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L'imaginaire du sacré

L'imaginaire du sacré

Publié le par Emilien Sermier (Source : Hichem Ismail)

 COLLOQUE INTERNATIONAL DU LABORATOIRE LERIC

Laboratoire d’Etudes et de Recherches Interdisciplinaires et Comparées

L’imaginaire du sacré

24-26 avril 2014 Sfax-Kerkennah

 

APPEL A COMMUNICATION

Ce colloque a pour objet d’interroger dans une perspective pluridisciplinaire l’imaginaire du sacré[1] et ses prolongements religieux qui s’imposent d’emblée comme une façon d’interpréter le monde et s’inscrivent comme tels au cœur de notre rapport à la langue, à la littérature, à l’art en général et à toute la culture. Il s’agit d’explorer ce thème  à l’aide des recherches théoriques de définition et de conceptualisation, des pratiques d’analyse et d’interprétation de textes de tous genres et de toutes les époques. Ainsi, l’un des outils fondamentaux dans l’étude de l’imaginaire est d’ordre lexical, comme les stéréotypes, les clichés, les archétypes, etc. pris en tant qu’associations figées du lexique et modes d’expression de nature impersonnelle et universelle.

Les configurations de l’imaginaire du sacré, les déplacements et les transferts de la sacralité   seront non seulement opposés au profane, mais confrontés à certaines notions qui lui sont associées de façon évidente (rite/rituel, tabou, etc.), ou plus lointaines : religion, mythe, spiritualisme  – défini par Max Milner comme   « […] une option métaphysique qui suppose une distance, destinée ou non à être comblée, entre la matière et l’esprit. » –, spiritualité – « une attitude […] qui peut prendre appui sur le spiritualisme, mais qui vise avant tout à réformer l’homme intérieur,  à l’arracher au déterminisme des circonstances et à l’ouvrir à un ailleurs qui n’a pas besoin d’être métaphysiquement défini.[2] » –, etc. On pourra également réfléchir sur le sacré selon les approches de Roger Caillois et de Georges Bataille qui le sondent dans la sphère de l’interdit et de la transgression des tabous –  pour Bataille, en particulier, le détour par le mal et le sacrilège est essentiel à l’expérience du sacré.

Nous aimerions également interroger ces notions dans leur rapport avec « le désenchantement du monde »  depuis l’époque du « trou noir », de « la mort de Dieu ». Bien que le tournant du siècle  ait vu un certain nombre de conversions  chez beaucoup d’écrivains français et que le XXe siècle abonde en poètes et artistes chrétiens, juifs, etc., la faillite de la religion qu’entraîne le progrès scientifique, suscitant une désillusion angoissante, imprègne tout un climat moral. La représentation littéraire d'un monde dépourvu de cohérence souligne l'incapacité du scientisme de rendre un sens à l'existence. Les écrivains fin-de-siècle, avant ceux d’aujourd’hui, en ne retenant de la religion que la violence de l'inspiration, ne procèdent-ils pas, par un jeu de transfert, à la réhabilitation de l'essence de la sacralité ?

Le déplacement du sacré vers d’autres valeurs que la religion, auxquelles il confère un caractère absolu et vénérable, concerne l’art, ce qui est un thème profondément inscrit dans la pensée moderne et postmoderne, mais également l’érotisme, la politique, etc. En dépit de ce processus de désacralisation  –  certes démenti dans le contexte actuel par une recrudescence parfois radicale des pratiques religieuses –  qui se généralise à partir de la seconde moitié du XIXe siècle dans tous les domaines de l’anthropos, le sacré  aux vingtième et vingt-et-unième siècles semble persister sous forme d’avatars, de nouvelles transcendances remplaçant la transcendance divine et exaltant d’autres types d’idéal – Jean-Jacques Wunenburger[3] maintient même l’idée d’un avenir du sacré  –  qui ambitionneraient d’arracher l’homme à la médiocrité qui l’entoure.

Il s’agira en somme de cerner l’imaginaire artistique afin d'appréhender comment s’amalgament dans la création accents personnels et inspiration sacrée. En effet, même si l’on peut affirmer que la  plupart des artistes modernes et contemporains se montrent le plus souvent critiques à l'égard des religions, on doit en même temps souligner que leur production infirme l’idée d’une création dont les soubassements se seraient entièrement affranchis de la transcendance. Le fait que ces créateurs ne soient pas sensibles à la foi chrétienne selon un schéma orthodoxe, ou qu'ils nient l'adhésion intime à une religion, n’empêche pas leur imaginaire d’être imprégné ne serait-ce que par la trace d’une  pensée transcendante.

Nous proposons d’examiner ce thème qui embrasse des périodes, des cultures et des perspectives fort diverses, selon qu'il s'enracine dans des traditions religieuses plus ou moins élaborées, qu'il témoigne de croyances vivantes ou recycle des débris de rituels – René Girard[4] explique justement l’imbrication entre Violence et Sacré dans l’imaginaire collectif par la ritualisation de certaines pratiques sacrificielles primitives qui se transmuent en fondements des institutions culturelles et sociales –, qu'il serve de contexte voire de décor, ou nourrisse des archétypes inconscients, qu'il se tourne vers des substrats culturels anciens ou témoigne d'un processus de sacralisation de données modernes ou simplement profanes, qu'il ait valeur ontologique ou esthétique, qu'il se démarque nettement du profane ou  s’y inscrive, qu'il soit envisagé sérieusement ou de façon parodique.

Ce colloque se propose à terme de dresser un état des lieux des recherches menées sur la question de l’imaginaire du sacré dans l’art à partir des axes suivants :

1. Arts, littérature

2. Langage, pédagogie

3. Philosophie et anthropologie

 

 

Principales échéances :

- 15 février 2014 : rentrée des propositions de communications.

- 1er mars 2014 : notification de la liste des communications acceptées.

- 15 mars 2014 : publication du programme.

Les collègues désireux de participer à ce colloque sont priés d'envoyer un résumé en français, anglais ou arabe, accompagné d'une notice bio-bibliographique au plus tard le 15 février 2014. Les propositions sont à adresser à 

M. Hichem Ismail  (Université de Sfax)     ismail_hichem@yahoo.fr

 

 

Comité scientifique : 

Jean-Jacques Wunenburger (Université de Lyon), Ali Toumi Abassi (Université de Tunis), Samir Marzouki (Universite de Tunis), Lassâad Jammoussi (LERIC, Université de Sfax), Gérard Peylet (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Hédia Abdelkéfi (Université de Tunis), Arbi Dhifaoui (Université de Kairouan), Leyla Rammeh (Université de Kairouen), Mohamed Wahbi (Université Ibn Zohr, Maroc), Agnès Lhermitte (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Abdelkrim Oubella (Université Ibn Zohr, Maroc), Kamel Skander (LERIC, Université de Sfax), Hichem Ismail  (LERIC, Université de Sfax).

Comité d'organisation :

Agnès Lhermitte (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Ali Toumi Abassi (Université de Tunis), Kamel Skander (LERIC, Université de Sfax), Hichem Ismail  (LERIC, Université de Sfax).

Comité d’organisation étudiant :

Sémia Sallem (LERIC, Université de Sfax), Mohamed Boussarsar (LERIC, Université de Sfax), Mouna Jerbi (LERIC, Université de Sfax), Imen Ben Saïd (LERIC, Université de Sfax), Abbes Marzouki (LERIC, Université de Sfax).

Coordinateur :

Hichem Ismail.

 

 

  • Responsable :
    Hichem Ismail
  • Adresse :
    Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax