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L'intensité : formes et forces, variations et régimes de valeurs.

L'intensité : formes et forces, variations et régimes de valeurs.

Publié le par Marc Escola (Source : Colette Camelin)

Appel à communication

Colloque : « L'intensité : formes et forces, variations et régimes de valeurs »
11-13 juin 2009

Université de Poitiers
(UFR lettres et langues, 95 avenue du Recteur Pineau, 86022 Poitiers Cedex)

Équipe FORELL B1 (EA 3816)


    Le thème de recherche s'inscrit dans le prolongement de la réflexion menée, les années précédentes, sur la « résistance du texte », puisque l'intensité peut aller jusqu'à se dérober à la saisie du sens. À la limite, l'intensité ne pourrait que s'éprouver. Par ailleurs, la notion fait rarement l'objet de définitions théoriques, alors qu'elle est communément employée dans le commentaire sur l'objet d'art. Comment définir ce « je-ne-sais-quoi » au-delà de l'effet qu'il produit, de l'émotion immédiate, de l'ineffable ? Bergson, dans Les données immédiates de la conscience (1889), soutient que  « l'intensité des états psychologiques est de l'ordre d'une qualité ni mesurable ni comparable ».
     Il s'agit pourtant d'un concept transdisciplinaire issu de la physique. Le mot « intensité » est défini pour la première fois dans le dictionnaire de Trévoux en 1771 : degré de puissance, de force ou d'activité. Les acceptions citées par les dictionnaires du XVIIIe siècle sont d'ordre physique (degré de force), sensoriel (réaction du corps à ces forces : « rouge intense », « froid intense ».) Alors que les premières sont mesurables, celles-ci ne le sont pas. On relève aussi le retentissement de l'intensité dans la vie affective et l'emploi du terme en linguistique (adverbes d'intensité, accents d'intensité…).
    L'intensité d'une couleur, d'un son est perceptible par différentiation, par contraste. Qu'en est-il des formes particulières de l'intensité dans un texte littéraire ? Baudelaire, après Poe, insiste sur « l'intensité de l'effet » de la nouvelle à cause de sa brièveté.  Pour la même raison, il oppose l'intensité du sonnet aux poèmes longs. Dans un texte consacré à un tableau de Mondrian, « Le Nuage rouge » (1908-1909), Yves Bonnefoy remarque que « cette nuée éclaire tout », mais l'intensité fait signe au bord de son effacement. Cet « événement du ciel » ne dure qu'un instant (Le nuage rouge, 1995, p. 55). L'intensité est-elle nécessairement éphémère ? L'intensité s'oppose-t-elle à la durée ? Quelles formes l'intensité prendrait-elle dans un roman ? Quels seraient les contraires de l'intensité ? L'intensité serait-elle du côté de l'énergie dionysiaque par opposition à l'harmonie apollinienne ? Pourtant, l'intensité peut s'opposer à l'excès, à l'absence de maîtrise produisant des proliférations « molles », « ennuyeuses », à la mécanique de la répétition ou, selon l'expression de Segalen, à « la pâte tiède » de l'entropie ? L'intensité s'oppose-t-elle au neutre, au tiède, à la « fadeur » de Verlaine ou des artistes chinois présentés par François Jullien ?
    L'intensité peut être liée à l'excès (l'enthousiasme) ou au contraire à la raréfaction, à la simplicité, même à la réticence et au silence. Le langage apophatique des mystiques se situe à l'opposé du furor des héros tragiques comme l'aphorisme à l'opposé de l'ode (l'intensité de l'éclair et celle de la houle).
    Dans un premier temps, on pourra s'intéresser à la construction de la notion, à partir des pensées et des pratiques rhétoriques, littéraires et artistiques de l'intensité : par exemple Platon, Aristote, Longin, jusqu'aux travaux contemporains sur la pragmatique des textes ; le sublime, dans les traditions britannique, française, italienne ; les liens avec la pensée scientifique de l'énergie.
Partant des effets produits par l'oeuvre (littéraire, picturale, musicale… ), on repèrera  les formes de l'intensité et on tentera d'établir des critères d'analyse en vue d'établir une typologie : vecteurs (tropes, rythmes, images), modes (sons, couleurs, lumière), degrés (du silence au cri ), régimes (vitesse, continuité, discontinuité).
Et on se demandera quelles formes l'intensité peut prendre selon différents genres et esthétiques : théâtre ? formes brèves ? poésie ? roman ? esthétique du sublime ? esthétique « décadente » ? Modernité artistique ?

Les propositions de communication (une dizaine de lignes) devront être adressées avant le 15 janvier 2009 aux adresses suivantes :

Liliane.Louvel@univ-poitiers.fr, colette.camelin@free.fr, michel.briand@univ-poitiers.fr