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La littérature carcérale entre l'Orient et le Maghreb

La littérature carcérale entre l'Orient et le Maghreb

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Badia Mazboudi)

Colloque international

La littérature carcérale entre l’Orient et le Maghreb

Le 14-15 novembre 2013.

« Je veux rompre ce silence, humaniser ma solitude

Ils m’ont désœuvrée pour que rouille ma pensée

Et que gèle mon esprit ». Saïda Mnebhi.

Dans le sillage du colloque sur « la guerre, imaginaire et dépassement » organisé  par l’association OCADD (Oralité, Conte pour l’amitié, le dialogue et le développement) et la faculté des Lettres Beni-Mellal (Beni-Mellal, Maroc) en mars 2010 et en réponse au souhait de nombreux intervenants lors de ce premier colloque d’organiser une seconde édition dans un autre pays du bassin méditerranéen, nous proposons  un colloque  à Beyrouth en novembre 2013 sur  « la littérature carcérale entre l’Orient et l’Occident ». De la guerre à la prison, il n’y a qu’un pas.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et après la décolonisation, les nouveaux états émergeants sont transformés, dans le monde arabo-musulman en particulier, en des régimes dictatoriaux qui vont de plus en plus briguer la parole et la liberté de leurs citoyens. Des prisons, des camps sont érigés partout dans cette région du globe, et ailleurs, pour faire face aux flux des prisonniers politiques arrêtés et séquestrés sans jugement dans la plupart des cas. En parallèle, d’autres prisons doivent répondre au cortège de prisonniers palestiniens et libanais que l’entité israélienne construit, secondée quelques années par l’arrivée des Américains en Irak et en Afghanistan… Cette violence connaîtra son apogée avec la diffusion des photographies d’Abou Ghoreb, le célèbre camp des prisonniers Irakiens dont les images de la torture infligée par des soldats américains aux sourires angéliques firent le tour du monde. Le monde découvrait avec stupeur des images que la Préhistoire renierait.

Auparavant, des écrivains vont sensibiliser l’opinion publique à ces nouvelles méthodes de séquestration et de torture humaines. Nouvelles parce que la région voit l’installation de camps concentrationnaires, avec un nombre impressionnant de prisonniers politiques avec toutes les exactions qu’ils ont subies. Le monde qui avait cru à la fin de cette barbarie la voit de plus belle répandue. Des témoignages, des romans, des autobiographies, des bandes dessinées, des images connaissent une diffusion considérable en Occident puis en Orient et vont dénoncer ces mesures de rétorsion de l’ère moderne. L’un des premiers écrivains est sans doute Abdel Rahman Mounif, écrivain d’origine saoudienne, mais aussi Abdela Zrika, Abdelaziz Mouride, Abdellatif Laâbi, Ahmad Marzouki, Mohamed Raïs dont le témoignage a été le déclic pour d’autres récits, des femmes prisonnières Malika Oufkir, Saïda Mnebhi,  Fatna El Bouih, Fatema Ameziane, Latifa Jbabdi (Toutes du Maroc), Soha Béchara …..( Liban), des prisons célèbres telles celles de Kénitra, le camp de Khiâm, et la non moins célèbre prison de Tazmamart, sans oublier Abou Ghoreb et bien d’autres.  Les témoignages qu’ils apportent jettent des sueurs froides quant à la variété des procédés employés qui vont bon train avec le progrès scientifique et technique. Ils révèlent une volonté aussi de ne pas reléguer à l’oubli ce qui fut une des preuves de la sauvagerie de ce siècle et de celui passé. Quelle parole apportent ces écrits documentaires sur un des sujets les plus tabous de notre ère car les plus méconnus ? Pourquoi autant de violences corporelles et morales ? A la lumière de tous ces documents écrits ou mis en image, ce colloque avantage la comparaison entre les différents témoignages apportés par des écrivains ou par des personnes qui ont subi ces épreuves dans cette région du globe au sort toujours incertain. Les prisons se vident pour se remplir à nouveau???

Nous nous intéresserons aux axes suivants :

I-L’écrivain, l’expérience et l’imaginaire :

-L’écriture carcérale, comme catharsis : comparaison entre différentes expériences.

-Le type de texte : roman, poésie, documentaire, autobiographie.

-L’imaginaire collectif dans l’écriture carcérale : imagotypes et motifs.

-Prison et philosophes.

 

II- Image et mémoire :

-Un document contre l’oubli : L’écriture ou le dessin à l’appui du témoignage : recours à des bouts de papiers, dessins au crayon à mine, autres procédés.

-Confrontation entre texte et image, image et bande dessinée, image et image, etc.

III- Ecriture carcérale et rapport au social :

-Les différentes expériences des camps arabes et autres: la vie des prisonniers, leur quotidien, les tortures, les mesures restrictives…

- La temporalité carcérale : gestion du temps  par les prisonniers

- L’expérience carcérale de la femme

- le rapport des prisonniers avec le monde extérieur (famille (enfants, épouse), société…)

- Prison, archive et réconciliation : Au Maroc et en Afrique du Sud, des témoignages de prisonniers ont été enregistrés et archivés par l’Etat. Ils peuvent être consultés, comme récits de vie.

- Le rapport des prisonniers libérés  à la société.

 

Modalités de participation :

- Langues du colloque : arabe, français.

Un résumé détaillé de la proposition de communication (environ 300 mots ou 1 500 signes) devra être adressé au plus tard le 15 mai 2013 à l’adresse électronique suivante : badiamaz@hotmail.com Il sera examiné par le comité scientifique du colloque. Le programme définitif sera arrêté le 15 juin. A l’issue du colloque, le comité scientifique sélectionnera les communications qui feront l’objet d’une publication.