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La méditerranée sur la route des Indes (littérature ancienne et contemporaine)

La méditerranée sur la route des Indes (littérature ancienne et contemporaine)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : M.G.Besse)

Communiqué:

Nous avons le plaisir de vous annoncer que le XIIIe Colloque international d'Histoire Indo-portugaise aura lieu du 23 au 27 mars 2010 à Aix-en-Provence.
Créés il y a plus de 30 ans pour amorcer la collaboration scientifique entre historiens indiens et occidentaux, ces Séminaires ont permis de fructueuses collaborations et des publications qui ont considérablement enrichi notre connaissance sur l'océan Indien, et de sur ses relations avec l'Occident entre les XVIe et les XVIIIe siècles.
Au fil des rencontres, alternativement organisées dans l'Atlantique (Portugal, Brésil) et en Asie (Inde, Chine), l'Histoire indo-portugaise a progressivement étendu son champ spatial à l'océan Indien, à la mer Rouge, au golfe Persique, puis aux mers de l'Asie du sud-est. Les contacts et conflits politiques, sociaux et religieux ont permis l'élargissement de la réflexion aux puissances de l'Asie et à celles de l'Europe agissant en Asie.
Le comité organisateur de ce XIIIe colloque international se compose de représentants d'équipes et laboratoires de recherche français, en partenariat avec la direction générale des archives de France.
Il propose une réflexion sur le lien qui unit depuis l'Antiquité la Méditerranée à l'océan Indien. Après une mise au point sur l'état actuel de la recherche, nous orienterons les débats sur les nouvelles perspectives que peut offrir une approche pluridisciplinaire encore relativement peu présente dans les précédents séminaires: archéologie, anthropologie, littérature ancienne et contemporaine, histoire orale, iconologie... L'Histoire commune de ces deux grands espaces culturels et maritimes s'accompagnera d'une réflexion comparative sur les conditions actuelles de l'historiographie et en particulier l'accès aux sources d'information.

Quatre axes de réflexion sont ainsi proposés aux communicants :

1 – Perméabilité des savoirs techniques et culturels
Les savoirs techniques et scientifiques ont déjà été abordés lors du IXe Séminaire international, qui s'est déroulé à New Delhi en 1998. Ces travaux trouveront ici leur continuation en ce qui concerne l'apport méditerranéen et la vision pluridisciplinaire des transferts. Savoirs navals, géographiques, cartographiques, agricoles et botaniques sans oublier l'important domaine du textile... D'une mer à l'autre, de la Méditerranée au terres de l'Afrique orientale ou de l'Inde, les savoirs circulent, se diffusent, se transforment : on citera, entre autres, les pratiques marchandes, religieuses, artistiques et même littéraires… Dans la continuité des précédents Séminaires de Bahia (2000) et de Lisbonne (2006), on intègrera la dimension comparative entre les axes de circulation atlantique et méditerranéens, en accentuant plus particulièrement les savoirs féminins, parfois étudiés, mais jamais abordés dans cette perspective.

2 -  Echanges, réseaux, connexions
De la fin de l'époque médiévale à la période des colonisations européennes parallèlement à l'Atlantique (et en concurrence avec lui), un intense réseau d'échanges se développe, incluant la circulation des hommes, des marchandises, et de l'information. Le lien terrestre et maritime devient alors un enjeu stratégique qui aboutira, para exemple, à la campagne d'Egypte de Bonaparte et plus tard à l'ouverture du canal de Suez. Le commerce et la consommation en sont certainement la partie la plus visible aujourd'hui grâce aux travaux récents des historiens et archéologues. Mais la constitution de véritables « couloirs de circulation » pour le courrier politique, religieux, voire de l'espionnage, de la piraterie, ainsi que pour les espèces monétaires, mérite que l'on revisite ces problématiques, qui permettraient de mieux cerner les voies d'accès à l'Afrique Orientale et aux Indes.
 Déjà bien étudié, mais peu dans les pratiques du quotidien, le voyage d'une mer à l'autre par la voie du Moyen-orient requiert lui aussi une meilleure connaissance des étapes : réseaux d'accueil et de ravitaillement alimentaire, modes de déplacement, pour ne citer que le plus évident. En cela, l'association des savoirs des spécialistes des deux mers (historiens, littéraires, archéologues, iconologues…) peut apporter des réponses inédites.  

3 -  Mémoire et imaginaire
La construction d'imaginaires réciproques et la réflexion sur le post colonialisme sont depuis plusieurs décennies au coeur des études françaises sur le lien Orient (méditerranéen) – Occident.  Le rapport à l'Inde est quant à lui surtout le fait de la recherche anglo-saxonne. Profitant de ces expériences, nous proposons un axe de réflexion exclusivement orienté sur Goa.
Pour les Occidentaux, et en particulier les Portugais, Goa représente un ailleurs géographique et poétique, cristallisant l'opposition entre le « centre » et la « périphérie ». Si sa présence est bien documentée dans les récits de voyage depuis le XVIe siècle, force est de constater que dans la littérature lusophone contemporaine la mémoire de Goa se fait plutôt rare, phénomène qui n'est certainement pas étranger au déclin de la langue portugaise depuis 1961. Cet atelier propose d'analyser l'importance de Goa dans l'imaginaire « méditerranéen » (écrits en langues romanes principalement) et anglo-saxon. Ceci à travers un double parcours qui va de l'analyse des récits viatiques anciens jusqu'à la production la plus récente, à partir de quelques questions fondamentales : Quelle est l'image de Goa véhiculée par les récits de voyage ? Que reste-t-il de la mémoire de Goa chez les écrivains contemporains? Comment les artistes repensent-ils les dispositifs du savoir post colonial ? De quelle façon est posée, dans leurs oeuvres, la question controversée de la mémoire et du legs de la colonisation ? Par quel biais reconsidèrent-ils les métissages, les hybridations et les fondements de ce que G. Spivak définit comme la « violence épistémique » du colonialisme ?
Voilà quelques questions qui seront au centre de cet atelier où la présence de Goa dans les oeuvres contemporaines sera analysée à partir des tensions complexes entre la mémoire du Même et la découverte de l'Autre.

4 – Mémoire et patrimoine
Comme en Méditerranée, la période post coloniale suscite dans l'océan Indien une délicate réflexion sur le traitement de la mémoire de ce passé, qu'elle soit écrite, orale, architecturale, ou encore iconographique...
Comment dédramatiser un débat qui peine à sortir de la sphère du politique, lequel remplace souvent les réponses par l'attente ? En Inde, la rapide détérioration matérielle de ces sources d'information pénalise déjà le travail des chercheurs et elle rendra dans le futur, improbable la construction d'une réflexion sur l'Histoire régionale et globale. Car les archives indiennes, pour ne citer que l'exemple de la mémoire écrite, ne couvrent pas exclusivement la sphère du régional. L'intense activité maritime et culturelle de l'Inde au cours des siècles fait d'elles aussi la mémoire de l'Afrique orientale, de la mer Rouge, du Golfe Persique et au-delà, du Brésil, de l'Europe et la Méditerranée.
Le colloque « Eclats d'Empire » organisé à Aix-en-Provence en 2000, avait réuni historiens et archivistes autour d'un débat sur le patrimoine archivistique d'Ancien Régime concernant l'outre-mer, en examinant les réponses concrètes  et les projets construits par la France et par diverses nations ou territoires lusophones comme le Brésil, Macao et le Portugal.
Placé sous la responsabilité scientifique de la direction générale des Archives de France, cet atelier sera lui aussi intégralement consacré à Goa. Il sera organisé sous forme de dialogue entre les acteurs de la préservation et de l'étude du patrimoine goanais (universitaires, archivistes, bibliothécaires, muséologues…) et les responsables des patrimoines méditerranéen et atlantique. Le débat s'engagera à partir de divers états des lieux (et projets). Outre la circulation de l'information, l'objectif de cet atelier sera aussi d'examiner la viabilité d'une éventuelle coopération constructive entre institutions, chercheurs, conservateurs et techniciens autour du patrimoine goanais.

Nous lançons un appel à candidatures, en demandant aux intéressés de nous faire parvenir, si possible pour le 20 juillet un synopsis d'environ 300 mots en langue française, portugaise ou anglaise à l'adresse suivante : ernestine.carreira@univ-provence.fr