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La Curiosité à la Renaissance

La Curiosité à la Renaissance

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Alice Vintenon)

 JOURNEE D'ETUDES : La Curiosité à la Renaissance

Etymologiquement dérivée de cura, le "soin", la curiosité apparaît tantôt comme un louable désir de connaître, manifestant la dignitas hominis, tantôt comme la recherche insatiable de vaines nouveautés ou de vérités hors de portée de la condition humaine. Dans notre imaginaire collectif, les plaidoyers exaltés des humanistes pour les disciplines restituées, pour les découvertes philologiques et scientifiques font de la Renaissance un âge d'or de la bonne curiosité. Pourtant, l'enthousiasme de cette époque ne va jamais sans une profonde réflexion sur les limites de la connaissance : l'héritage augustinien semble amener ces mêmes humanistes à censurer cet appétit de savoir, soupçonné d'être le ferment de l'orgueil et de faire oublier la priorité de la foi. Cette valorisation de l'humilité s'inspire également du modèle antique de Socrate, auquel Erasme attribue le mérite d'avoir " détourné les hommes de la curiosité pour des sujets qui ne le concernent pas" (Apophtemes III, Socratica 22), comme les sciences de la nature, au profit des investigations apparemment plus modestes de la morale. L'expression de l'ambivalence de la libido sciendi est portée à son comble dans le propos paradoxal du De incertitidine et vanitate omnium scientiarum d'henri-Corneille Agrippa (1530), qui accumule de manière encyclopédique la totalité des doctrines et des disciplines développées par l'homme afine de démonter leur vanité : la simplicité d'esprit est valorisée comme l'attitude la plus proche de la sainteté. Quels critères sont alors utilisés pour distinguer bonne et mauvaise curiosité? Si la ligne de partage semble parfois se superposer aux frontières disciplinaires, en condamnant par exemple des sciences aux objets extraordinaires ou lointains comme l'astrologie ou  la divination, les travaux de Jean Céard ont montré que certains philosophes de la Renaissance mettaient parfois en question, de manière plus générale, le pertinence de l'assimilation de la curiosité à la rareté et se demandaient si les "merveilles" dignes d'investigation devaient être recherchées dans les phénomènes execptionnels ou dans les réalités quotidiennes. Il faut donc, on le voit, réinterroger sans cesse les valeurs données à la curiosité au cours de la Renaissance. Pour couronner les scéances du séminaire "Polysémies. Littéraures, arts et savoirs de la Renaissance", consacré en 2011 à la notion de curiosité, la présente d'une journée d'études cherchera à poursuivre la reflexion sur les représentations du curieux à la Renaissance, sur les différents objets de curiosité, et sur l'évolution de cette notion dans l'histoire des idées.

Programme

MATINEE (Salle Paul Celan)

8h45 Accueil des participants et petit-déjeuner de bienvenue

9h Introduction par Isabelle PANTIN (ENS) et arnaud LAIME (Paris VIII)

1. DEFINITIONS

Présidence Isabelle PANTIN (ENS)

9h15 Nathaël ISTASSE ( Bibliothèque royal de Bruxelles et E.P.H.E.) : Aspects lexicologiques de la curiosité depuis l'Antiquité.

10h Jean CEARD (Université Paris Ouest Nanterre La  Défense) :  De la curiosité aux curiosités

2. LA CURIOSITE POUR LE MONDE

Présidence : Adeline DESBOIS (Paris IV)

11h Marie- Christine GOMEZ-GERAUD ( Université Paris Ouest Nanterre La Défense) : La curiosité, qualité du voyageur? Enquètes sur la littérature viatique au XVIe siècle

11h45 Isabelle de CONIHOUT ( Bibliothèque Mazarine) : Quinze ans après : retour sur l'exposition " Collections encyclopédiques et cabinet de curiosité"

12h30 Déjeuner

APRES-MIDI ( Salle Samuel Beckett)

3. BONNE ET MAUVAISE CURIOSITE

Présidence : Alice VINTENON ( Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

14h30 Bénédicte BOUDOU (Université d'Amiens) et Nadia CERNAGORA (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) : La curiosité nonchalante chez Montaigne

15h15 Nicolas CORREARD (Université de Nantes) : La mise en scène de la curiosité impie dans les satires lucianesques (1546-1565)

4.LA CURIOSITE EN SES MYTHES

Présidence : Rachel DARMON (Paris VIII)

16h15 John NASSICHUCK (Université Western Ontario) : Spectacles de la curiosité dans le Charon de Giovanni Pontano

17h Thibaut MAUS DE ROLLEY (Oriel College, Oxford) : Icare et l'astronome : vol et curiosité chez les mythographes de la Renaissance

17h40-18h Table ronde conclusive animée par Patricia FALGUIERES ( EHESS)

Journée organisée avec le soutien du département littérature et langages de l'ENS de Paris, du CSLF de L'université Paris Ouest Nanterre La Defense et de l'université de Paris VIII.

Equipe organisatrice : Rachel DARMON(Paris VIII), Adeline DESBOIS (Paris IV), Arnaud LAIME (Paris VIII), Alice VINTENON (Université Paris Ouest La Défense) contact : polysemies@yahoo.fr

Adresse de la manifestaion:

Ecole Normale Supérieure

45 rue d'ULM

75005 PARIS

Entrée libre et gratuite