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La Critique à l’écran II. Filmer la littérature

La Critique à l’écran II. Filmer la littérature

Publié le par Dominique Vaugeois
  • Jeudi 28 mars, Amphithéâtre de la Présidence, UPPA
  • Vendredi 29 mars, Médiathèque André Labarrère

Organisateurs : Sylvain Dreyer (UPPA) et Dominique Vaugeois (Rennes 2)

Comité scientifique :

  • Carole Aurouet (Université Paris-Est-Marne-la-Vallée),
  • Gilles Mouëllic (Université Rennes II),
  • Bernard Vouilloux (Sorbonne Universités)

Lors de la première édition de ce colloque intitulée « La critique à l’écran I – Les arts plastiques », nous entendions faire la lumière sur la notion de « film sur l’art », en mettant en avant la dimension critique de ce genre cinématographique. Cette nouvelle édition, abordera les « films sur la littérature », notion plus difficile à cerner et dont il n’est même pas sûr qu’elle constitue un genre. Est-ce parce que l’image audiovisuelle et la littérature ne bénéficient pas des liens de proximité qui peuvent exister entre deux médiums essentiellement visuels ? Ou, au contraire, parce que le film de fiction, par le biais de l’adaptation, entretient historiquement avec l’œuvre littéraire un riche compagnonnage qui monopolise l’attention portée aux relations entre littérature et cinéma ?

Pourtant, d’emblée, le corpus paraît foisonnant, mais encore peu connu et étudié. Nous souhaitons en particulier mettre l’accent sur les émissions qui ont marqué l’histoire de la télévision, à commencer par Lectures pour tous présentée par Pierre Dumayet, Pierre Desgraupes et Max-Pol Fouchet sur la RTF à partir de 1953 ou encore Apostrophes, Ouvrez les guillemets et Bouillon de culture présentées par Bernard Pivot. La télévision a également produit plusieurs émissions passionnantes sur la littérature et les écrivains, en particulier « Un siècle d’écrivains » et les multiples séries documentaires dans lesquelles s’est notamment illustré Robert Bober (« Lire c’est vivre », « Lire et écrire », « Lire et relire », « Correspondances »). Nous espérons également attirer l’attention sur l’oeuvre singulière de cinéastes comme Richard Dindo (Rimbaud, Genet, Aragon, Kafka) et André
S. Labarthe (Simenon, Bataille, Sollers, Artaud, Réverzy, Schulz). Un point sur la stratégie de certains éditeurs de DVD serait également bienvenu : nous pensons par exemple à la collection « Montparnasse/Regard ». Enfin, les quelques réalisations portant directement sur la critique littéraire pourront être abordées, en particulier les films de Thierry Thomas ou de Philippe Collin sur Roland Barthes.

Au sein de ce vaste corpus, nous nous limiterons aux productions faisant œuvre de critique. Sans vouloir définir de manière trop restrictive le concept de critique, nous pouvons poser provisoirement qu’il s’agit de films qui développent un point de vue axiologique spécifique, allant de l’éloge à l’éreintement, mais aussi qui articulent un discours spécialisé et analytique à propos d’un texte, d’un auteur, d’une école ou de la littérature en général. Tout questionnement sur la critique passe par une réflexion sur la citation et les modes de convocation des textes critiqués : lecture en voix-off ou lecture incarnée (par l’auteur, des comédiens ou autres), apparition scripturale du texte à l’écran (manuscrit, tapuscrit, livre édité, incrustation vidéo, etc.).

La question fondamentale qui nous préoccupe est celle de la différence entre critique filmée et critique écrite traditionnelle. Le « film sur la littérature », à la différence de films portant sur d’autres moyens d’expression artistiques, pose immédiatement la question de sa légitimité : si la critique filmique se limite à un discours mis en images à propos de tel texte ou de tel auteur, quel intérêt peut-il y avoir à mobiliser le dispositif audiovisuel ? Le film sur la littérature peut alors être suspecté de tendre à une vulgarisation excessive ou de contribuer au culte de quelques auteurs starifiés.

À l’inverse, la critique filmée apparaît comme une opportunité permettant de construire une autre forme de pensée sur la littérature : une pensée qui semble renoncer en partie à la puissance de l’analyse langagière, certes, mais une pensée qui a l’immense avantage de recourir à l’incarnation, à travers la présence du corps de l’auteur, mais aussi de celui des critiques, des libraires et des simples lecteurs, voire des personnages fictifs ou même des idées. Comment représente-t-on l’écrivain ? Il conviendra de s’interroger sur les grandes évolutions de cette tendance à l’incarnation et également à la place grandissante accordée aux lecteurs. Le film sur la littérature apparaît ainsi comme une forme paradoxale permettant de donner à voir et entendre la littérature.

Cette réflexion centrale débouche sur plusieurs questions connexes :

Nous essaierons de rendre justice à tous les types de production : films de commande (télévision, musée et maison d’écrivain), collections didactiques, essais de cinéastes francs-tireurs. Les films pris en compte pourront concerner la littérature dans tous ses aspects (roman, théâtre, poésie, essai). Dans les années à venir, nous souhaitons prolonger la réflexion en interrogeant les films portant sur les arts vivants (théâtre, danse, cirque), sur la musique ou sur le cinéma lui-même.

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