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La Fabrication de l'auteur

La Fabrication de l'auteur

Publié le par Julien Desrochers

Appel de communications

Colloque international

LA FABRICATION DE L'AUTEUR

 

Université de Sherbrooke, campus Longueuil, Québec

Du 13 au 16 juin 2006

Les responsables du colloque « La Fabrication de l'auteur » ont le plaisir de vous inviter à soumettre une proposition de communication. Organisé en juin 2006, au campus Longueuil de l'Université de Sherbrooke, ce colloque international réunira plus d'une trentaine de conférenciers.

Présentation:

 

En 1968, dans son texte manifeste désormais célèbre, Barthes proclamait que « la naissance du lecteur » devait « se payer de la mort de l'auteur[1]. » Quelque 35 ans plus tard et malgré une multitude de débats qui amenait Antoine Compagnon à avancer que « le point le plus controversé en études littéraires, c'est la place qui revient à l'auteur[2] », tout n'est pas dit concernant cette figure. À la suite de Frédéric Barbier, on pourrait au contraire affirmer que « l'auteur reste bien, à nombre d'égards, le personnage le plus mal connu de ce que nous pourrions appeler le "système-livre"[3]. »

 

Le colloque sur « La fabrication de l'auteur » se propose d'aborder la figure de l'auteur, tant du point de vue de la théorie littéraire que de celui de la sociologie de la littérature. De plus en plus, on tend à comprendre la notion d'auteur comme une construction (relayée et étayée par tous les agents du champ, de l'auteur au lecteur lui-même), qui finit par produire, comme l'écrivait déjà Foucault en 1969, un « certain être de raison qu'on appelle auteur[4] ». Mais comment cette construction s'opère-t-elle concrètement? Quel effet produit-elle dans le champ littéraire? Car en définitive, on ne peut qu'être d'accord avec Rémy Ponton lorsqu'il écrit que l'auteur moderne a délaissé son statut d'artisan pour devenir un créateur, « avec ce que cela implique de puissance mystérieuse et donc de capital symbolique inestimable[5]. »

 

 

Objectifs et structure du colloque:

 

Le colloque a pour but premier de démystifier la figure paradoxale - à la fois omniprésente et méconnue - de l'auteur, en le replaçant dans une problématique qui conçoit le monde du livre de façon systémique. Les communications devront se situer dans l'un des trois axes suivants :

 

1.       Axe relationnel :

Le grand-père du narrateur des Mots de Sartre voyait son éditeur comme un « ennemi mortel » : « quand il recevait, par mandat, le montant de ses droits d'auteur, il levait les bras au ciel en criant qu'on lui coupait la gorge ou bien il entrait chez ma grand-mère et déclarait sombrement : "Mon éditeur me vole comme dans un bois"[6]. » Ce qui amenait le narrateur à commenter : « Pourquoi fallait-il que les éditeurs, ces vampires, le déparassent en buvant le sang de mon pauvre grand-père[7]? » En 4e de couverture de l'un de ses derniers essais, l'éditeur Hubert Nyssen s'exclame quant à lui : « Oh oui, les écrivains sont des monstres[8]. » Comment l'auteur se positionne-t-il par rapport aux autres agents de la chaîne du livre? Quel lien l'unit aux éditeurs, imprimeurs, traducteurs, libraires, diffuseurs, critiques, lecteurs? Quelles formes particulières de sociabilité développe-t-il?

 

2.       Axe identitaire :

Qu'est-ce qu'un auteur? Qu'est-ce qu'un écrivain? Ces questions, maintes fois posées, apparaissent insolubles. Pourtant, elles sont à la base d'une saisie identitaire de l'écrivain. En clair, cet axe vise à « comprendre à quelles conditions un sujet peut se dire "je suis écrivain", ce qu'il entend par là, et ce qui lui permet d'être entendu correctement - sans trop de malentendus - par autrui[9]. » Les communications de cet axe pourront également porter sur des notions plus spécifiques, telles l'écriture au féminin, l'écriture migrante, etc.

 

3.       Axe représentatif :

Si l'auteur est une construction, comment cette construction s'érige-t-elle? Cette figure entre-t-elle en symbiose ou en discordance avec le statut matériel de l'auteur? Quelles stratégies littéraires en sont à la base? Les postulats énoncés par Michel Foucault concernant la fonctionauteur n'apparaissent pas simultanément dans l'histoire. Quand et pourquoi les quatre caractéristiques de la fonctionauteur se mettent-elles en place? Comment concrètement l'auteur est-il devenu créateur? Comment, historiquement, s'est-il doté d'autorité? De quelle façon l'iconographie, notamment à travers les photographies d'écrivains, influence-t-elle le sens donné à la figure de l'auteur?  Qu'en est-il, au surplus, de la représentation de l'auteur dans la fiction? La question est d'importance car, comme le note Roseline Tremblay, « qu'il soit réel ou fictif, l'écrivain, depuis le XIXe siècle, préside à sa propre littérature. [...] Alors qu'il devrait disparaître derrière le Texte, la réitération de sa présence au sein de sa propre création est en soi suspecte. L'écrivain ne se trouve pas ainsi glorifié, mais bien pointé du doigt [10]. »

 

 

Présentation des propositions de communications :

 

Les propositions de communications devront contenir les renseignements suivants :

 

Sur la première page :

Nom et coordonnées complètes du présentateur

 

Sur la deuxième page :

Axe dans lequel se situe la communication

Titre de la communication

Résumé de la communication (maximum 150 mots)

 

 

Les propositions de communications seront évaluées par les membres du comité scientifique et les membres du comité organisateur. Elles devront être envoyées avant le 15 avril 2005 par la poste ou par courrier électronique à l'adresse suivante :

 

Marie-Pier Luneau 

Département des lettres et communications

Faculté des lettres et sciences humaines

Université de Sherbrooke

Sherbrooke, Québec (Canada)

J1K 2R1

Marie-Pier.Luneau@USherbrooke.ca

(819) 821-8000 poste 2237 

 

 

Comité organisateur

 

 

Université de Sherbrooke

 

Marie-Pier Luneau

Josée Vincent

Frédéric Brisson

Isabelle Gagnon

 

 

Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

 

Jean-Yves Mollier

Diana Cooper-Richet

 

 

Comité scientifique

 

Micheline Cambron, Université de Montréal

Leslie Howsam, Université de Windsor

Yvan Lamonde, Université McGill

Éric Leroux, Université de Montréal

Lucie Robert, Université du Québec à Montréal

Denis Saint-Jacques, Université Laval

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[1] Roland Barthes, « La mort de l'auteur », 1968, repris dans Le Bruissement de la langue, Paris, Le Seuil, 1984, p. 69.

[2] Antoine Compagnon, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Le Seuil, 1998, p. 51

[3] Frédéric Barbier, « Chez les Levrault : un éditeur et ses auteurs, années 1820-1870 », Revue française d'histoire du livre, 2002, p. 79.

[4] Michel Foucault, « Qu'est-ce qu'un auteur? », Bulletin de la Société française de Philosophie, LXIV, 1969, p. 85.

[5] Rémy Ponton, « Auteur », Le Dictionnaire du littéraire, Paul Aron, Denis St-Jacques et Alain Viala dir., Paris, PUF, 2002, p. 31.

[6] Jean-Paul Sartre, Les Mots, Paris, Gallimard, 1964, p. 38.

[7] Ibid., p. 39.

[8] Hubert Nyssen, Sur les quatre claviers de mon petit orgue. Lire, écrire, découvrir, éditer, Montréal, Leméac /Actes Sud, 2002, 4e de couverture.

[9] Nathalie Heinich, Être écrivain. Création et identité, Paris, La Découverte, 2000, p. 12.

[10] Roseline Tremblay, L'écrivain imaginaire. Essai sur le roman québécois 1960-1995, Montréal, HMH, 2004, p. 25-26.