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La loi du désir ? : Interférences, fusions et confusions entre droit et sexualité (revue Ambigua)

La loi du désir ? : Interférences, fusions et confusions entre droit et sexualité (revue Ambigua)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Juan Jiménez Salcedo)

La loi du désir ?: Interférences, fusions et confusions entre droit et sexualité

 

Ambigua: Revista de Investigaciones de Género y Estudios Culturales

Numéro édité par Juan Jiménez Salcedo (Universidad Pablo de Olavide) et Thomas Hochmann (Université de Reims Champagne-Ardenne)

La réglementation de la vie sexuelle revêt des formes multiples qui renvoient à autant de façons de penser la sexualité. Si ces derniers temps les débats sur l’interdiction de la prostitution ont rempli les tribunes des journaux, au moins en France et dans d’autres pays européens où les questions d’égalité sont à l’ordre du jour depuis des années, les prescriptions à propos de la sexualité touchent également sa représentation. Ainsi, Frédéric Mitterrand fut accusé en 2009 de pédophilie suite aux révélations du narrateur de son roman La mauvaise vie, que certains définissent comme autobiographique et d’autres comme autofictionnel, tandis qu’Henri-Claude Cousseau fut accusé en 2000 de diffusion de messages violents à caractère pornographique suite à la présentation de l’exposition « Présumés innocents » au Musée d’art contemporain de Bordeaux, dont il était le directeur. 
Si la pornographie, représentation hypertrophiée de la sexualité, a été l’objet d’une étroite surveillance, les pratiques sexuelles ont également été la cible d’un arsenal juridique qui peut se vouloir tolérant, comme c’est le cas de l’autorisation du mariage homosexuel. À cet égard, le débat est actuellement très vif aux États-Unis, et devrait être prochainement tranché par la Cour suprême. La protection juridique de la sexualité justifie-t-elle également l’interdiction de l’excision ? Celle-ci fut récemment invoquée pour critiquer un jugement allemand hostile à la circoncision. Cependant, s’il s’agit dans les deux cas d’une atteinte à l’intégrité du corps humain, les conséquences incomparables en matière de sexualité ne justifient-elles pas un traitement différent ?
Le droit éprouve aussi les pires difficultés lorsqu’il s’agit de juger des cas où la paraphilie sexuelle, exercée dans la sphère privée, rencontre la violence. En l’espèce, les juges peinent à trancher entre le consentement de la victime et les outrages et sévices dont elle a été la cible. C’est le cas de la justice allemande, qui a eu à juger Armin Meiwes, le cannibale de Rotenburg, qui avait tué et dévoré sa victime consentante, un ingénieur berlinois en quête de l’ultime plaisir de se faire dévorer ; ou encore la Cour européenne des droits de l’homme, qui à dû trancher dans des affaires de violences extrêmes survenues lors de séances de sadomasochisme (Laskey, Jaggard et Brown c. Royaume Uni, K.A. et A.D. c. Belgique).
Le droit peut se montrer clairement coercitif, comme l’illustrent les incriminations de la sodomie ou d’autres pratiques sexuelles « déviantes » (interdiction récemment abrogée en Inde), mais aussi les législations européennes en matière de viol, dans lesquelles la dimension sexuelle du stupre vient se greffer à sa qualification pénale afin d’en faire un crime spécifique qui est bien davantage qu’une agression (Daniel Borrillo) et qui devient la représentation juridique la plus réussie de cette conjonction entre droit et sexualité. À ce propos, Marcela Iacub et Patrice Maniglier prônent une société post-sexuelle où l’État viderait définitivement les lois de leur caractère sexuel. Nous serions donc dans un au-delà de cette interférence entre droit et sexualité, dans un espace vide où ces deux éléments essentiels des organisations sociales seraient clairement séparés. 
Entre cette séparation –utopique et irréelle¬– et la fusion totale nous voulons explorer la multiplicité des rapports qui peuvent s’établir entre droit et sexualité. À ce titre, les éditeurs de ce numéro de la revue Ambigua souhaiteraient recevoir des contributions sur ces différents types de rapport, tant au niveau de la représentation que de la pratique sexuelle. Pour ce qui est de la périodisation, nous nous limiterons au XXe et XXIe siècles et nous sommes ouverts à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales (droit, littérature, histoire, sociologie, anthropologie...) et à toutes les méthodologies (analyse de législation et jurisprudence, histoire des représentations, enquête de terrain sociologique, critique littéraire...).

Modalités

Les personnes intéressées peuvent soumettre un article aux éditeurs de la monographie avant le 1er septembre 2013. Les articles devront respecter les Directives aux auteurs et être envoyés par le biais du système de Soumission en ligne de la revue.