COLLOQUE INTERNATIONAL
L'Interlocution comme paramètre : nouvelles données/nouveaux modèles
Jeudi 6 et vendredi 7 janvier 2011, Université d'Amiens
Pôle Cathédrale - Amphi Malberg
10, Placette Lafleur
80027 Amiens cedex 01
Le Pôle Cathédrale (faculté de droit) est situé juste en contrebas de la cathédrale d'Amiens, à 10 mn à pied de la gare par les rues piétonnes.
(Page associée: appel à contributions)
PROGRAMME
Jeudi 6 janvier 2011
9h-9h30 Accueil des participants Ouverture du colloque
9h30-10h P. Kirtchuk
De G comme Géo- ou Grammato-centrique à H comme Hélio- ou Humano-centrique : l'interlocution, source pérenne du langage
10h-10h 30 F. Lambert
Eh bien, eh ben, ben : l'interlocution est-elle grammaticalisable ?
10h30-11h C. Douay et D. Roulland
L'interlocution comme clé du contrastif
11h-11h20 ═══════ Pause café ═══════
11h20-11h50 L. Lebas-Fraczak
La « (dé-)focalisation » comme critère interlocutif d'analyse de morphèmes grammaticaux : cas de l'imparfait / passé composé
11h50-12h20 C. Bracquenier
Interlocution et circonstant dans l'énoncé russe
12h20-13h Questions et commentaires
13h-14h30 ═════════ Déjeuner═════════
14h30- 15h A. Rousseau
La relation d'interlocution au centre des recherches chez quelques linguistes de la fin du 19ème siècle et de la première moitié du 20ème siècle
15h-15h30 C. Détrie Le rôle de la spectacularisation du savoir dans l'interlocution : les contours interpersonnels et les types d'intersubjectivité engagés par la particule tu sais / vous savez
15h30-16h L. Begioni Les implications interlocutives dans le système du démonstratif en ancien français et en italien
16h-16h20 ═══════ Pause café ═══════
16h20-16h50 D. Bottineau Du rôle structurant de l'interlocution en morphologie et en syntaxe dans les langues naturelles
16h50-17h20 F. Tollis
Des implications translinguistiques repérables dans quelques approches déjà anciennes du sens verbal
17h20-18h Questions et commentaires
Vendredi 7 janvier 2011
9h-9h30 C. Rittaud-Hutinet
Implicite et cohésion interlocutive
9h30-10h P. Chareaudeau L'interlocution prise dans le processus de communication : l'exemple des controverses sociales
10h-10h30 L. Fauré Hé / hein : de la langue à la guidance interactionnelle. Marques d'allocutions vocaliques, espace interlocutif et allogénèse
10h30-10h50 ═══════ Pause café ═══════
10h50-11h20 A. Auchlin Pour qui tu me prends? On ne parle pas à sa mère sur ce ton-là! Prosodie, contact et (mal)adresse
11h20 -11h50 C. Schapira Quand oui et non ne sont pas des réponses : construction de l'interlocuteur et polyphonie
11h50-12h30 Questions et commentaires
12h30-14h ═══════ Déjeuner═════════
14h-14h30 B. Masquelier Poétique de l'interlocution, étude de cas : les paroles chantées sur scène d'un calypso politique (Trinidad, Caraïbes)
14h30-15h B. Bonu et F. Dufour L'interlocution dans une réunion : la constitution progressive d'un foyer d'attention «partagée »
15h-15h30 F. Torterat Interlocutivité et corpus : le cas des co-constructions textuelles en classes de maternelle
15h30-16h E. Cauvin Interlocution et variation prosodique dans la lecture à haute voix : de l'influence de la subjectivité des lecteurs sur celle des auditeurs
16h-16h20 ═══════ Pause café ═══════
16h20-16h 45 Questions et commentaires
16h45 – 17h30 Table Ronde et clôture du colloque
ARGUMENTAIRE
Si parler, dans l'expérience commune, signifie communiquer, les formes de la communication, ses paramètres, les rôles qu'instancient le locuteur et l'interlocuteur, leur relation privilégiée, devraient être le noyau dur de la science du langage. On pourrait même considérer que cette relation est si importante qu'elle détermine, ou à tout le moins, conditionne, les formes des messages et donc leur contenu. Rien ne serait linguistique qui ne soit inhérent à ce processus de transmission.
Or ce n'est pas dans cette voie que s'est engagée la linguistique de manière générale. La frontière entre usage et code y est constamment maintenue, y compris dans les approches rattachées au courant de la pragmatique interactionniste. Quand se pose la question de l'altérité, elle se pose comme un facteur contextuel au sens empirique du terme. Fondamentalement, le locuteur est conçu exprimant dans des formes personnelles des contenus qui lui sont propres ou qu'il émet en les modalisant et les validant plus ou moins. L'interlocuteur, par conséquent, est généralement conçu comme une cible empirique, un objet qui accompagne la construction/production du message. Possiblement, il est vrai, on accordera qu'il est le paramètre indispensable des formes illocutoires ou perlocutoires que peut prendre le message.
Cette conception des choses amène, comme on le sait, à une profonde division dans les sciences du langage entre celles qui étudient la langue et celles qui étudient le discours. Pour certains linguistes, la pragmatique ne fait pas véritablement partie de la linguistique, si bien qu'au lieu, grâce aux outils épistémologiques et heuristiques dont on dispose à l'heure actuelle, de s'attacher à comprendre et intégrer les contradictions apparentes entre le système et l'usage, on recule indéfiniment le moment où il faudra bien conjuguer langue et parole. Des voix se font pourtant entendre pour évoquer un possible « pont », un possible lien, mais trop rarement et de façon trop dispersée ou trop timide : peut-on dire par exemple que le « co-énonciateur » des théories de l'énonciation remplit toutes les fonctions qu'on attendrait de lui et assume tout le rôle interlocutif qu'il faudrait lui voir jouer ?
Quelle est la place de l'interlocuteur ? Quelle collaboration le relie secrètement ou ouvertement au processus de construction et d'émission des messages, et à quelles fins ? Dans le rapport entre représentation et expression, quel rôle jusqu'ici oublié joue-t-il ? Peut-on concevoir, de la part du locuteur, une contemplation de l'univers indépendante de toute communication ? La pensée n'est-elle pas une communication à soi-même ?
Nous voulons tenter l'expérience, dans ce colloque, de rassembler les idées actuelles à propos de ces questions d'une part, mais aussi, d'autre part, d'interroger des conceptions plus anciennes dont on n'a peut-être pas toujours perçu la véritable portée.