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La fiction d’affaires et la fiction économique: des objets populaires non-identitfiés ou OpNI culturels

La fiction d’affaires et la fiction économique: des objets populaires non-identitfiés ou OpNI culturels

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Chris Reyns-Chikuma)

Appel à textes/Call for Papers pour la revue Belphégor (http://etc.dal.ca/belphegor)

La fiction d’affaires et la fiction économique: des objets populaires non-identitfiés ou OpNI culturels

Dans un article intitulé “Workplace Fiction That’s True to Life” [La Fiction du monde du travail qui est authentique] publié dans le New York Times du 16 avril 2011, le journaliste Bryan Burrough se demande “I’ve often wondered why there aren’t more strong works of fiction dealing with the business world.” [Je me suis souvent demandé pourquoi il n’y avait pas plus d’œuvres de fiction fortes portant sur le monde des affaires]. Chaque année on peut lire au moins un article similaire dans un grand journal ou magazine se plaignant du manque de romans, ou de fictions en général, traitant des affaires et des aspects économiques. Ces plaintes sont partiellement fondées puisque ce qui pourrait s’appeler une fiction d’affaires ou fiction économique semble rare. Mais ces fictions sont-elles vraiment si rares? En fait, au moins depuis Balzac avec César Birotteau [1836] et Zola avec L’Argent [1890], il existe une quantité non négligeable de fictions qui correspondraient à ce “genre”. Si la culture de langue française (et en général les autres cultures continentales européennes—italienne, allemande, …) semble avoir arrêté d’en produire un grand nombre, certainement en ce qui a trait à des productions qui pourraient être considérées comme populaires (avec quelques exceptions comme L’Imprécateur [1973] de René-Victor Pilhes, les fictions “industrielles” de Paul-Loup Sulitzer, la série BD de Largo Winch, la série télévisée Le bureau (imitée de The Office; pour ne parler que de pays de langue française ici), d’autres traditions culturelles et linguistiques, particulièrement japonaises et anglo-saxonnes, ont produit un grand nombre de ces fictions. Beaucoup d’entre elles sont devenues très populaires. Des romans à un sou de Horatio Alger au Financier de Theodore Dreiser [1912] aux bestsellers épico-capitalistes de Ayn Rand [dès les années 1950], aux fictions contemporaines comme Nice Work [1986; Jeu de société, 1987] de David Lodge, The Invisible Heart: An Economic Romance [2001] de Russell Roberts, et les romans et films de Wall Street à la série Mad Men aux USA, et des “novellas” comme Shoshaman: A tale of Corporate Japan de Shinya Arai aux romans graphiques comme Japan, Inc. de Shotaro Ishinori au Japon, les fictions populaires traitant des affaires économiques dans tous les médias-arts (livres, films, séries télé, bd, …) sont en fait très populaires, aux deux sens de ce mot.Là où la critique journalistique a probablement raison c’est que, sauf pour certains noms célèbres (comme Tom Wolfe aux USA avec ses fictions “économiques”—A Man in Full/ [1998]), la plupart de ces fictions, et le genre en général, ont rarement été pris au sérieux par les intellectuels et moins encore par les universitaires. Depuis la première étude systématique de W.F. Taylor, The Economic Novel 1942-64 [1942, 1e éd.], peu d’études universitaires et aucun numéro spécial sur ce “genre” ont été publiés sur ce sujet.

Ce numéro spécial de Belphégor se propose d’étudier le “genre”/thème et quelques-uns de ses exemples dans diverses cultures/langues. Les sujets suivants ne sont pas exhaustifs: Est-ce que ces fictions économiques constituent un genre? Si oui, quelles en sont les caractéristiques? Y a-t-il une différence entre la fiction économique et la fiction d’affaires? Pourquoi y a-t-il [eu] si peu d’études publiées sur ce thème/genre? Qu’est-ce que ce peu d’intérêt dans certaines cultures/langues révèle de ces sociétés?  Quelles différences peut-on voir entre les cultures qui au 20e siècle ont une tradition forte et d’autres moins productives dans ce domaine?  Les productions américaines sont-elles plus pro-business/pro-affaires que les productions françaises? Les intellectuel[le]s ne veulent-ils/elles ou peuvent-ils/elles plus traiter d’économie? Est-ce devenu un sujet trop complexe? Cela annonce-t-il une troisième scission après celle des “deux cultures” [C.P. Snow]? Les approches privilégiant les corpus portant sur les littératures populaires et les cultures médiatiques et venant de toutes les traditions linguistiques et culturelles sont les bienvenues.

Propositions à envoyer avant le 30 juillet 2013 à Chris Reyns-Chikuma, reynschi@ ualberta.ca ET Matthieu Letourneux, mletourneux@free. fr