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La bande dessinée : un « art sans mémoire » ?

La bande dessinée : un « art sans mémoire » ?

Publié le par Florian Pennanech (Source : Benoît Berthou)

Labande dessinée : un « art sans mémoire » ?

Colloque international

Organisépar le LabSIC (le Laboratoire des Sciences de l'Information et le Communciationde l'université Paris 13) et Médiadix (le centre de formation continue auxcarrières des Bibliothèques de l'université Paris Ouest, Nanterre-La Défense)ainsi que par d'autres partenaires (à venir).

Date du colloque : 10-11 juin 2010

Responsable : BenoîtBerthou, université Paris 13, LABSIC.

Lieu du colloque :Médiadix (Pôle des Métiers du livre de l'Université Paris Ouest).

Quel est le moded'inscription dans le temps de la bande dessinée ? La question se posepuisque son système éditorial semble privilégier la mise au point de« nouveautés » susceptibles de prendre place dans une véritable « guerredes étals »1 et donner ainsi raison à Thierry Groensteen qui qualifiela bande dessinée d' « art sans mémoire » et affirme : « Labande dessinée est un art qui cultive volontiers l'amnésie et n'a pas grandsouci de son patrimoine »2. La série et le personnage, dont lalongévité dépasse parfois celle de leur créateur, semblent incarner cettetemporalité relevant d'une loi du marché et transformant l'auteur en simple« repreneur »3. La bande dessinée relèverait donc pleinement dela logique d'industries culturelles synonymes, selon Théodor Adorno, d'«anti-culture » car fondées sur la reprise et la mise au goût du jour de chosesdéjà produites plutôt que sur l'exploration des possibilités artistiquesqu'elle offre.

Nous nous proposonsd'interroger ce qui fait force de vérité et d'aborder une dimension du « 9eart » qui semble tout sauf évidente : quelles valeurs et quelles formesacquièrent pour la bande dessinée l'inscription dans un passé ? Si l'onpose à l'inverse que le « 9e art » ne relève pas seulement du « consommable » etdu « jetable », on peut s'intéresser aux initiatives visant à faire de la bandedessinée le témoin privilégié d'une histoire de l'art et de l'évolution de nossociétés (comme, par exemple, dans le cadre d'expositions comme Vraoum !), mais également auxefforts de professionnels de la chaîne du livre (éditeurs, libraires oubibliothécaires) pour administrer des collections ou faire valoir un « fonds »proposant des oeuvres remontant aux origines de la « franco-belge » (voireau-delà) ou issues d'autres horizons. On peut aussi citer les créationsd'auteurs faisant de l'inscription dans le temps (que celui-ci prenne la formed'une histoire ou d'une mémoire) l'instrument d'une autre pratique et vision du« 9e art ».

L'objet de ce colloque estd'interroger ces actions en accueillant des communications s'inscrivant dansles trois axes suivants (dont la liste ne saurait en aucun cas être considéréecomme exhaustive).

  • La bandedessinée : quel héritage ? se proposed'interroger le « legs » du « 9e art ». Peuvent ainsi être abordées tant ses formes(archives susceptibles de permettre des travaux de recherche, planches etdessins originaux) que sa valeur au sein d'une histoire (de l'art ou pluslargement, culturelle) et son intégration à des activités d'enseignement(notamment à travers les liens existants entre bande dessinée, école etuniversité) ou de médiation culturelle.
  • Le « fonds » de bande dessinée entend examiner la place faite au passé du « 9eart » au sein d'un système de conservation et de publication. Seront ainsiles bienvenues des réflexions portant sur le rôle de la bande dessinée dans uncatalogue ou une collection (les liens entre bande dessinée et bibliothèquesn'ayant fait l'objet que de peu de travaux), ou plus largement sur la pertinencede la notion de « classique »
  • Mémoire,histoire et « 9e art » entendinterroger la forme et la fonction du passé au sein de la création de bandedessinée. Pourront ainsi être évoqués la valeur documentaire de l'oeuvre (commedans le cas d'une bande dessinée dite « documentaire »), et un passédevenant l'occasion d'une nouvelle pratique du « médium » (comme dansle cas de l'autobiographie), voire d'une nouvelle définition des missions del'auteur et de l'éditeur.

L'ambition de ce colloqueest de se constituer en espace de rencontres interdisciplinaire,interprofessionnel et international (quant à ses intervenants et thèmesd'intervention). Enseignants, chercheurs, bibliothécaires, éditeurs, libraires,scénaristes, dessinateurs ou critiques sont ainsi les bienvenus.

Nous leur proposons de noussoumettre un texte d'environs 2000 signes (espaces compris) exposant :l'objet de l'intervention, le corpus ou le matériau sur lequel elle entends'appuyer et indiquant les coordonnées de chaque auteur. Afin de garantir laqualité des débats, ces documents seront par la suite soumis de façon anonyme àun comité de lecture composé de :

  • BertrandLegendre (professeur des universités à l'université Paris 13, responsable duMaster « Politiques éditoriales »).
  • GillesCiment (théoricien, directeur de la Cité Internationale de la Bande Dessinée etde l'Image).
  • ChristophePavlides (bibliothécaire, directeur de Médiadix, Centre de Formation Continueaux Carrières de Bibliothèques).
  • BenoîtPeeters (scénariste et critique de bande dessinée).
  • ThierrySmolderen (scénariste et enseignant, responsable du Master « Bandedessinée » au sein de l'ESI d'Angoulême).

Ces propositions doiventêtre transmises par voie électronique avant le 7 décembre 2009 àl'adresse suivante :

ben.berthou@orange.fr

1.Dossier paru dans LivresHebdo, n°717.

2.Thierry Groensteen, Labande dessinée : un objet culturel non identifié, éditions de l'An 2, 2006,p. 67.

3.Sergio Honorez, « Liftingd'un héros : le cas Spirou », dans L'état de la bande dessinée, LesImpressions Nouvelles, Liège, 2009, p. 120.