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La marionnette surexposée, quelle réalité fantôme pour dire les guerres ? Du musée à la scène, et réciproquement.

La marionnette surexposée, quelle réalité fantôme pour dire les guerres ? Du musée à la scène, et réciproquement.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Françoise Heulot-Petit)

La marionnette surexposée, quelle réalité fantôme pour dire les guerres ?

Du musée à la scène, et réciproquement…

 

Journée d’études à l’Université d’Artois à Arras, le jeudi 24 février 2016 

organisée par Françoise Heulot-Petit et Isabelle Roussel-Gillet

(Laboratoire Textes et Cultures EA 4028 – équipe Praxis et esthétique des arts - Université d’Artois)

La marionnette est porteuse d’une dimension théâtrale au présent, lorsqu’elle est sur scène, mais elle garde aussi la trace du spectacle quand celui-ci n’est plus qu’un souvenir dans la mémoire du spectateur. Si une marionnette à tringle est exposée, suspendue par la tête, muséifiée, demeure-t-elle en attente d’un autre spectacle ?

La troupe « intacte » peut sortir des vitrines, comme si le temps avait été suspendu provisoirement, alors qu’une troupe d’acteurs n’échappe pas à son passage. Quels rapports à ce temps construit-on alors, de quoi les marionnettes témoignent-elles ? Exhument-elles un passé fantôme ou interrogent-elles des enjeux contemporains dans un acte de création nouveau ? Comment la marionnette porte-elle un discours historicisé ? Est-il nécessaire de réactiver un répertoire marionnettique ou d’en inventer un nouveau pour redonner une parole ? Qu’est-ce qui justifie alors la sortie d’un dispositif de conservation ou d’un espace muséal ?

La troupe peut aussi rester en réserve. Quel dispositif muséographique est alors mis en place ? Par nature une marionnette à gaine devient réalité fantôme si elle est mise en scène artificiellement debout, signalant ainsi l’absence de la main qui pourrait l’animer. Comment suggérer cette trace qui prolonge l’objet marionnettique ? Est-elle toujours utile ? Est-il parfois nécessaire de privilégier l’objet seul dans une certaine inertie, comme témoin d’un passé ?

L’objet non marionnettique, mais utilisé dans le cadre du théâtre d’objet, s’y apparente sur certains points. Un objet - prenons l’exemple d’une arme - peut avoir participé à l’Histoire, être intégré dans l’espace muséographique et être investi d’une nouvelle « vie » dans un spectacle. Il est une trace d’un événement historique ou d’une période de l’Histoire mais quelle est sa nature propre ? A quel moment devient-il objet, accessoire, document ou archive ? Qui lui donne ce statut ?

L’archive réinvestie dans un théâtre documentaire offre un espace d’interrogation du document source. Celui-ci peut être issu d’une collecte faite par une équipe de création ou s’appuyer sur une ressource (visuelle ou sonore) collectée par une institution (représentée par un conservateur, un directeur de musée ou des structures associatives) et mobilisée dans un spectacle de marionnettes. Les voix du passé enregistrées ressurgissent dans des corps au présent, corps d’acteurs ou corps marionnettiques.

Ainsi, nous souhaitons interroger l’objet lorsqu’il s’inscrit au croisement du musée et du spectacle vivant. Pour circonscrire cet enjeu nous avons choisi de nous arrêter aux écritures de la guerre à partir de 1914 jusqu’aux  conflits du XXIème siècle. Pour premier curseur, nous choisissons 1914  dont la diversité des traces et témoignages ouvre peut-être à un imaginaire particulier, lié à la question de la disparition des victimes, à la visibilité des conflits et aux écritures du traumatisme. 

L’articulation entre le musée et la scène nous importe lorsque des pratiques théâtrales investissent l’espace du musée pour offrir un autre regard sur l’objet. Les questions que nous aborderons sont des enjeux qui se posent en contexte professionnel muséographique : comment faire vivre les collections de marionnettes (qu’elles soient privées ou publiques) ? Quels dispositifs muséographiques pour mettre en exposition un art vivant ? De la marionnette filmée à la marionnette filmique : quels usages des dispositifs multimédias dans les espaces expositifs ? Quels types de médiations ? Quels discours pour quels publics autour de quel type de marionnette ? Comment faire vivre la collection par l’exposition temporaire, itinérante, par le dialogue avec l’art contemporain et la création théâtrale ?

Du point de vue des arts du spectacle, l’attention portée sur l’articulation du musée/scène est révélatrice d’un intérêt des marionnettistes contemporains pour les écritures de la guerre qui ouvrent à des formes aussi diverses que les petites formes marionnettiques de facture traditionnelle jusqu’aux performances interactives qui investissent l’espace muséal. Selon quelles modalités dialoguent-elles avec une collection ?

Scènes et musées sont autant d’espaces de discours qui explorent les guerres tant du point de vue de la censure, des formes de patriotisme et de résistance que du devoir de mémoire pour mettre à jour les enjeux de la manipulation. 

 

Créateurs de marionnettes, marionnettistes, conservateurs et directeurs de musée de marionnettes, directeurs de compagnie, plasticiens, chercheurs, etc., seront les bienvenus pour échanger le jeudi  24 février 2016 autour de la marionnette, prise comme dénominateur commun aux carrefours de pratiques professionnelles muséographiques et théâtrales.

CALENDRIER :

Vos propositions de communication (bref résumé /corpus envisagé/bio-bibliographie) sont à envoyer pour le 15 mai 2015 à

Isabelle Roussel-Gillet isabelle.rousselgillet@univ-artois.fr et

Françoise Heulot-Petit francoise.heulot@voila.fr