Actualité
Appels à contributions
L'inconvenance

L'inconvenance

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Florence PLET)

Colloque « L’inconvenance »

EA 4593 CLARE-Université Bordeaux-Montaigne

Université Bordeaux-Montaigne, les 18-19-20 mars 2015

Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, salle Jean Borde

 

APPEL À COMMUNICATION

 

Cette notion recouvre divers champs que nos analyses pourront appréhender : sociologique, esthétique, linguistique, imaginaire, anthropologique.

Si l’on peut d’abord penser que l’inconvenance des discours, des comportements et des formes artistiques relève d’un jugement désuet, attaché à des critères révolus, on s’aperçoit que notre société ne cesse d’être agitée par cette question, qu’il s’agisse de caricatures heurtant des convictions religieuses, d’œuvres artistiques accusées d’être en délicatesse avec les convenances relevant du domaine moral ou politique. Cette notion mérite donc d’être réexaminée, car, et c’est un truisme de le rappeler, l’art n’est pas délié des préoccupations éthiques et politiques d’une société.

L’inconvenance ne peut se penser qu’en rapport à une entité, elle contrevient à une valeur, à une norme, elle est de l’ordre de la perturbation, voire de la transgression, elle se démarque des conventions qui sont cependant nécessaires à son expression. Elle implique un rapport de tension entre la manifestation d’une singularité, d’une spécificité et un groupe constitué. Elle suppose donc d’être contextualisée.

En effet, cette notion permet d’interroger les codes sociaux, moraux, esthétiques dont se dote une nation, ou une communauté, d’en revisiter les normes et les pratiques. L’inconvenance a partie liée avec l’irrespect de l’ordre établi, et donc avec un rapport à l’autorité politique ou artistique dont elle se distingue et se démarque. Elle peut être pensée comme une aire de jeu, de questionnement, de mise en doute et en cause du convenable.

On pourra s’interroger sur les moyens, les formes, les genres, les langages utilisés pour inquiéter les normes d’une communauté, et par là-même analyser les représentations de l’autorité, de la norme, du pouvoir, construites par l’œuvre, et celles que s’en fait l’artiste.

 Les contours exacts de l’inconvenance restent aussi à discuter : réside-t-elle dans la réception plus que dans la production, éventuellement involontaire ? Si l’inconvenance est intentionnelle, ne pourrait-t-elle avoir une fonction ludique, constituer une sorte de jeu qui opère une saillie dans un habitus partagé et implicite, sans volonté de déconstruction comme la radicalité de la provocation ou de la transgression pourrait le désirer. L’inconvenance, portée à sa limite extrême, ne risque-t-elle pas de verser dans le ridicule (voir le film éponyme) ou dans le scandale (O. Wilde), les normes conventionnelles se rigidifiant d’autant ?

Tout au contraire, n’a-t-elle pas des vertus émancipatrices (Montesquieu, Beaumarchais, Sade) dans un regard réellement subversif projeté sur le monde et sur l’art ? L’inconvenance pourrait alors signifier l’affirmation d’une irréfragable liberté détachée des conventions et des convenances. Elle serait donc consubstantielle à la créativité et à l’élaboration d’une forme neuve et originale. Serait-elle alors le ferment d’une consécration ultérieure de l’œuvre d’art ? Elle peut aussi devenir une distinction d’artiste et être affirmée au nom d’une valeur supérieure de l’art (Flaubert, Baudelaire, Zola, Céline, Genet revendiquent l’inconvenance au nom d’une forme de morale de l’art rejetant toute littérature anesthésiante). À ce titre, ne serait-elle pas constitutive de l’ethos de tout artiste ? Ne peut-elle relever également de l’identité de communautés artistiques se réclamant des marges ?

 

On pourra notamment envisager :

- le rapport de la marginalité et du groupe,

- la notion de canon et d’écart esthétique, la novation en art et sa réception vs les académismes,

- la question des manifestes esthétiques,

- les motifs de l’inconvenance (ex. : langages, matérialité du corps, transgression des normes et formalisme),

- la représentation du convenable, la question des rites, la désacralisation,

-  les formes de l’inconvenance, genres et marques (détournement, pamphlet, le grotesque, la satire…),

- l’inconvenance comme arme idéologique,

- l’argent et l’art : une inconvenance ?

- la critique d’art et la question de l’inconvenance.

 

Modalités de soumission

Les propositions de communications accompagnées d’un court argumentaire seront à envoyer avant le 1er octobre à :

 

Béatrice Laville                      beatrice.laville@u-bordeaux-montaigne.fr

Florence Plet-Nicolas            flonicoplet@free.fr

 

 

http://clare.u-bordeaux-montaigne.fr/index.php/colloques-manifestations/appels-a-contribution/342