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La logique de la déviance - Autour du monstre et de la monstruosité

La logique de la déviance - Autour du monstre et de la monstruosité

LA LOGIQUE DE LA DÉVIANCE - AUTOUR DU MONSTRE ET DE LA MONSTRUOSITÉ



En coopération avec l'Université franco-allemande, Madame Beate Ochsner du département des lettres et langues étrangères de l'Université de Mannheim organise un atelier autour du sujet: La logique de la déviance. Autour du monstre et de la monstruosité. Tous les jeunes chercheurs travaillant sur le sujet ou autour de la même thématique sont cordialement invités. Une date exacte n'a pas encore été fixée, mais la rencontre aura lieu fin mars / début avril 2003. Toutes les informations nécessaires vous seront naturellement transmises à temps.

Sont donc prévus 4 à 5 groupes de travail sur différents aspects du sujet développé dans le bref descriptif ci-joint. Les jeunes chercheurs intéressés à participer à notre atelier sont invités à envoyer un résumé de communication, une présentation de leur projet de recherche ou proposer un sujet
pour une table ronde. Prière de vous adresser jusqu'au 31 août 2002 avec un bref descriptif de votre conférence, votre projet ou votre proposition de discussion ainsi qu'une biobibliographie à:
PD Dr. Beate Ochsner
Universität Mannheim
Romanistik I
D - 68131 Mannheim
tél +49 621 181 2373 / fax: +49 621 181 2374
Descriptif
En dehors de son statut comme objet de recherche, le monstre, s'incarnant sous différents formes médiatiques, a depuis toujours su évoqué fascination et / ou répugnation de même qu'un certain humour. Heureusment, les temps dans lesquels on n'en pouvait parler qu'en cachette sont passés et, à partir de la fin du XVIIe siècle, le monstre a fait son entrée - d'ailleurs bien préparé! - dans le nouveaux monde des sciences rationnelles. Il n'y pas seulement Montaigne et les "nouveaux tératologues" (entre autres Johann Schenck, Martin Weinrich, Jean Riolan ou Fortunio Liceti) à attester le début de la naturalisation du monstre, les débats animés entre les représentants des théories préformationniste ou accidentaliste - et nous ne rappellons que la discussion célèbre entre Winslow et Lemery -, de même que l'intérêt vif des philosophes comme Malebranche, Diderot ou Maupertuis et les développements dans le secteur de l'histoire naturelle (Haller, Bonnet, Malherbes, Buffon ainsi que père et fils Geoffroy Saint-Hilaires) comptent parmi les témoins de cette nouvelle carrière scientifique du monstre.

Dans le cadre d'un "processus de transformation" entre les sciences humaines (notamment la médecine et la physiologie) et les sciences sociales, le XIXe siècle intensifie ses recherches sur la relation entre normalité et anormalité (respectivement anomalie), et la proposition de dispositifs de normalité développée par Auguste Comte peut être citée comme exemple représentatif. Les recherches physionomico-criminalistiques (Lavater, Bertillon, Lombroso), psychologiques et psychiatriques (Pinel, Charcot, Breuer, Freud) ainsi que - vers la fin du XIXe siècle - l'ethnologie et l'anthropologie se regroupent autour des mêmes questions sur la déviance ou la différence en général. Selon les diverses filières de recherches, la classification de différents types - le criminel, le malade, l'étranger, c'est-à-dire l'autre - ou la (re-)production du (ou plutôt) d'un type commun - l'aïeul, le primitif tout court - ainsi que les épreuves scientifiques (mesurage, statistique etc.) constituaient le but de ces travaux. Les monstres, "dissidents exilés de la normalité", "signes incarné du merveilleux ou de l'horrible" ne peuvent être enregistrés - comme déficitaire - que si les typologies régulatives ont finalement aquis une valeur universelle à travers toutes les disciplines. Le système normatif intégrant son propre autre (l'autre du système) assure / garantit le contrôle et la puissance - c'est au moins ce que l'on veut croire. Or, paradoxalement, le monstre en tant qu'incarnement de la différence radicale semble, en revanche, éliminer cette même différence dans le monde de son créateur, afin de démontrer que, d'une part, la puissance d'un système fonctionnant justement dans la production de différence et que, de l'autre, il est possible de subvertir le système pour ainsi révéler sa fragilité, à savoir le manque de différence. Il semble bien que les différentes disciplines travaillent à la compensation de ce manque par le biais de plusieures stratégies et à l'aide de différents médias afin de disposer (et de mettre en disposition) un contre-exemple à la norme, à l'idéal. Les nombreuses possibilités de visualer le monstre y jouent un rôle fondamental: " Les monstres [...] ne sont monstres que parce parce qu'on les exhibe. " Comment - et c'est notre question principale - la difference, l'autre ou la trace (selon Lévinas) se manifestent-ils dans les différentes disciplines, à travers quels supports médiatiques sont-ils fixés afin que nous pouvons nous en débarrasser une fois pour toutes ? De quelle façon la fonction actuel du monstre ou de l'autre remonte-elle à l'histoire des approches etymologiques, esthétiques, anthropologiques, ethnologiques, sociologiques, biologiques etc. et quel est le rôle des médias de représentation ? Dans le cadre d'un atelier interdisciplinaire nous allons aborder cette problématique centrale afin d'en extraire une logique - plus ou moins universelle - de la déviance pouvant servir comme base théorique aux recherches futures provenant de différentes disciplines.