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La chasse, prédation démocratique?

La chasse, prédation démocratique?

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Florence Fix)

La chasse, prédation démocratique ?

Projet de publication pluridisciplinaire

Université de Rouen Normandie, 2018

Florence Fix et Sylvain Ledda

Si natures mortes, parties de chasse, scènes cynégétiques traversent les récits de Scott et de Dumas, c’est que la pratique de la chasse nourrit une nostalgie aristocratique, que l’on croise aussi chez Balzac, Sand et, plus tardivement, chez Maupassant. Un modèle s’impose au début des années 1820, grâce à l’opéra de Weber, le Freischütz, qui fait de la chasse un décor et des chasseurs Max et Kaspar des héros. Passe-temps des princes soumis à des règles strictement codifiées, la représentation de la chasse évolue considérablement dans les premières décennies du XIXe siècle ; la règle établie en fonction des types de chasse laisse place au braconnage, à la traque secrète, qui constituent autant de signes de transgression et d’affranchissement. Privilège seigneurial aboli par la Révolution Française, la chasse devient-elle pour autant une prédation démocratique lorsque les permis de chasse sont, au cours du XIXe siècle, institués ? Que dit-elle du rapport de l’homme à la nature ? Les chasseurs sont-ils, comme l’écrit Nerval, les seuls à véritablement comprendre « la beauté des paysages d’automne » ? Que chasse-t-on ? Quel rôle tiennent la chasse exotique, le désir d’ailleurs dans ce paysage ? L’art de la chasse constitue-t-il une variation autour du motif du sauvage (être, paysage, animal) ou bien chasse-t-on chez soi, « sur ses terres » ? Quels sont ses lieux, ses saisons et sa « géopoétique » ? Les déplacements métaphoriques de la prédation dans un cadre urbain (dans Monsieur chasse ! de Feydeau elle n’est guère qu’un alibi), ses emprunts au registre de la guerre ainsi que les chasses en pays étranger (La chasse au caribou de Gobineau ne tient pas ses promesses…) pourront également être envisagés afin de tracer une cartographie de la chasse. Seuil de la virilité ou posture régressive, inflation du moi ou expérience collective, pleinement revendiquée ou redoutée (chez Mirbeau, par exemple), la chasse doit être interrogée dans ses marges, contours, écarts et variations, y compris dans son traitement comique (La chasse aux jobards de Labiche) ou dans la migration de son vocabulaire dans le registre de la finance, de la politique ou de la réussite sociale. Des personnages qui lui sont liés, comme les gardes-forestiers, ou les adroits braconniers raillant l’interdit et autres garde-chasse garants d’une fidélité sans faille dans le mélodrame (Le Pèlerin blanc de Pixerécourt) permettront en outre de questionner le rapport à la norme, à la loi et à la propriété, d’une activité dont la loi du 8 mars 1844 entend poser les cadres. Enfin, la chasse pourra être questionnée dans son rapport avec le sacrifice, la battue, la mise à mort (La Mort du loup de Vigny), avec les transpositions d’ordre symbolique que supposent de telles scènes sanglantes (La Reine Margot de Dumas).

Ce projet souhaite autant que possible dépasser les monographies et tableaux de chasse par auteur en une réflexion sur les enjeux sociétaux et politiques, les réseaux imaginaires et les modalités narratives de la chasse au cours du XIXe siècle français, en particulier à l’époque romantique. Il ne s’agit pas d’aborder la question de manière tout uniment thématique, mais de montrer, notamment grâce à l’apport des travaux juridiques et anthropologiques, la manière dont la chasse/le chasseur emblématise la révolte, opposant les sphères de la civilisation à celles de la barbarie de l’homme moderne.

Florence Fix, florence.fix@univ-rouen.fr et 06 61 26 57 60

Sylvain Ledda, sylvain.ledda@univ-rouen.fr et 06 88 00 84 82

 

Les propositions de communications (350 mots) accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique seront envoyées aux deux adresses électroniques ci-dessus pour le 15 novembre 2017.

Leurs auteurs recevront réponse le 1er décembre 2017.

Les articles (30 000 signes, notes et espaces compris) devront être adressés aux adresses ci-dessus pour le 1er juillet 2018.