UniversitéRennes 2
Campus Villejean
Bâtiment Mussat, salle Alpha, entrée libre
Journéedoctorale
Vendredi 23octobre 2009
Études de la forme dialogique des écrits d'artistes : Les correspondances
La question des rapports entre l'artiste et ses écritsoccupe une place déterminante dans l'analyse et lacompréhension de sa création. Quelle que soit leur forme – des textes critiques aux réflexions philosophiques, en passant parles notes de projets, entretiens, journaux etcorrespondances – ces écrits révèlent la fonction particulière del'énonciation dans le contexte de la création. De même, dans uneapproche poïétique, l'écriture, destinée ou non à être publiée,peut accompagner la production.
Le choix d'étudier les correspondances des artistesquestionne plusieurs aspects du rapport à la création. L'ambitiondu programme de cette journée d'étude est d'interroger lesécrits d'artistes au regard de la présence particulière d'undestinataire. Les différentes interventions auront pour but desouligner le caractère singulier des échanges au sein des écrits d'artistes. Dans quelle mesure le récepteur est-il présent dans lacréation d'une parole ? Comment se révèlent les multiplesinfluences et filiations dans ces échanges ? Comment percevoir lecrédit accordé à ce type de publications ? Le passage àl'écriture numérique transforme-t-il la relation à lacorrespondance ? Enfin, quel statut accorder aux correspondances fictives menées par certains artistes, au titre d'une démarche plastique ?
L'ambition du programme de cette journée d'étude estd'interroger les écrits d'artistes au regard de la présence particulière d'un destinataire. Correspondances croisées, lettres ouvertes, règlements decomptes, stimulations intellectuelles, stratégies professionnelles, autantd'aspects que les différentes communications auront pour but de souligner : descorrespondances de Paul Cézanne à celles de Jean-Baptiste Farkas, en passant parcelles de Jean Dubuffet, de Victor Brauner ou de Daniel Buren – ainsi que par des contextes aussi différents que celui de la revue d'artiste ou encore celuide la musique électroacoustique.
10h00 > 10h15
Accueil etouverture de la journée, Lise Lerichomme et Camille Fosse
10h15 > 10h35
John Raby
La Cigarette contre l'Aubier - correspondances entreJean Dubuffet et Witold Gombrowicz.
Dans l'agitation de 1968, Jean Dubuffet et WitoldGombrowicz se découvrent un
but commun : lutter contre l'Asphyxiante culture. Leurcorrespondance s'ouvre
alors sur une fraternisation mais peu à peu, les deuxhommes vont réaliser qu'ils
s'opposent autant qu'ils se ressemblent. S'ensuivra unduel rhétorique de haute
volée où de nombreuses questions seront évoquées. Tantôtconsidéré comme
une défaite du nihilisme Gombrowicien, ou, au contraire,comme une gifle zen
insufflée au peintre, cet échange permet de déterminerles profondes
divergences entre deux artistes pourtant si proches.
John Raby est allocataire-moniteur en arts plastiques àl'université Rennes 2. Il
prépare une thèse Sous la direction de Leszek Brogowskisur le système
parodique du musicien-réalisateur-performer américainFrank Zappa.
10h35 > 10h55
Camille Fosse
Victor Brauner et le surréalisme : une rupture parcorrespondance
Le 8 novembre 1948, Victor Brauner se voit brutalementexclu du groupe
surréaliste. Les lettres qui précèdent et succèdent larupture sont riches
d'enseignement. Il s'agira de montrer comment ceséchanges épistolaires jouent
un rôle d'une importance majeure dans la compréhensiondu fonctionnement
interne du groupe surréaliste, dont les exclusions,menées sous l'autorité de
Breton, caractérisent l'histoire, depuis celles d'Artaudet de Soupault en 1926.
Camille Fosse est doctorante et ATER en arts plastiquesà l'université Rennes
2. Sous la direction de Christophe Viart, elle consacresa thèse, L'objet familier
et sa représentation contemporaine, à la question de laprésence d'objets
familiers dans les pratiques artistiques contemporaines.
10h55 > 11h15
Sarah Katrib
L'élaboration de la théorie de l'art de Cézanne dans sacorrespondance : de la sensation à la formulation
D'après les témoignages d'artistes, de collectionneurset de marchands, Paul
Cézanne n'aimait pas parler de son art et se méfiait desthéories et des
doctrines. On s'intéressera alors à la spécificité de laforme épistolaire chez
Cézanne, comme support privilégié de l'expression d'unepensée en formation,
éloignée de tout dogmatisme. On se demandera dans quellemesure la
méfiance du peintre à l'égard de la théorisationcorrespond à sa conception de
l'art comme recherche permanente pour « arriver àformuler suffisamment les
sensations », et comme expression de l'émotion et de lanature.
Sarah Katrib est doctorante et chargée d'enseignement enlittérature comparée
à l'université de Strasbourg II. Sous la direction dePascal Dethurens, sa
recherche porte sur le lien entre la création etl'éthique dans les oeuvres de D.H.
Lawrenceet de Romain Rolland.
11h15 > 14h00
Discussion
Pause déjeuner
14h00 > 14h20
Marie Boivent
Entre public et privé. La correspondance dans les revuesd'artistes.
Les années 1960 voient se développer un engouement sansprécédent des artistes
pour la forme « revue », en tant que lieu privilégié dediffusion pour leur travail. Le
principe de la souscription permet à qui le souhaite dedevenir « destinataire ». Les
artistes revuistes ne renoncent pas pour autant àétablir une relation privilégiée avec
des abonnés qu'ils ne connaissent pas toujours, et ilest parfois surprenant de
constater à quel point l'éditorial, voire le contenutout entier des revues, ressemble
davantage à un échange épistolaire privé, qu'à l'écritpar nature « public » d'un
périodique. En s'appuyant sur quelques exemples derevues réalisées par des
artistes, il s'agira d'interroger le statut de certainstextes, entre missives amicales et
pratiques artistiques à part entière, ainsi que lesliens particuliers qui se tissent entre
les éditeurs et les abonnés de telles publications.
Marie Boivent est agrégée d'arts plastiques. Elleenseigne à l'université Rennes 2 où
elle termine une thèse de doctorat portant sur lesrevues d'artistes depuis les années
1960 (sous la direction de Leszek Brogowski). Elle aorganisé une exposition
consacrée à ce sujet en 2008 à Rennes et à Fougères etcoordonné le catalogue,
Revues d'artistes, une sélection, publié à cetteoccasion (co-édition Arcade/Lendroit).
14h20 > 14h40
FlorenceJaillet
La lettre ouverte et ses destinataires chez Daniel Buren
La lettre ouverte, genre qui subvertit les règlesclassiques de l'échange épistolaire,
est une forme de correspondance qui jalonne le parcoursde Daniel Buren depuis les
années soixante. Nous proposons, à travers quelquesexemples, d'étudier l'usage
qu'en a fait l'artiste, et d'observer les modalités parlesquelles il intègre une
dimension dialogique et performative à ces missivesdestinées à la lecture publique.
Florence Jaillet est docteure en histoire de l'artcontemporain à l'université Grenoble
II, où elle a soutenu sa thèse en 2006 sur Les Ecrits deDaniel Buren et la réception
de son oeuvre, sous la direction de Thierry Dufrêne.
14h40 > 15h00
Pause
15h00 > 15h20
MathieuHarel-Vivier
La rumeur et le faux. Correspondances croisées : lagenèse du projet de Jean-Baptiste Farkas
Les correspondances qu'entretiennent Jean-BaptisteFarkas, Jean-Jaques
Leroux, Raphaëlle Jeune livrent pas à pas l'élaboration d'uneexposition au
centre culturel Colombier, à l'occasion des Ateliers deRennes-Biennale d'art
contemporain. Dès 2000, l'artisteJean-Baptiste Farkas entreprend la rédaction
des IKHEA©SERVICES : « mode d'emploi de 68passages à l'acte » pour agir
« sur le monde dans lequel nous vivons ». L'oeuvrecommanditée par J.-J. Le
Roux directeur du centre culturel apparaît a priori danssa forme écrite avant
d'être visible. En effet, l'activation des protocolesformulés par Farkas engage
bientôt le travail d'un autre artiste : Simon Starling.
Artiste et doctorant en arts plastiques à l'universitéRennes 2, Mathieu Harel-
Vivier prépare une thèse intitulée Image Photographique,réalité et abstraction
sous la direction de Christophe Viart.
15h55 > 16h15
Frédéric Dufeu
L'échange écrit dans la création musicaleélectroacoustique. Étude des correspondances entre compositeurs et assistants à laréalisation des oeuvres
Dans les musiques électroacoustiques, la création desoeuvres implique un
savoir-faire technologique pouvant largement dépasser lemétier du
compositeur. La collaboration avec un assistantspécialiste de domaines comme
l'informatique, l'acoustique ou le traitement de signalest alors nécessaire à
l'accomplissement du projet artistique. À partir d'unquestionnaire adressé à
cinq réalisateurs en informatique musicale de l'Ircam,cette communication doit
évaluer la place que peut occuper la correspondance dansle travail collectif au
sein d'un institut dont l'objectif principal estprécisément de permettre
l'interaction entre recherche technologique etproduction artistique.
Frédéric Dufeu prépare une thèse en musique etmusicologie intitulée Mémoires
artificielles et outils de création musicale, sous ladirection d'Antoine Bonnet à
l'université Rennes 2. Ses activités musicales sontprincipalement consacrées à
la programmation d'environnements informatiques enrelation au jeu
instrumental.
16h15 > 17h00
Discussion
Clôture, Camille Fosse et Lise Lerichomme