Questions de société

"La France veut hisser ses universités dans les classements mondiaux" (Le Monde, 2/7/8).

Publié le par Marc Escola

"La France veut hisser ses universités dans les classements mondiaux"
par Catherine Rollot, "Le Monde" du 2 juillet 2008


Figurer en bonne place dans les palmarès internationaux d'universités : tel est l'objectif de la France, qui veut pour cela se doter de son propre système de classement. Dans un rapport rendu public mercredi 2 juillet, le sénateur Joël Bourdin (UMP, Eure) analyse l'impact des palmarès mondiaux sur l'enseignement supérieur et avance des propositions pour un mode d'évaluation plus juste.

LE PREMIER ÉTABLISSEMENT FRANÇAIS EST 65e

L'apparition du classement de Shanghaï, en 2003, avait fait l'effet d'un électrochoc. Le premier établissement français n'apparaissait qu'à la 65e place de ce palmarès des 500 meilleures universités mondiales établi par l'université Jiao-Tong. Pourtant, Shanghaï fait aujourd'hui référence, malgré les critiques méthodologiques qu'il suscite. Fondé sur le nombre de prix Nobel et de médailles Fields obtenus, et sur le nombre d'articles publiés, il met en avant essentiellement les performances en matière de recherche. Les pouvoirs publics lui accordent une légitimité non négligeable, à l'instar de Nicolas Sarkozy, qui a fixé comme mission à Valérie Pécresse de "classer au moins deux établissements parmi les vingt premiers et dix parmi les mille".

Les conséquences pour les établissements ont aussi été importantes. Selon M. Bourdin, qui a mené une enquête auprès des 85 universités françaises et de 22 grandes écoles, "malgré une critique assez généralisée des indicateurs servant à construire les classements, ceux-ci sont néanmoins acceptés comme des règles du jeu par la majorité des établissements". Quelque 71 % des sondés estiment que le palmarès de Shanghaï est globalement utile et 61 % des présidents d'université et directeurs de grande école ont pour "objectif explicite d'améliorer leur rang dans ce classement". Enfin, 83 % ont pris des mesures concrètes pour gagner des places dans les classements internationaux. Selon le sénateur, le succès de ces indicateurs en France est "à la mesure des lacunes de l'information existant sur l'enseignement supérieur".

PORTAIL INTERNET

Pour contourner les faiblesses de ces classements "trop généraux", le rapporteur plaide pour la création d'un portail Internet qui regrouperait des indicateurs utiles aux étudiants, chercheurs ou entreprises. On y trouverait des données factuelles (programmes, taux de réussite, nombre de publications par université, montant des financements extérieurs...) mais aussi des indicateurs d'opinion (relations avec les professeurs, organisation des études, de la bibliothèque, préparation à l'entrée sur le marché du travail...). Ces informations permettraient ensuite des "classements à la carte" en fonction des priorités de chacun.

Cette proposition s'apparente à la démarche menée par le CHE (Centre pour le développement des écoles supérieures de Gütersloh), un think tank allemand financé notamment par le groupe de presse allemand Bertelsmann et soutenu par l'équivalent de la Conférence des présidents d'université (CPU). Cet organisme fournit des analyses multicritères par discipline, qui ne visent pas l'attribution d'une note par établissement mais permettent aux étudiants de s'informer sur la réputation des différentes formations.

Selon le rapporteur, un tel système pourrait "améliorer la transparence du système d'enseignement supérieur dans des délais assez courts et sans attendre la production d'indicateurs harmonisés européens".

Annoncée par Valérie Pécresse comme l'une des priorités de la présidence française de l'Union européenne, la création d'un "Shanghaï européen" a du mal à se concrétiser. L'idée se heurte à l'absence d'une véritable typologie des établissements européens. Or, avant de parler classement, il faut avoir déterminé ce qui est comparable. Soutenu par la Commission, un projet pilote mené aux Pays-Bas travaille sur l'élaboration de ce référentiel.