Essai
Nouvelle parution
L. Tricoche-Rauline, Identité(s) libertine(s). L'écriture personnelle ou la création de soi

L. Tricoche-Rauline, Identité(s) libertine(s). L'écriture personnelle ou la création de soi

Publié le par Florian Pennanech

Laurence Tricoche-Rauline

Identité(s) libertine(s). L'écriture personnelle ou la création de soi

Paris : Honoré Champion, coll. "Libre pensée et littérature clandestine," n° 35.

764 p.

ISBN-13 : 978-2-7453-1817-6

Prix : 120 €

Présentation de l'éditeur :

À partir d'un vaste corpus de textes libertins du XVIIe siècle, cet ouvrage met en évidence l'originalité de l'affirmation libertine de soi et les enjeux de l'écriture à la première personne, à une époque où celle-ci est dénoncée par les apologètes. Face à l'opposition des pouvoirs, les libertins proposent d'eux-mêmes une image complexe et clivée, a priori plurielle. L'étude littéraire permet toutefois de définir des points de convergence dans l'écriture d'une subjectivité qui est avant tout une construction, voire une fiction, destinée à entretenir un dialogue polémique avec les représentants de l'orthodoxie, en particulier jésuites. Les oeuvres libertines reprennent le modèle littéraire, moral et religieux de la confession, qu'elles subvertissent «entre les lignes», à destination des lecteurs éclairés. Choix formel récurrent, l'écriture personnelle correspond à une prise de position philosophique, en elle-même subversive, en faveur d'un certain individualisme. Le moi libertin, très éloigné du sujet cartésien, se définit par son refus des Vérités philosophiques, morales et religieuses : il ne peut y avoir de vérité que subjective et relative, pour des auteurs qui posent davantage de questions qu'ils n'avancent de réponses. L'image incarnée que les libertins présentent de leur moi nous invite à réhabiliter les passions, y compris dans leurs traductions les plus «suspectes», telles que le rire, la mélancolie ou encore la sexualité et le désir. Libéré de la crainte de Dieu, le sage libertin refuse toute forme d'ascèse et aspire à profiter avec modération des plaisirs terrestres. Il n'exclut pas de s'appuyer sur l'imagination, qui peut, sur le plan pratique, servir le choix conscient de la mise à distance du «chagrin» qu'inspire inévitablement le désenchantement du monde. L'écriture, qui conduit l'individu à faire l'expérience maîtrisée de la fécondité de l'imagination et des passions, semble être l'instrument essentiel de cette quête d'un bonheur auquel aucun «autre monde» ne donnerait véritablement accès.

Ancienne élève de l'École Normale Supérieure, agrégée de Lettres modernes, Laurence Tricoche-Rauline a soutenu sa thèse en 2006 à l'Université de Saint-Étienne.