.
Nouss, Alexis : « Éloge de la trahison », TTR : traduction, terminologie, rédaction, vol. 14.2, p. 167-179,2001
Peraldi, François : « « Théoriser, c’est pas terroriser ou l’erreur en traduction »,  revue Meta : journal des traducteurs, N° 35.1, p. 133-137 , 1990.
Ricœur, Paul : « Herméneutique et monde du texte », in : Écrits et conférences 2 : Herméneutique, Paris, Ed Seuil, p. 35-46, 2010.


Les textes seront remis avant le 31 octobre 2016

Les adresser aux enseignants chercheurs à leur adresse électronique :Une réponse sera donnée au plus tard le 10 novembre 2016


Modalisation : 28 000 à 30 000 caractères ( notes et espaces inclus) (8 à 10 pages)
caractères Times New Roman 11, notes 9
Une bibliographie en fin d’article et une notice biographique obligatoire