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La dépossession territoriale entre politique et poétique

La dépossession territoriale entre politique et poétique

Publié le par Marielle Macé (Source : Basma El Omari)

Journées détude
La dépossession territoriale entre politique et poétique


Date : 14 et 15 avril 2003 de 9h00 à 17h00
Lieu : Université du Québec à Montréal. Salle DS-M280 du Pavillon J.-A. De Sève (320, rue Sainte-Catherine Est)


Lobjectif de cette rencontre est dexaminer la notion de dépossession territoriale dans toutes ses dimensions : politique et juridique, historique et géographique, psychanalytique et littéraire. Il sagit de savoir quelles sont les formes et représentations de la dépossession territoriale qui se pratique encore aujourdhui en confrontant différentes approches et différentes situations actuelles (Amériques, Afrique du sud, Palestine, etc.) afin darriver à identifier les spécificités dune telle notion et les questionnements quelle engendre sur le lieu natal, lidentité, la culture, la langue, etc.


La dépossession territoriale devient, dans la foulée des études post-modernes et post-coloniales, un lieu plutôt de métaphore oblitérant parfois le sens propre ou le lieu réel de lexclusion. Cest pourquoi nous nous intéressons à examiner le sens de labsence du territoire et son expression chez les peuples sans terre. Au moment où on parle de lentrecroisement des frontières, des territoires en mouvement, (territoire culturel, langagier, etc.), de déplacement et de migration, des peuples sont dépourvus de territoires et de frontières et enfermés dans des réserves ou camps de réfugiés. La question du politique est donc fondamentale pour examiner ces notions. Car, la dépossession territoriale qui nous intéresse ici est un des mécanismes, parfois latent, du colonialisme interne comme dans les Amériques, ou classique et même trop manifeste comme au Moyen-Orient.


Les peuples sans terre (et non pas des groupes ethniques ou minoritaires mais bien des peuples) sont ceux qui ont perdu leurs terres et leurs territoires et sont devenus réfugiés, apatrides, citoyens de second degré, etc., suite à une guerre, à un génocide, à un « transfert » ou une déportation pour que dautres peuples sapproprient la même terre, le même territoire, et en fassent un pays, une histoire et une géographie. Ils sont ceux qui aspirent non pas à inventer une terre ou à conquérir le territoire de lautre, mais à récupérer leur propre territoire sur lequel ils ont toujours vécu et ont fait leur histoire. Ce sont ceux dont on traite les propos, lorsquils parlent de leur appartenance ou expriment leur revendication, de particularisme ou dessentialisme.


On parle moins de territoire, du droit dappartenir à sa terre que des phénomènes dhybridité, de métissage, de mouvement, de la ville ou du lieu du multiple. On sintéresse moins à la dépossession dun peuple de sa terre natale quà limportance des négociations obligeant ces peuples à céder davantage de territoires pour oublier définitivement quils avaient, un jour, une histoire et une géographie. Au moment où on parle des nouveaux rapports à lespace pour créer de nouvelles identités, on ignore que certains peuples nont pas le droit davoir un rapport, ancien ou nouveau, à leur propre espace.


Ces journées doivent permettre de penser une différente vision du rapport à lespace en partant de cette notion de dépossession territoriale, et dessayer dintégrer ce rapport particulier à labsence du territoire dans les champs détudes portant sur la complexité de lespace (terre ou territoire). La confrontation des différentes approches permettra ainsi de constituer un réseau académique et scientifique sur ces questions.


Programme :
14 avril : de 9h00 à 14h30
- Rémi Savard (Anthropologue), Dépossession territoriale : le cas des premiers peuples américains
- Daniel Arsenault (UQAM), Et puis..., la terre appartient-elle à quelqu'un ?
- Jean Morisset (écrivain et géographe), Le Canada et le grand chant de la dépossession territoriale...
- Richard Kistabish (Pikogan), Cest à moi !
- Jeanne-Mance Charlish (Mashteuiach), Qua-t-on fait de nous ?
- Anne Latendresse (UQAM), Oslo ou la dépossession territoriale légitimée ?
- Véra Klauber (U. Laval), Quand la désindustrialisation reconfigure le territoire urbain


15 avril : de 9h00 à 15h00
- Isaac Bazié (UQAM), Le cercle de chaux : dépossession territoriale et contraintes identitaires dans le contexte colonial africain
- Josias Semujanga (U. de Montréal), De la dépossession territoriale au génocide des Tutsi du Rwanda (1959-1994)
- Basma El Omari (UQAM), La dépossession ou la blessure irréparable de lHistoire,
- Simon Harel (UQAM), Le territoire : espace anachronique ?


14h00 à 15h00
Table Ronde : Des paradoxes de la dépossession proposée et animée par Bogumil Jewsiewicki Koss (U. Laval).


Ces journées d'étude sont organisées par Basma El Omari pour l'équipe Le Soi et l'autre et le Centre interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT) à l'UQAM
http://www.fl.ulaval.ca/celat/
http://www.er.uqam.ca/nobel/soietaut/