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La crise du cadre et les avant-gardes :

La crise du cadre et les avant-gardes : "La polémologie du futurisme italien (ou la guerre comme valeur)"

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Collège International de Philosophie)

Collège International de Philosophie

Séminaire de SMOLIANSKAIA Natalia
La crise du cadre et les avant-gardes


Vendredi 24 juin 18h30-20h30


Salle JA05, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

La présentation à l'accueil d'une carte d'identité ou d'un passeport,
à l'exclusion de tout autre document, est nécessaire pour accès aux salles.
Entrée libre dans la limite des places disponibles


Serge Lorenzo Milan


La polémologie du futurisme italien (ou la guerre comme valeur)


  Si le Futurisme italien inaugura la saison des mouvements pluridisciplinaires d'avant-garde dès 1909, il devait s'éteindre lentement avec F.T. Marinetti, son fondateur, au sein d'un régime fasciste qu'il avait contribué à armer idéologiquement, et auquel pourtant il ne pouvait pas survivre.
  L'un des principaux aspects du modus operandi et du programme politique futuriste est un bel et bien ce bellicisme enragé, dont il faut rappeler quelques caractéristiques saillantes et paradoxales : à quel point il a été constitutif de toutes les avant-gardes, dans sa lutte ultra-violente contre le « passéisme » ; à quel point il était inscrit dans l'histoire même de la gauche garibaldienne, au moment où l'internationalisme socialiste était en forte contradiction avec le nationalisme romantique hérité du XIXème siècle ; à quel point, enfin, Benedetto Croce ne comprit pas la nature des avant-gardes, en écrivant pourtant lucidement que  « […] pour qui a le sens des liens historiques, l'origine idéale du ‘fascisme' se trouve dans le ‘futurisme' : dans cette résolution à descendre dans la rue, à imposer son point de vue, à faire taire la dissidence, à ne jamais craindre les tumultes et les échauffourées ; dans cette soif du nouveau, dans cette ardeur à rompre avec la tradition, dans cette exaltation de la jeunesse, qui fut celle du futurisme et qui parla par la suite aux coeurs des vétérans des tranchées, indignés par les polémiques entre les vieux partis et le manque d'énergie dont ils faisaient preuve à l'égard des dangers et des violences contre la nation et contre l'état. »


 Serge Milan est Maître de Conférences à l'Université de Nice - Sophia Antipolis en Langue, littérature et civilisation italiennes, et rédacteur de la revue électronique en accès libre Les Cahiers de Narratologie. Son ouvrage le plus récent est L'Antiphilosophie du futurisme – propagande, idéologie et concepts dans l'avant-garde italienne, ed. L'Âge d'Homme, Lausanne, 2009