Essai
Nouvelle parution
L. Trunel, Les Éditions françaises de Jane Austen 1815-2007

L. Trunel, Les Éditions françaises de Jane Austen 1815-2007

Publié le par Ivanne Rialland (Source : Sylvie Duhamel)

Lucile Trunel, Les Éditions françaises de Jane Austen 1815-2007, Honoré Champion , collection "Bibliothèque de littérature générale et comparée n°88", 2010. EAN13 : 9782745320803.

110 euros

L'histoire des Éditions françaises de Jane Austen, depuis 1815, apporte un éclairage essentiel sur la réception de l'écrivain en France. En effet, bien que ses six romans (Pride and Prejudice, Sense and Sensibility, Northanger Abbey, Emma, Mansfield Park, Persuasion) aient été publiés très tôt en français et n'aient presque jamais cessé de l'être, il existe un grand décalage entre sa renommée en France et en Grande-Bretagne, où elle est considérée comme l'un des plus grands écrivains britanniques. De ce côté-ci de la Manche, elle est plutôt présentée comme une romancière « sentimentale », par conséquent appréciée avant tout par le lectorat féminin, ce qui peut s'expliquer par la médiocre qualité des éditions françaises publiées aux XIXe et XXe siècles. Bien que nombreuses, surtout dans les trente dernières années, ces traductions offrent en effet une image déformée de l'oeuvre de Jane Austen.

Dans la tradition de la bibliographie matérielle, les « objets-livres » constituent un matériau d'étude de premier plan, et l'ensemble du paratexte qu'ils offrent – premières et quatrièmes de couvertures, introductions, postfaces, illustrations – sont autant de précieux indices pour éclairer la manière dont la romancière a été, au fil du temps, « présentée » aux lecteurs par ses éditeurs, traducteurs ou préfaciers.

Il semble pourtant qu'une évolution se soit produite dans la perception française de ses romans, en particulier depuis la fin du XXe siècle qui a vu la « redécouverte » d'Austen, par l'éditeur Christian Bourgois notamment, alors qu'en parallèle le paratexte critique universitaire prenait davantage d'importance. Néanmoins, l'inflation d'éditions de poche de médiocre qualité – souvent motivées par la sortie d'adaptations cinématographiques – montre que la réception de Jane Austen en France demeure à construire, et que ce grand écrivain reste injustement méconnu de ceux qui la lisent en traduction française.