PUBLICATION DU DERNIER NUMÉRO DE GLOBE. REVUE INTERNATIONALE D'ÉTUDES QUÉBÉCOISES
« La jeunesse au Québec. Marges, institutions et représentations »
sous la direction de Lucie Guillemette (Université du Québec à Trois-Rivières) et Claire Le Brun (Université Concordia).
Comme le rappelait Pierre Bourdieu dans « La jeunesse n'est qu'un mot », les rapports entre l'âge social et l'âge biologique sont très complexes. Qu'est-ce qu'être jeune? Qui est jeune? La réponse varie selon l'époque et le lieu, selon les sociétés et même les microsociétés. Elle varie aussi en fonction des champs disciplinaires. Ainsi la définition de la jeunesse n'est-elle pas la même pour les spécialistes de la littérature de jeunesse et pour les psychologues ou les sociologues. Les articles rassemblés dans ce dossier consacré à la jeunesse au Québec font état de problématiques multiples et se déploient selon deux axes de recherche. Le premier, structurel, prend en compte les structures institutionnelles, sociales et économiques qui encadrent les jeunes en processus de constitution identitaire. Le second, culturel, s'attache aux représentations et autoreprésentations d'adolescents dans la littérature pour la jeunesse et la pratique du graffiti.
Dans un premier temps, Madeleine Gauthier dresse un panorama critique de la recherche sociologique sur la jeunesse, divisant « en quatre grandes périodes les représentations de la jeunesse qui définissent les rapports entre ceux qu'on nomme “jeunes” et les autres âges de la vie ». En adoptant la perspective de la micro-histoire, Christine Hudon et Louise Bienvenue mettent ensuite en lumière les dispositifs de contrôle de la jeunesse que révèlent la correspondance et les journaux intimes de professeurs et d'élèves du collège de Sainte-Anne au tournant du XXe siècle. Pour sa part, Sylvie Ménard examine « la place qu'occupe l'institutionnalisation dans les stratégies de contrôle de la délinquance juvénile au Québec entre les années 1869 et 1950 », en analysant plus particulièrement le cas de l'Institut Saint-Antoine. La délinquance juvénile associée aux bandes de jeunes constitue enfin l'objet d'investigation de Marc Perreault, qui s'attache au phénomène urbain lié à la présence des jeunes dans les rues. S'inscrivant dans le deuxième axe du numéro, Franck Le Coroller retrace la trajectoire identitaire de jeunes graffiteurs montréalais et cherche à rendre compte à la fois de la dimension rituelle et de la créativité de ce type d'autoreprésentation. Lucie Guillemette analyse pour sa part la figure de l'adolescente dans trois romans d'Anne Hébert et démontre que ces héroïnes, bien qu'assujetties à l'idéal amoureux des fictions du patriarcat, parviennent tout de même à énoncer leurs désirs et à poser des actions qui les transforment en de véritables sujets. Les représentations de l'adolescence sont également au centre des préoccupations de Claire Le Brun, qui propose un panorama des figures caractéristiques des romans de Raymond Plante et démontre la prégnance, au sein de ces récits, d'un éthos romantique lié à la marginalité. Enfin, l'étude de l'édition pour la jeunesse au XXe siècle proposée par Suzanne Pouliot permet non seulement d'aborder l'histoire du livre et de la lecture au siècle dernier, mais également d'évaluer l'impact des « transformations sociales qui […] se retrouvent à divers degrés dans la production éditoriale romanesque et albumique », faisant ainsi de l'édition pour la jeunesse « un lieu privilégié d'observation du changement social » (Madeleine Gauthier).
Fondée par Daniel Chartier et maintenant dirigée par Éric Trudel et Michel Lacroix, Globe, revue internationale d'études québécoises a le mandat de faire le lien entre les spécialistes québécois et les québécistes étrangers autour de thèmes pluridisciplinaires contemporains. On peut s'abonner à la revue via le site Internet sécurisé : www.revueglobe.uqam.ca. Globe, Revue internationale d'études québécoises remercie l'Université du Québec à Montréal, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Ministère des relations internationales du Québec et le Ministère du Patrimoine canadien.
Source : Manon Plante, Université du Québec à Montréal, (514) 987-3000, poste 1407, revueglobe@uqam.ca.