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L'Illusion (Illusion, perception, représentation du monde)

L'Illusion (Illusion, perception, représentation du monde)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Angela Braito)

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Colloque pluridisciplinaire : 6-8 octobre 2010,Maison des Sciences de l'Homme - Alpes(Grenoble)

Souventprésentée comme « le point aveugle » de l'entendement, l'illusionsemble se jouer de nous, sentiment que l'étymologie latine du terme (illudere : se jouer de) ne fait que conforter. Denombreux penseurs ont tenté de s'en libérer et de s'en prémunir, entamant ceque Roland Quilliot désigne comme « une quête de lucidité ». Parcequ'elle nous engage sur le terrain de notre connaissance et de notre rapport aumonde, cette quête est universelle : les débats philosophiques autour lanotion scandent régulièrement l'histoire de la pensée humaine.

Toutefois, l'influencede l'illusion dépasse le cadre strictement philosophique pour imprégnerd'autres sphères. Véritables miroirs de la société, les arts et les sciencesdeviennent des laboratoires de réflexion et d'expérimentation dans lequell'illusion tient une place primordiale. De la physique à la littérature, de lapeinture à la biologie, chaque discipline tente de s'approprier la notiond'illusion avec ses propres moyens. Si les catégories scientifiques n'épuise nine cernent le sujet, elles permettent néanmoins à de nombreux domainesintellectuels de s'épanouir : à titre d'exemple, les lois de laperspective et les avancées scientifiques concernant la dioptrique et lacatoptrique sont exploitées par les peintres, les sculpteurs ou encore lesarchitectes.

Parce qu'ellepeut être involontaire ou produite à dessein, l'illusion peut également êtreappréhendée comme une contrefaçon. Cette ambivalence incite d'autresdisciplines à l'envisager, plus ou moins littéralement, en terme demanipulation. C'est le cas en particulier de la littérature et des arts duspectacle, qui mettent à profit une double signification du mot. Cette analysepourrait également être étendue à une réflexion anthropologique sur le rôle de l'illusiondans les relations sociales et sa place dans l'organisation de la sociétécontemporaine, tant au niveau social qu'au niveau politique ou économique.

La richesse dela notion d'illusion et les différents domaines du savoir qu'elle imprègne nousinvite donc à adopter une démarche essentiellement pluridisciplinaire. Dans lalignée des différentes rencontres organisées par le Centre d'Initiation à l'EnseignementSupérieur de l'académie de Grenoble, le colloque L'illusion (illusion,perception, représentation du monde) repose sur le dialogue fécond entre denombreuses disciplines autour d'une notion commune. Des grands axes deréflexion seront privilégiés :

Illusion et connaissance dumonde : la notion d'illusion est modeléepar de nombreux débats philosophiques et scientifiques. Parce qu'elle est unesimulation du vrai par le faux, elle appelle à une réflexion sur la frontièreexistante entre certains concepts : peut-on discerner le vrai dufaux ? Qu'est-ce qu'un faux savoir ? Une étude des différents débatsrévèle certaines équivoques concernant le statut de l'illusion, mais aussicelui de la réalité, remettant en question la nature même du visible. Commentle projet de critique des illusions s'est-il accompli au fil dutemps ? En quoi l'avènement des sciences biologiques et humaines a-t-ilcontribué à ce projet ?

Mécanique del'illusion : afin d'appréhenderl'illusion, la science propose de nombreuses classifications permettant d'avoirune prise directe sur les phénomènes. Les illusions, traitées sous toutes leursformes sont classées en fonction de leur impact sur les grandes procédures dela perception, et plus largement sur les comportements sociaux. Parce que notreperception nous impose une manière spécifique d'envisager le monde (en valeursrelatives et en déviation par rapport à la norme), l'illusion peut égalementêtre abordée à partir de la dialectique norme / écart. L'illusion fera donc l'objetd'une analyse s'appuyant sur des concepts scientifiques tels que le contraste,la fusion, ou encore la ségrégation.

Construire et déconstruirel'illusion : si la science et laphilosophie s'appliquent à déconstruire l'illusion, certaines disciplinesartistiques tentent, au contraire, de la reconstruire en prenant appui sur lesavancées scientifiques. L'histoire de l'art est particulièrement marquée par lanotion d'illusion : le peintre comme l'architecte tirent profit desdécouvertes concernant la perspective. De la même manière, les dramaturgescultivent un art de l'illusion dans la construction et la gestion des décors.Le rapport entre la littérature, les arts du spectacle et la notion d'illusionest particulièrement intéressant puisque cette dernière régit les mécanismesmêmes de la fiction : on peut alors se demander en quoi la fiction seprésente comme le support d'un faire illusion et dans quelle mesure ellefait appel à un jeu de simulacre parfaitement maîtrisé.

Anthropologie del'illusion : comme le remarque MaxPoty, l'impossibilité de la transparence en matière de communication nousengage à « considérer toute situation communicationnelle à la manièred'une mise en scène ». Ainsi, l'un des fondements de notre sociétéoccidentale semble reposer sur le principe de l'illusion : tout acte decommunication se présente sous la forme d'un simulacre : commentl'illusion contamine-t-elle notre rapport à autrui et notre rapport à nousmême ? Le moi peut-il s'illusionner ? On peut également envisager l'importancede l'illusion dans les processus de communication : dans quelle mesurel'illusion intervient-elle dans une stratégie de manipulation desaffects ? Comment les différents régimes politiques ont-ils utilisé lesmécanismes de l'illusion ?

Illusion, « médiumimage » et virtualité : l'apparentefidélité de la représentation analogique produit un certain nombre d'illusionsspécifiques qui peuvent être analysées : quels sont leurs rôles dans lefonctionnement des médias de masse ? En quoi la fidélité confondante de lareprésentation analogique s'accompagne-t-elle parfois d'une« réhabilitation dangereuse de l'apparence » ? Dans la lignée decette réflexion sur le statut de l'image, nous nous intéresserons au rôle del'illusion dans la construction d'univers virtuels. L'étude des loisirsvidéo-ludiques offre une piste intéressante : comment l'illusion est-elleintégrée, de manière littérale et métaphorique, dans le jeu ? D'autrepart, nous envisagerons la création d'univers virtuels fondés sur la constructionde rapports sociaux spécifiques.

Informations

Les résumés des communications,d'une page maximum, devront être envoyés au plus tard le 20 février 2010 sousforme électronique à l'adresse suivante : colloque.illusion.2010@gmail.com.

Les propositions devront également être accompagnées des renseignementssuivants : Auteur(s) ; Etablissement (Pays) / Fonction ; Titrede la communication ; Adresse ; Téléphone ; E-mail.

Desinformations supplémentaires sont disponibles sur le site Internet du colloque : http://colloqueillusion.free.fr

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Comité Scientifique : Evelyne BUISSIERE, enseignante des classespréparatoires aux grandes écoles (Grenoble) ; Didier BRESCH, directeur derecherche au CNRS (Université de Savoie) ; Yves CITTON, professeur delittérature française (Université Grenoble 3) ; Julien DOUADY, maître deconférences (Université Joseph Fourier) ; Florence GOYET, professeurde littérature générale et comparée (Université Grenoble 3) ; Catherine LANGLE, maître de conférencesen littérature française (Université Grenoble 3) ; Romain MEILHON, gamedesigner (ENJMIN) ; Martial POIRSON, maître de conférences en littératurefrançaise (Université Grenoble 3)

Comité organisateur : Aleksandra BOGDANOVIC-GUILLON, journaliste,consultante et formatrice en communication scientifique ; Angela BRAITO (Université Grenoble 3) ; JulienOLIVIER (Université de Savoie)