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Événements & colloques
L'optique des moralistes

L'optique des moralistes

Publié le par Eloïse Lièvre (Source : Bernard ROUKHOMOVSKY)

Colloque international

LOPTIQUE DES MORALISTES
de Montaigne à Chamfort

Grenoble, 27, 28 et 29 mars 2003

Amphithéâtre de la Maison Rhône-Alpes des Sciences de lHomme
1221, av. Centrale Domaine universitaire de Saint-Martin-dHères



Co-organisé par lEquipe RARE « Rhétorique et Ancien Régime » (EA 3017)
et lUMR LIRE « Littératures, idéologies et représentations au XVIIIe siècle » (CNRS n° 5611)
Collaboration scientifique : Centre de Recherche sur lImaginaire (CRI)



Jeudi 27 mars 2003
Questions de perspective
8h45 Accueil des participants
9h00 Ouverture du colloque
Allocutions de Lise Dumasy, Présidente de lUniversité Stendhal-Grenoble III
et de Francis Goyet, Directeur de lEquipe RARE-Rhétorique et Ancien Régime
Le point de vue du moraliste
Présidente : Benedetta Papasogli (Libera Università Maria ss. Assunta, Rome)
9h30 Louis van Delft (Paris X-Nanterre)
Le panopticon des moralistes : Argus et le scrutateur
10h00 Emmanuel Naya (Lyon II)
Saisir les subjects par autres circonstances et considérations : loptique sceptique dans les Essais de Montaigne
10h30 Discussion et pause
Anamorphoses et distorsions
Président : Jean-François Perrin (Université Stendhal-Grenoble III)
11h00 Oskar Roth (Berlin)
Optique et jugement chez La Rochefoucauld
11h30 Charles-Olivier Stiker-Metral (Rouen)
Le clair-obscur de lamour-propre
12h00 Discussion
12h15 Déjeuner
Perspectives spirituelles
Président : Philippe Sellier (Université de Paris IV-Sorbonne)
14h00 Eric van der Schueren (Laval, Quebec)
Du regard de l'homme à l'il de Dieu : les voies souterraines de la cohérence des Pensées
14h30 Delphine Reguig-Naya (Grenoble III)
Ces vérités qui nous regardent : la direction du point de vue chez Pierre Nicole
15h00 Carole Dornier (Caen)
Regard intérieur et source morale chez Louis-Antoine Caraccioli
15h30 Discussion et pause
La perspective moralisée
Président : Louis van Delft (Université de Paris X-Nanterre)
16h00 Barbara Piqué (Viterbo, Italie)
Perspectives et jeux doptique dans les Conversations morales de Madeleine de Scudéry
16h30 Julie Boch (Reims)
Eloge de la myopie : Fontenelle opticien
17h00 Discussion

19h00 Lunch
21h00 Soirée spectacle au Musée Dauphinois
Les moralistes classiques ou Lécole du regard
Vendredi 28 mars 2003
Le paradigme optique
Les moralistes classiques et la problématique du regard
Président : Jean Serroy (Université Stendhal-Grenoble III)
9h00 Benedetta Papasogli (Libera Università Maria ss. Assunta, Rome)
La mémoire est-elle un prisme ?
9h30 Marine Ricord (Amiens)
Le piège des images ou le difficile apprentissage de la bonne vue dans les Fables de La Fontaine
10h00 Emmanuel Bury (IUF Versailles-Saint-Quentin)
Loptique de La Bruyère
10h30 Discussion et pause
Métamorphoses du Spectateur au siècle des Lumières
Président : Emmanuel Bury (IUF Université de Versailles-Saint-Quentin)
11h00 Jean Dagen (Paris IV-Sorbonne)
Vauvenargues :loptique du moraliste en question
11h30 Catherine Ramond (Michel de Montaigne-Bordeaux III)
Loptique de Marivaux moraliste dans les Journaux
12h00 Jean-François Perrin (Grenoble III)
Rousseau moraliste : l'optique de Gygès
12h30 Discussion
12h45 Déjeuner
Paradigmes esthétiques
Président : Jean Dagen (Université de Paris IV-Sorbonne)
14h30 Jean-Paul Sermain (Paris III-Sorbonne Nouvelle)
Lil du peintre, le regard du spectateur et la morale chez Diderot
15h00 Lorenzo Pericolo (Rennes II)
Le Brun moraliste : le paradigme physiognomonique et ses distorsions
15h30 David McCallam (Sheffield)
Démolir pour édifier : loptique architecturale dans les Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes de Chamfort
16h00 Discussion et pause
Lignes de fuite : le moraliste en perspective
Président : Philippe Walter (Université Stendhal-Grenoble III)
16h30 Fritz Nies (Düsseldorf)
Limaginaire optique dans le système des genres littéraires
17h00 Jean Dhombres (EHESS Centre Alexandre Koyré)
La rectitude du géomètre au XVIIe siècle
17h30 Discussion

20h30 Banquet
Samedi 29 mars 2003
Stratégies du regard / stratégies décriture
Perspectives rhétoriques
Président : Francis Goyet (Université Stendhal-Grenoble III)
9h00 Jean-Philippe Grosperrin (Toulouse)
Lopticien et le voyant : du dispositif optique dans la prédication classique
9h30 Stéphane Macé (Grenoble III)
Bossuet et la technique littéraire de l'anamorphose
10h00 Eric Tourrette (Lyon III)
La rhétorique de lillusion dans les Réflexions sur le ridicule de Morvan de Bellegarde
10h30 Discussion et pause
La forme brève ou la machine à voir
Président : Fritz Nies (Université de Düsseldorf)
11h00 Bernard Roukhomovsky (Grenoble III)
Formes brèves et jeux doptique
11h30 Christophe Cave (Grenoble III)
Anecdote et morale : le petit bout de la lorgnette
12h00 Jean Lafond (Tours)
De léloquence aux formes brèves : lappareillage optique des moralistes
12h30 Discussion et clôture du colloque


En marge du colloque : manifestations associées
Invitations au regard
Soirée spectacle : Les moralistes classiques ou lécole du regard
Le 27 mars 2003 à 20h30 dans la Chapelle Sainte-Marie-den-haut
Musée Dauphinois 30, rue Maurice Guignoux 38000 Grenoble
Textes de Bossuet, La Bruyère, La Fontaine, La Rochefoucauld, Pascal
interprétés par Philippe Vallepin, Professeur dart dramatique au Conservatoire du Mans
et présentés par Bernard Roukhomovsky (Université Stendhal)
Ponctuations musicales : Jean Haury Avant-propos : Jean Serroy (Université Stendhal)

Cycle de conférences-lectures
en partenariat avec les Bibliothèques municipales de Grenoble
Le mardi à 18h30 à la Bibliothèque Centre-ville
10, rue de la République 38000 Grenoble
11-02-03 : Francis Goyet (Université Stendhal), Loptique de Montaigne
15-04-03 : Bernard Roukhomovsky (Université Stendhal), La Rochefoucauld ou linvitation au regard
20-05-03 : Jean-François Perrin (Université Stendhal), Loptique de Marivaux


Les hommes et les affaires ont leur point de perspective. Il y en a quil faut voir de près pour en bien juger, et dautres dont on ne juge jamais si bien que quand on en est éloigné.
LA ROCHEFOUCAULD, Réflexions ou Sentences et Maximes morales, maxime 104.
Celui qui voit avec un microscope aperçoit sans doute dans les choses plus de qualités ; mais il ne les aperçoit point dans leur proportion naturelle avec la nature de lhomme, comme celui qui ne se sert que de ses yeux. Image des esprits subtils, il pénètre souvent trop loin : celui qui regarde naturellement les choses a le bon sens.
VAUVENARGUES, Introduction à la connaissance de lesprit humain, 7, « Du bon sens ».
Méditant la leçon de Montaigne (« chaque chose a plusieurs biais et plusieurs lustres »), les moralistes classiques et leurs successeurs au siècle des Lumières nont cessé de travailler à cette « réforme du regard » quun Cioran, de nos jours, appelle encore de ses vux. Aiguisé par « le plaisir de voir clair » (Marivaux) ou par lambition de faire voir clair, leur regard empreint de suspicion (au sens étymologique) apprend à se déprendre de la séduction des perspectives flatteuses et des éclairages trompeurs, sexerce au réglage de la « bonne distance » (La Bruyère), et sefforce dinvestir des points de vue nouveaux, pluriels et décentrés. Cest dire que les nombreuses métaphores et notations optiques qui viennent sous leur plume du motif anamorphotique (Montaigne et La Rochefoucauld) à celui du microscope (Vauvenargues) ou de la « chambre obscure » (Chamfort, mais aussi Rousseau) sont autre chose et beaucoup plus que simples façons de parler (images convenues ou stéréotypes dexpression) : elles invitent à penser que le moraliste, comme le dit J. Mesnard au sujet de Pascal, « voit autant quil raisonne » ; elles marquent laffleurement de ce quil faut bien appeler un modèle optique de lanalyse morale.
Lhistoire de ce modèle reste sans doute à faire : celle de son « essai » par Montaigne, de son assimilation par les moralistes augustiniens du XVIIe, de sa reconfiguration au contact de lhumanisme rationaliste du XVIIIe. Des enquêtes magistrales, il est vrai, ont été menées ponctuellement : signalons par exemple les pages de M. Serres sur loptique de Pascal, les propositions programmatiques de Ph. Sellier sur « lanamorphose des grands hommes » chez La Rochefoucauld, celles dE. Bury sur « loptique de La Bruyère », ou les contributions de L. van Delft à une « histoire du Spectateur », précieux jalons pour une archéologie de cette catégorie majeure introduite par Marivaux. Un colloque sur loptique des moralistes de Montaigne à Chamfort devrait précisément permettre de réinvestir ces différents apports à lintérieur dune réflexion densemble, mettre en évidence la cohérence de la problématique générale à laquelle ils ressortissent, faire apparaître des convergences et des points de fuite
Si le terme doptique se comprend donc ici dans un sens restrictif (et non pas comme une métaphore passe-partout), lentreprise est pourtant ambitieuse, qui a vocation à prendre appui sur un large corpus (où les « petits » moralistes auront leur place, mais aussi certains aspects de la mise en fiction du discours moral au XVIIIe siècle) et à sinscrire à la croisée de multiples approches : approches rhétoriques (on pourrait montrer que le discours moral, de Montaigne à Chamfort, tend à se constituer en un dispositif optique, et que cette orientation fondamentale nest pas étrangère aux options rhétoriques de nos moralistes, à commencer par le choix de la forme brève ou discontinue) ; approches thématiques (qui viseraient à mettre au jour les affleurements, protéiformes et diffus, dun imaginaire optique) ; approches interdisciplinaires (il faudrait mesurer notamment ce que loptique des moralistes doit au discours scientifique de leur temps, aux travaux dun Desargues, dun Newton, etc.) ; approches philosophiques (si la « science de la vue » fournit continûment aux moralistes, de la Renaissance aux Lumières, des schémas de métaphorisation et de modélisation, lhistoire de ces schémas nest pas sans donner à voir, en filigrane, celle des évolutions doctrinales qui travaillent, dans le même temps, le socle du discours moral). Et lon pourrait (lon pourra) concevoir dautres approches encore, tant il est vrai que la problématique « a plusieurs biais et plusieurs lustres ».


Colloque international

Comité scientifique
Emmanuel BURY (IUF/Versailles-St-Quentin)
Francis GOYET (Grenoble III)
Benedetta PAPASOGLI (Maria SS. Assunta, Rome)
Jean-François PERRIN (Grenoble III)
Oskar ROTH (Technische Univ., Berlin)
Philippe SELLIER (Paris IV-Sorbonne),
Jean SERROY (Grenoble III)
Louis VAN DELFT (Paris X)
Philippe WALTER (Grenoble III)