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L’original absent : exhumation et reproduction des corps dans la littérature contemporaine (Rennes)

L’original absent : exhumation et reproduction des corps dans la littérature contemporaine (Rennes)

Publié le par Philippe Robichaud (Source : Association Ad Hoc)

En nous plaçant dans le cadre d’une réflexion sur la sortie du paradigme indiciaire dans la littérature contemporaine[1], nous nous proposons d’explorer les rapports entre les corps et l’original absent dans la littérature de l’extrême contemporain. Nous cherchons à mettre à l’épreuve l’hypothèse de l’abandon de la représentation d’une recherche de corps perdus dont on tente de faire le deuil. Peut-on considérer que la littérature contemporaine renonce à l’exhumation ou à la déploration de corps que l’on ne retrouvera pas pour adopter une activité créatrice de re-production de corps conçus comme copies sans originaux ?

Cette question pourrait se poser aussi bien de manière théorique que de manière très concrète. Comment, par exemple, la littérature traite-t-elle les exigences de la justice transitionnelle en matière de reconnaissance et de réparation des victimes dans un contexte d’après-violence politique ? Épouse-t-elle les exigences de la société civile en matière de redécouverte et de nomination de corps disparus ? Propose-t-elle un parcours parallèle de re-création des corps des victimes, originaux absents dont elle ne peut proposer que des copies fictionnelles ?

Si on suppose que représenter les corps comme la reproduction d’originaux absents témoigne d’une implication politique propre à l’extrême contemporain, n’y aurait-il pas, par-delà la recherche et de l’exhumation de corps perdus, une remise en cause d’une conception essentialiste des corps et des identités ? La littérature est-elle alors un espace de questionnement de la performativité des corps, qui permet de réarticuler les catégories de la domination, en en proposant une re-production fictionnelle dépassant la problématique de la représentation de corps disparus ?

Au moment même où l’autorité de la norme est subvertie par des pratiques citationnelles, qu’en est-il de la déconstruction de celle de l’Auteur ? Les copies que la littérature met en scène – copies de corps ou copies d’objets d’art – peuvent-elles encore fonctionner comme des interfaces entre un spectateur et un créateur dont on chercherait à retrouver la trace du corps à même l’objet ? Ou, devenues constructions fictives, copies sans original, offrent-elles un lien brisé entre le corps d’un créateur toujours absent et la re-création littéraire d’un œuvre sans origine assignable ?

Les pistes de questionnements que nous proposons sont purement indicatives. Nous souhaiterions recevoir des propositions qui touchent à ce sujet, selon trois axes : historique et mémoriel, politique et performatif, et esthétique.

Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 avril 2017. Les propositions ne devront pas dépasser 400 mots et seront à envoyer à l’adresse suivante : originalabsent@gmail.com.

Le colloque aura lieu le 2 juin 2017 à l'Université Rennes 2.

 

[1] Sur ce sujet, voir l’article d’Emmanuel Bouju, « Force diagonale et compression du présent. Six propositions sur le roman istorique contemporain », dans Écrire l’histoire, numéro 11, dossier « Présent (1) » sous la direction de Sylvie Aprile et Dominique Dupart, Marseille, Éditions Gaussen, 2013 ; p. 51-60.