Questions de société

"La dette étudiante, une bombe à retardement", par Christopher Newfield (Le Monde diplomatique, septembre 2012)

Publié le par Bérenger Boulay

[ Lire également États-Unis: la dette étudiante dépasse 1000 milliards de dollars (revue de presse - juin 2012) ]

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"La dette étudiante, une bombe à retardement"

Un article de  Christopher Newfield sur les universités des Etats-Unis,  paru dans le Monde diplomatique de  septembre 2012

Dans l’interminable feuilleton de la crise du capitalisme américain, la dette étudiante succédera-t-elle aux subprime ? Estimée à plus de 1 000 milliards de dollars, elle a doublé au cours des douze dernières années, au point de dépasser désormais le volume des achats par carte de crédit. En 2008, les créances moyennes des nouveaux diplômés s’élevaient à 23 200 dollars — à peine moins s’il sortait d’une université publique (20 200 dollars). Dans un contexte économique difficile, marqué par un taux de chômage élevé, un nombre croissant d’entre eux se trouvent dans l’incapacité de rembourser leurs prêts. Le taux de défaut de paiement des étudiants — qui ne peuvent pas recourir à une procédure de faillite individuelle — est passé de 5 à 10 % entre 2008 et 2011.

L’accroissement spectaculaire de leur dette relève d’une combinaison de plusieurs facteurs. Le premier tient à l’histoire de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis. Héritiers des collèges religieux et des universités de recherche fondés au XIXe siècle par de riches mécènes — à l’instar de Cornell, de Johns Hopkins, des universités de Chicago ou Stanford —, les grands établissements privés comptent, depuis leur fondation, parmi les plus chers du monde : une année d’études à Harvard coûte en moyenne 36 000 dollars (52 650 dollars si l’on inclut les frais de subsistance). Or ce sont eux qui définissent le prix du marché. La concurrence généralisée entre facultés pour attirer le maximum d’étudiants les incite à multiplier les dépenses afin de proposer des prestations comparables à celle d’une institution comme Harvard. Les subventions de l’Etat ne suffisant pas, les directions reportent une part des coûts sur les droits d’inscription, toujours plus élevés. Même les universités publiques ne font plus exception : initialement créées pour offrir une solution de rechange quasi gratuite au réseau privé, elles peuvent désormais facturer jusqu’à 13 000 dollars par an et par élève. L’idéal des origines s’est évaporé, et, pour les étudiants, la facture ne cesse de s’alourdir. (...)

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