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La langue française en Afrique : enseignement, pratiques, représentations et dynamiques à l’ère de la mondialisation

La langue française en Afrique : enseignement, pratiques, représentations et dynamiques à l’ère de la mondialisation

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Venant Eloundou Eloundou)

APPEL À CONTRIBUTION POUR UN COLLECTIF EN HOMMAGE AU

PROFESSEUR QUEFFÉLEC

La langue française en Afrique : enseignement, pratiques, représentations et dynamiques à l’ère de la mondialisation

La deuxième moitié du XXème siècle a été une période déterminante en termes de recherches sur la langue française, et notamment sur les variétés hors hexagonales. Synthétiquement, on peut envisager quatre grandes directions de recherches :

a) Les processus d’imposition du français dans les colonies. À ce niveau, plusieurs études ont montré que les territoires conquis par la France ont subi une assimilation linguistique avec des implications politiques, idéologiques et culturelles ;

b) La deuxième direction de recherche a consisté essentiellement à jeter un regard évaluatif sur les usages du français hors de France. La plupart des analyses insistaient/insistent sur la variation du français hors de son foyer d’origine. À ce titre, plusieurs travaux existent, réalisés tant par les Africains que les Occidentaux. Par ailleurs, d’autres études se sont intéressées à la description synchronique du français pratiqué dans les anciennes colonies de la France, en envisageant les processus de normalisation et de codification. Les travaux de l’IFA, la BDLP, qui prolonge et élargit les descriptions entreprises par l’IFA au début des années 80, les monographies, les ouvrages collectifs, des revues comme Le Français en Afrique, dont Ambroise Queffélec avait pris la direction et des thèses en sont des exemples patents;

c) Le troisième axe de recherches s’est intéressé aux processus d’appropriation de la langue française et aux conséquences socio-didactiques qui en découlent. Généralement, l’approche différentielle y a prévalu, mais il suffit de consulter certaines des publications mentionnées dans le paragraphe précédent pour s’apercevoir que les frontières entres les variétés ne sont pas toujours absolument nettes et que cela multiplie les questions sur la/les variété(s) de français à enseigner ;

d) Plus récentes sont des études portant sur les parlers mixtes ayant pour fondement matriciel la langue française. Pour certains chercheurs, ces parlers mixtes sont le produit de la complexité sociolinguistique des espaces francophones, de la revendication de l’identité sociolinguistique endogène et de la communication intra-générationnelle.

            Avec le recul qu’impose tout bilan critique, il apparaît qu’Ambroise Queffélec, médiéviste, linguiste et sociolinguiste - au regard de ses productions scientifiques - aura été l’une des figures emblématiques qui ont contribué efficacement aux recherches sur la langue française dans son foyer et hors de la France. Ce chercheur chevronné aura contribué aux études du français dans une perspective diachronique (histoire interne de la langue française) et dynamique (le français d’Afrique). Au regard de son parcours scientifique remarquable, il est tout à fait nécessaire de rendre hommage à celui qui a dirigé, pendant plusieurs années, après Suzanne Lafage, la Revue du Réseau des Observatoires du Français Contemporain en Afrique : Le Français en Afrique. Dans cette perspective, les contributeurs à ce collectif sont invités à orienter en priorité leurs travaux sur les axes suivants :

 

 

AXE 1 : Usages diachroniques du français et émergence des endonormes : jeux et enjeux didactiques

Seront accueillies favorablement des études axées sur les paradigmes microsyntaxique, macro-syntaxique, morphologique et lexico-sémantique. À ce niveau, il sera nécessaire de prendre en compte les usages de l’ancien français et du moyen français pour cerner le fonctionnement de quelques paradigmes actualisés dans le français contemporain. C’est donc une occasion de mettre en exergue non seulement les formes de restructuration du français à l’œuvre dans les espaces francophones, mais aussi d’établir une passerelle entre ces endonormes. Au-delà de ces descriptions,  il sera intéressant de poser la problématique de ces endonormes en lien avec la perspective normative de la langue française. Les descriptions linguistiques devront donc déboucher sur une réflexion sur la didactique du français (qui a pour tâche de pérenniser les normes exogènes). Les contributeurs pourront orienter leur réflexion sur les questionnements suivants :

  - Au regard de la dynamique des normes endogènes, quelles méthodes d’enseignement/apprentissage doit-on adopter pour l’appropriation des normes standard ?

  -  Comment exploiter les normes endogènes dans le processus de la didactique du français ?

  - Les outils didactiques en vigueur pour l’enseignement du français sont-ils efficaces pour l’appropriation des normes standard ?

Axe 2 : Dynamiques socio-langagières et représentations

Contrairement aux usages analytiques qui prévalent souvent en matière de description du français en Afrique, les contributeurs pourront étudier les pratiques du français, non pas dans une logique systémique normative, mais constructiviste, complexe, multiplexe ou contextualisée. Il s’agira de cerner non seulement les dynamiques sociales et les enjeux langagiers qui président à la variabilité du français dans l’espace francophone, mais aussi de montrer que ces usages sont consécutifs aux facteurs du constructivisme et de la complexité socio-langagière, surtout dans les milieux urbains des pays francophones.

Le projet IFA et bien d’autres travaux montrent que le français subit des mutations intrasystémiques (phonologique, morphologique, syntaxique, lexicale et sémantique), dans plusieurs aires francophones. Ces mutations sont généralement dues au processus d’acclimatation/acclimatement de cette langue selon les régions. Or, l’enjeu de la codification et de la standardisation du français est indéniable. Il y a donc, d’une part un besoin de normalisation du système lexical du français, et d’autre part l’enjeu de la fonctionnalisation du français. Dans ces conditions, les contributeurs pourront adopter cinq postures analytiques :

a)      cerner le lien entre le fonctionnement lexical du français pratiqué dans les régions francophones et l’évolution, voire les mutations culturelles, politiques, scientifiques, économiques, identitaires, etc., dans ces régions ;

b)      évaluer la dynamique lexicale du français, en se fondant sur des données lexicographiques ;

c)      cerner d’une part, la représentativité dictionnairique des usages du français inhérents aux régions francophones et d’autre part, le système de représentations en rapport avec l’intégration dictionnairique des mots de la francophonie ;

d)      interroger les enjeux de la lexicographie française afin de cerner les différents facteurs et les idéologies politiques et linguistiques qui sous-tendent son élaboration et son fonctionnement.

Dans le sillage des colloques d’Aix-en-Provence (2008) et de Brazzaville (2012), portant sur la problématique du poids de la langue française dans le monde, les contributeurs pourront questionner, dans une perspective endogène, la dynamique de la langue française. On pourra par exemple étudier les impacts de la langue française  sur la communication sociale, scientifique, culturelle et idéologique dans les pays francophones. 

Axe 3 : Francographie et stylographie

            La francographie littéraire constitue l’un des paramètres de la dynamique du français. Dans cette perspective, le texte littéraire est un domaine où l’on observe des faits de variation. Les contributeurs pourront réfléchir sur les enjeux qui sont à l’origine de la variabilité de la langue française, actualisée par des écrivains francophones. On pourra ainsi interroger les faits de variation du français (à partir des textes littéraires, journalistiques, etc.), non pas dans une perspective différentielle - qui a prévalu dans la plupart des études antérieures - mais fonctionnelle (stylistique, identitaire, discursive et esthétique) et idéologique. De même, l’on pourra questionner l’apport des faits langagiers sur l’appréhension de la littérature francophone, périphérique ou africaine.

AXE 4 : Langue française : diversités sociales et politiques linguistiques dans les pays francophones

            Les contributeurs pourront examiner les problèmes de politique linguistique en contexte multilingue et pluriculturel. De même, ils pourront analyser, de manière diachronique, les politiques linguistiques et éducatives mises en œuvre par des États ex-colonies de la France, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. C’est donc l’occasion d’évaluer, après environ 50 ans d’indépendance, les politiques linguistiques de ces États. À ce sujet, la question suivante peut orienter les analyses : Quelles politiques les organismes de protection de la langue française doivent-ils adopter face à l’« afriphonie », l’« asiaphonie » et l’« anglophonie » qui sont de plus en plus intégrées dans les systèmes éducatifs des pays francophones et présentes dans le champ communicationnel ?

AXE 5 : Parlers hybrides et motilité sociolinguistique

            Cet axe permettra de mener des études comparatives entre les parlers hybrides pratiqués dans plusieurs régions francophones. Ces comparaisons peuvent être axées, non seulement sur le fonctionnement interne, mais aussi sur les représentations sociales qu’ils génèrent. Il s’agira aussi d’interroger la dynamique tant externe qu’externe des parlers hybrides.

Par ailleurs, au regard de la mobilité sociale, il sera intéressant d’analyser les différentes forces linguistiques qui se positionnent de plus en plus dans les espaces francophones ou sociaux, d’expliciter leur modalité d’intégration et d’analyser les différentes représentations sociales construites et les enjeux qui en découlent. Un accent pourra être mis sur la variation du français dans les médias sociaux véhiculés par les TIC et surtout l’Internet où se redessinent et se reconfigurent les espaces communautaires francophones, impliquant aussi bien les communautés traditionnelles que diasporiques.

AXE 6 : Parcours scientifique et témoignages

            Ce dernier axe sera un cadre propice pour présenter l’homme et son œuvre scientifique et produire un témoignage sous l’angle social, humain et professionnel du Professeur Queffélec.

Outre les axes indiqués, d’autres pistes pourront être explorées.

 

 

Modalités de soumission des articles

Les contributeurs sont invités à envoyer leur proposition de contribution avant le 30 avril 2014 aux adresses suivantes : evenant2002@yahoo.fr/ngamountsika@hotmail.com/ freycc@yahoo.fr

Le résumé rédigé en français ne devra pas dépasser 2500 signes (espaces compris). Il comportera : les objectifs de l’étude, la problématique, le cadrage théorique et méthodologique, le type de corpus (observables), cinq mots-clés. Par ailleurs, seront précisés : le titre de l’article, le(s) nom(s) et prénom(s) et l’affiliation des auteurs, six références bibliographiques et l’axe choisi.

L’acceptation des propositions de contribution sera communiquée le 30 juin 2014. Les articles complets seront envoyés au plus tard le 30 septembre 2014.

Les évaluations des articles seront communiquées aux auteurs le 30 octobre 2014, pour un retour des textes corrigés avant le 30 novembre 2014. La parution du collectif est prévue en décembre 2014.

 

Comité scientifique (par ordre alphabétique)

 

Alphonse Joseph TONYE (Université de Yaoundé 1)

Bah OULD ZEIN (Université de Nouakchott-Mauritanie)

Carole de FERAL (Université de Nice-France)

Christiane EWANE (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Christine ONGUENE ESSONO (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Claude FREY (Université Paris III-France)

Edmond BILOA (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Etienne DASSI (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Françoise GADET (Université Paris –Ouest-Nanterre La Défense-France)

George ECHU (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Gérard Marie NOUMSSI (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Germain Moïse EBA’A (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Gervais MENDO ZE (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Jean TABI MANGA (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Julien KILANGA MUSINDE (Université de Lumumbashi- République du Congo démocratique)

Louis-Jean CALVET (Université de Provence-France)

Louis-Martin ONGUENE ESSONO (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Mwatha Musanji NGALASSO (Université de Bordeaux 3)

Omer MASSOUMOU (Université Marien Ngouabi-Congo-Brazzaville)

Paul ZANG ZANG (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Peter BLUMENTHAL (Université de Cologne-Allemagne)

Philippe BLANCHET (Université de Rennes 2-France)

Richard Laurent OMGBA (Université de Yaoundé 1)

Sammy BEBAN CHUMBOW (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Thierry BULOT (Université de Rennes 2-France)

Valentin FEUSSI (Université de Tours-France)

Zachée Denis BITJAA KODY (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

 

Comité de lecture (par ordre alphabétique)

Adeline Larissa SIMO NGUEMKAM-SOUOP (Université de Buea)

Bah OULD ZEIN (Université de Nouakchott-Mauritanie)

Cécile MADIGA (Université de Provence-France)

Charles NKUANGA DIDA (Université de Kinshasa-République démocratique du Congo)

Claude FREY (Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle-France)

Claude REMY-JOULAIN (Université de Provence-France)

Edouard NGAMOUNTSIKA (Université Marien Ngouabi-Congo-Brazzaville)

Élisabeth NGO NGOK-GRAUX (Université de Provence-France)

Emmanuel NGUE UM (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Frik MAHBOUBA (Université Badj Mokhtar-Algérie)

Gérard Marie NOUMSSI (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Gervais NZAPALI TE-KOMONGO (Université de Bangui-République Centrafricaine)

Gervy Darel GOMA MALANDA (Université de Provence-France)

Italia MAGALI (Université de Provence-France)

Jean Benoît TSOFACK (Université de Dschang-Cameroun)

Ladislas NZESSE (Université de Dschang-Cameroun)

Marie Désirée SOL (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Nathalie MUKADI KABONGO (Université de Lubumbashi-République démocratique du Congo)

Omer MASSOUMOU (Université Marien Ngouabi-Congo-Brazzaville)

Venant ELOUNDOU ELOUNDOU (Université de Yaoundé 1-Cameroun)

Coordonnateurs (par ordre alphabétique)

Claude FREY (Université de Paris 3-Sorbonne Nouvelle-France)

Edouard NGAMOUNTSIKA (Université Marien Ngouabi-Congo-Brazzaville)

Venant ELOUNDOU ELOUNDOU (Université de Yaoundé 1-Cameroun)