Revue
Nouvelle parution
La Licorne, n° 116 : Cinéma, littérature : projections

La Licorne, n° 116 : Cinéma, littérature : projections

Publié le par Vincent Ferré (Source : Marie Martin)

Le volume collectif Cinéma, littérature: projections, numéro 116 de la revue La Licorne, vient de paraître en septembre 2015 aux PUR sous la direction de Marie Martin (18 euros, EAN13 = 9782753541870).

Il ne s’agit plus ici de ce que le cinéma fait à la littérature, ou inversement, mais de ce que l’imaginaire polysémique de la projection suscite d’allers et de retours entre les deux disciplines, y compris dans les éventuelles dérives « projectives » du geste interprétatif, du moment qu’il entraîne un véritable gain heuristique dans la réception des œuvres (lecture et spectature) et travaille au croisement de l’optique et du psychique. La projection cinématographique est en effet, d’abord, un dispositif optique. Un faisceau lumineux transporte en l’agrandissant, parfois en l’anamorphosant, une image sur un écran : image passée, qu’il actualise ; image fugace, dont il déploie l’évanescence ; image photogramme, qu’il met en mouvement et expose à la dissemblance. Or la participation émotionnelle que suscite l’optique n’est pas sans rapport avec le dispositif psychique du même nom, qui consiste cette fois à imputer à un autre un complexe refoulé dans l’inconscient afin de le voir en l’extériorisant et en le déniant comme sien. Le cinéma s’avère alors surface où s’inscrivent les traumas individuels et collectifs, auxquels la projection donne forme assimilable selon le modèle de la figurabilité inconsciente. Les deux versants de la projection ont donc en commun d’être des mécanismes qui mettent en jeu un travail de déformation autant destiné à faire voir qu’à opacifier et faire écran. À partir de ces prémisses se dessinent les contours d’un nouveau chantier interdisciplinaire dont cette publication collective espère déployer l’extension maximale et donner les premières clés de compréhension : généalogie théorique de l’hypothèse projective au carrefour de la littérature et du cinéma ; distinctions entre emploi facile d’une métaphore et critères scientifiques de sa pertinence comme opérateur intermédiatique ; études de cas et essais de corpus où abondent les surimpressions audiovisuelles d’images et de textes ; fictions qui, à partir d’un écran, font affleurer le refoulé, dans une dialectique toujours relancée de figure et d’irreprésentable, d’écriture et de projection.

Sommaire :

Introduction : « La projection comme opérateur intermédiatique : positions et propositions » par Marie Martin (Université de Poitiers)

I. Mises en perspectives : histoire et théories

  • « La projection filmique comme illusion et phénomène hypnotique. Réflexions à partir de L’Eve future d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam » : Emmanuel Plasseraud (Université de Bordeaux Montaigne)

  • « Projection : métaphore, figure, dispositif » : Véronique Campan (Université de Poitiers)

  • « “La nouvelle de la douleur” : Sur Césarée de Marguerite Duras » : Olivier Cheval (Université Lyon 2)

  • « Le décor-écran : l’exemple des fictions du décor dévoilées à l’intermonde » : Marie-Laure Guétin (Université de Poitiers)

II. Pratiques contemporaines

  • « Littérature contemporaine et scénario : les dynamiques intersémiotiques d’une forme projective » : Fabien Gris (Université de Paris 4) 

  • « Mon Cas (1986) de Manoel de Oliveira : texte projeté, textes en mouvement » : Guillaume Bourgois (Université de Grenoble)

  • « L’écriture et la projection. Louis-René des Forêts, Pierre Alferi, Christine Montalbetti » : Marie Martin (Université de Poitiers)

  • « “L’histoire fut suspendue mais se poursuit ailleurs” : recyclage des films, projection des phrases chez Pierre Alferi » : Paul Échinard-Garin (Université de Paris 3)

III. Anamorphoses : réécritures, adaptations, projections créatrices

  • « Du cinéma à la littérature, et retour : figures de la projection traumatique »: Marie Martin (Université de Poitiers)

  • « Adaptations secrètes. À propos de Claude Chabrol et de Georges Simenon » : Francis Vanoye (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense)

  • « Échange de regards : Schnitzler, Kubrick et Kieslowski » : Gaspard Delon (Université de Paris 7)