Questions de société

"L'université en quête de renouveau" (Le Débat n°156)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Le Débat numéro 156
septembre-octobre 2009

(sommaire complet)

L'université en quête de renouveau AntoineCompagnon, Catherine Paradeise, Michael Crow, Jacques Mistral, MarcelGauchet, Antoine Compagnon, Pierre Joliot, Laurent Ségalat.

Editorial du dossier "L'université en quête de renouveau"

(Voir aussi: http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3099 )

L'université est probablement en train de vivre la troisième grandemutation de son histoire, après son invention médiévale et saredéfinition comme « université de recherche » dans l'Allemagne du XIXesiècle. Sans doute est-ce justement ce « modèle humboldtien » qui estmis aujourd'hui en crise par des pressions contradictoires émanant dela société et de l'économie.

Toujours est-il que l'université est un peu partout en Europel'objet de réformes plus ou moins bien inspirées et conscientes desenjeux, réformes tendant à l'adapter à de nouvelles missions plus oumoins bien définies, la France se distinguant dans ce paysage par lacomplexité de son héritage et l'extrême sensibilité du sujet, comme lacrise des derniers mois vient une nouvelle fois de le vérifier. La plusgrande confusion règne dans le discours public, ce qui n'est passurprenant devant des changements de grande ampleur. Ce dossiervoudrait contribuer à la dissiper.

La référence obligée des réformateurs est l'université américaine.Mais la connaissons-nous vraiment ? On verra, en lisant l'articled'Antoine Compagnon, combien elle est loin des clichés communémentcultivés à son propos. Au demeurant, le modèle qui a présidé à lanécessité de ses plus illustres fleurons s'essouffle à son tour. Denouvelles voies se cherchent, comme en témoigne l'exemple de l'ArizonaState University présenté par Catherine Paradeise et son présidentMichael Crow.

Le mouvement de protestation contre la loi LRU, en France, n'a pasété simplement un accès de fièvre de plus. Jacques Mistral met enlumière l'occasion ratée qu'a été cette réforme hâtive. Il plaide pourune réforme mieux conçue, qui serait capable de répondre simultanémentaux deux objectifs qu'il est nécessaire de poursuivre ensemble :construire des leaders mondiaux et réussir la démocratisation. MarcelGauchet examine les racines du profond mal-être qui s'est manifesté àcette occasion. Il pourrait notamment tenir, suggère-t-il, à ce quedevient le savoir dans la fameuse « société de la connaissance ».Antoine Compagnon revient lui aussi sur les motifs de la crise. Ilpropose une lecture des points qui ont fait litige.

La notion d'« évaluation » est au centre du conflit. Au-delà de safausse simplicité, que recouvre-t-elle exactement pour ce qui concernela recherche ? Elle est loin, en fait, d'aller sans problèmes, ycompris dans le domaine des sciences exactes. Pierre Joliot et LaurentSégalat font ressortir les périls qu'elle comporte.