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La lune au XVIIe siècle. Colloque international

La lune au XVIIe siècle. Colloque international

Publié le par Gabriel Marcoux-Chabot (Source : Chantal Grell)

LA LUNE AU XVIIe SIECLE

Colloque international, ESR, Université Versailles-Saint-Quentin
Château de Versailles, 28-30 mai 2009

« [Les savants] qui y voyagent tous les jours avec des lunettes d'approche… vous diront qu'ils y ont découvert des terres, des mers, des lacs, de très hautes montagnes, des abîmes très profonds… Enfin, on connaît assez toutes ces différentes parties pour leur avoir donné des noms et ce sont souvent des noms de savants ! Un endroit s'appelle Copernic ; un autre, Archimède ; un autre, Galilée ; il y a un promontoire des songes ; une mer des pluies, une mer de nectar, une mer des crises ; enfin la description de la lune est si exacte qu'un savant qui s'y trouverait présentement ne s'y égarerait non plus que je le ferais dans Paris. »
Entre le programme d'observations lunaires défini par Kepler dans la partie Optique de l'Astronomie véritable (1604), les premières images de la lune observée à la lunette par Galilée, publiées dans le Messager des étoiles en 1610, et les Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) où Fontenelle estime donc la Lune aussi familière que Paris, les connaissances ont été bouleversées.
L'idée que la Lune puisse être semblable à la Terre, formulée déjà dans l'antiquité par les Pythagoriciens, Héraclide et Plutarque, s'est imposée avec force avec la découverte des ses reliefs, observés déjà par William Gilbert, Maestlin, Kepler ou Thomas Harriot, avant que Galilée ne publie ses interprétations, suscitant un débat entre les tenants de la tradition qui continuaient de l'imaginer lisse et polie, et les partisans de Copernic qui y trouvèrent la confirmation du bien-fondé de son système. Les progrès exceptionnels de l'astronomie au XVIIe siècle durent beaucoup à l'étude de la Lune. Galilée, dans le Messager des étoiles, aborda toute une série de problèmes relatifs aux inégalités du relief, à la nature de la lumière lunaire et de la lumière cendrée, à l'atmosphère lunaire, sur lesquels il devait revenir et qui retinrent l'attention de la communauté savante dans l'Europe entière. La distance de la Lune à la Terre, la taille de la Lune, les irrégularités de ses mouvements, ses librations furent étudiées en détail. L'attraction de la Terre et de la Lune joua un rôle déterminant dans la genèse de la pensée de Newton qui, dans ses Principia (1687) explique les marées par  l'attraction lunaire et la mécanique céleste par la gravitation universelle. La Lune fut aussi cartographiée : par le cosmographe de Philippe IV, Langrenus en 1645, par Hevelius qui publia le premier atlas lunaire (Selenographia sive Lunae descriptio, 1647), par le père Riccioli, jésuite, qui eut l'idée d'attribuer des noms d'astronomes aux reliefs représentés (1651), par Jean-Dominique Cassini qui, en 1679, publia la carte réalisée par l'Observatoire de Paris.
Exemplaires, les recherches sur la Lune intéressent la mécanique céleste et la cosmologie, mais aussi l'optique, l'étude de la lumière, la physique, la géométrie et les mathématiques. Elles concernent au premier chef les instruments et les observations. Elles posent, en outre, des problèmes inédits qui nécessitent des modes de raisonnement particuliers pour appréhender l'inconnu, comme les comparaisons, les analogies et les fictions. Le Songe ou Astronomie lunaire, de Kepler, publié en 1634, est un ouvrage fondé sur des données scientifiques qui entend fonder une géographie et une astronomie lunaires. Les voyages imaginaires, fictions philosophiques qui se font l'écho des découvertes — L'Homme dans la Lune de Godwin (1638), Le Monde de la Lune de Wilkins (1638), entre autres —, les spéculations sur les mondes habités, relèvent d'un imaginaire scientifique qui, s'il n'a pas toujours participé à la construction d'un savoir, a du moins beaucoup contribué à faire connaître les découvertes.

A l'occasion de l'Année Mondiale de l'Astronomie et à l'initiative du réseau « Penser le Ciel », un colloque international sera organisé au Château de Versailles en mai 2009, sur la Lune, principalement au XVIIe siècle mais aussi sur les prolongements, au XVIIIe siècle, des recherches générées notamment par la mécanique newtonienne. La thématique en sera résolument centrée sur l'observation et l'imaginaire scientifiques : ce qui exclut, non pas le rêve, mais la mythologie.
Pour toute information contacter Chantal GRELL, Professeur d'histoire moderne, ESR, Université Versailles-Saint-Quentin, chantal.grell@uvsq.fr


THE MOON IN THE XVIIth CENTURY

Near the end of the XVIIth century, Fontenelle, in his Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) , pretended the Moon was just as familiar to him as Paris was : Those scholars that travel to the Moon every day with the help of their magnifying glasses... will tell you they have found continents, seas, lakes, high mountains, and abysses... all these parts are today so well known that they have been named, and often after learned persons ! One place is called Copernicus, another Archimedes, another one yet, Galileo; there is a promontory of dreams; a sea of rains, a sea of nectar, a sea of crises; finally, the description of the Moon is so precise that any learned person who would actually be there would no more lose his way than I would, walking in the streets of Paris.”
« [Les savants] qui y voyagent tous les jours avec des lunettes d'approche… vous diront qu'ils y ont découvert des terres, des mers, des lacs, de très hautes montagnes, des abîmes très profonds… Enfin, on connaît assez toutes ces différentes parties pour leur avoir donné des noms et ce sont souvent des noms de savants ! Un endroit s'appelle Copernic ; un autre, Archimède ; un autre, Galilée ; il y a un promontoire des songes ; une mer des pluies, une mer de nectar, une mer des crises ; enfin la description de la lune est si exacte qu'un savant qui s'y trouverait présentement ne s'y égarerait non plus que je le ferais dans Paris. »
What with the programme of Moon observations as defined by Kepler in his The Optical Part of Astronomy ( Astronomia pars Optica) in1604, Galileo's first descriptions of the Moon done with the help of his own telescope and published in The Messenger from the Stars (Sidereus Nuncius) in 1610, and Fontenelle's Entretiens, the way of apprehending the Moon had been revolutionized.
In Antiquity, the Pythagoricians, Heraclides and Plutarch had already expressed the view that the Moon was similar to the Earth. The notion was now given more impetus with the discovery by William Gilbert, Maestlin, Kepler or Thomas Harriot, that the Moon was not flat even before Galileo had published his own observations. This triggered a debate between those who sided with tradition and wanted the surface of the Moon to be smooth and polished and  those who favoured Copernicus and found in the Moon's hills and seas confirmation of their champion's theories. The astounding progress in astronomy, in the XVIIth century, owes much to the study of the Moon. In his Messenger from the Stars, Galileo looked into a host of problems regarding the uneven surface of the Moon, the nature of its light, the nature of its ashen light, and the nature of the atmosphere there. He spent much time on these questions and his findings had a great impact everywhere in Europe. The distance from the Earth to the Moon, the size of the Moon, the irregularites of its movements, its librations were precisely studied. Thinking on the attraction forces at work between the Earth and the Moon, Newton was able to explain why the tides are due to the Moon, and, later to expound his theory of universal gravitation. Maps of the Moon were drawn, for instance, by Langrenus, Philip IV's cosmographer, in 1645. Hevelius published the first Atlas of the Moon in 1647, Selenographia sive Lunae descriptio. In 1651, the Jesuit Father Riccioli also drew a map of the Moon and had the idea of giving names of astronomers to the mountains and seas he represented. Finally, in 1679, the Frenchman  Jean-Dominique Cassini published the map the Observatory of Paris had realized.
Studying the Moon involved research in the fields of celestial mechanics, cosmology, optics, the study of light, physics, geometry and mathematics. New instruments had to be invented, and new methods of research had to be found. Scientists were met with problems they were not used to and they had to devise new ways of reasoning to apprehend the unknown. They relied on comparisons, on analogies and on fiction. In his Dream of Lunar Astronomy, published in 1634, Kepler used scientific findings to draw a lunar geography and astronomy. Many other works of fiction  describing trips to the Moon, sometimes with philosophical considerations, books such as Godwin's Man in the Moon (1638), or Wilkins' The Discovery of a World in the Moon (1638) helped to pass on to the general public many of the discoveries made by the scientists, even if many absurdities were spread through these books at the same time.

With reference to the International Year of Astronomy, the network ”Penser le Ciel “ (Apprehending the Heavens) is organizing an international symposium on the Moon in the XVIIth and the XVIIIth centuries due to be held at the Château de Versailles in May 2009. The main topic will be centred on scientific discoveries about the Moon and the type of fiction they gave rise to. So, mythology will not be taken into account.

For any information, please contact Prof. Chantal GRELL, Head of the research centre “Etat, Societé Religion” (ESR) at the University of Versailles-Saint-Quentin-en Yvelines, France.
e-mail : chantal.grell@uvsq.fr