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L’idée d’Europe chez les écrivains français du XXème siècle

L’idée d’Europe chez les écrivains français du XXème siècle

Publié le par Elisa Bricco (Source : Pier Luigi Pinelli)

   Le Centre culturel européen et M. Pier Luigi Pinelli, Professeur de Langue et de Littérature françaises à la Faculté de Langues étrangères de l’Université de Gênes, vice-président de la Société internationale des Études mauriaciennes, organisent à Gênes le Colloque International sur L’idée d’Europe chez les écrivains français du XXème siècle: François Mauriac et … les autres.
   Le Colloque (qui s’adresse aux étudiants de toutes les Facultés, et, surtout, à ceux de Langues, de Lettres, de Sciences politiques, de Sciences de la formation, de Sciences économiques, aux élèves de lycée, aux associés du Centre culturel européen et à tous les Génois) enquête sur l’idée d’Europe chez les écrivains français du XXème siècle, qui, par leurs écrits littéraires ou journalistiques, ont donné voix aux attentes unitaires des peuples du vieux Continent. Une série de questions fondamentales seront abordées : quelle idée d’Europe veut-on réaliser? Vers quelle Europe désire-t-on aller?
    Pourquoi les écrivains français? Parce qu’il ne faut pas oublier que la France, une des nations fondatrices de l’Union européenne, a récemment rejeté la Constitution européenne, rédigée sous la direction de l’ancien Président de la République française, Valéry-Giscard d’Estaing. Il ne semble pas dépourvu d’intérêt et de valeur connaître les causes culturelles, sociologiques et politiques qui ont amené le peuple français à ce choix inattendu, qui a rempli d’amertume beaucoup de Français et remis en cause l’union politique de l’Europe.
   Pourquoi François Mauriac? Maître à penser de l’Occident catholique, Mauriac, Prix Nobel pour la Littérature en 1952, a fait de l’Europe l’un des thèmes de sa pensée d’écrivain journaliste: de ses premières chroniques du Gaulois, en 1919, jusqu’aux blocs-notes rédigés l’année de sa mort, il est soucieux d’analyser la situation du vieux Continent et de réfléchir à son avenir. Mais, c’est au lendemain de la Libération et jusqu’au début des années 50 que l’Europe le préoccupe plus particulièrement. Les titres de quelques articles publiés en 1945 sont très éloquents: “Sauver l’Europe”, “L’Europe sans issue”, “La Presqu’île Europe”, “Bloc occidental? Non: Europe”. Une seule voie de salut: en dépit de leurs légitimes aspirations à l’indépendance, les nations européennes qui la constituent doivent comprendre et accepter, écrit Mauriac, la «nécessité de s’agréger, de se fédérer – nécessité inéluctable dans cet univers exténué où d’autres géants … essayent de délimiter leurs zones d’influences». L’écrivain de Bordeaux n’est ni un théoricien politique, ni un juriste international, il demeure un poète, un visionnaire, mais sa ligne politique est nette: convaincre ses lecteurs que seule une Europe unie pourra parler d’égal à égal avec les “Grands” et affirmer son existence parmi eux. Et c’est là qu’intervient le concept de culture européenne: l’Europe peut et doit faire son unité politique car celle-ci «existe déjà dans l’ordre de la culture […] L’Européen est l’héritier de la plus haute culture humaine: L’Europe, c’est cette presqu’île où sont nés Pascal et Mozart, Dante et Beethoven, Arthur Rimbaud  et Marcel Proust». Et ces noms qui incarnent le génie européen forment l’harmonie d’une symphonie unique: ainsi s’édifie sous la plume de Mauriac une Europe où les grands esprits de chaque nation entretiennent un perpétuel dialogue et tissent la trame d’une identité culturelle. C’est un hymne en l’honneur de cette “terre sacrée” où toutes «ces sources du génie humain, français, italien, allemand, anglais, flamand, espagnol, slave … sans se confondre, ont jailli si près les unes des autres».
   L’art, la littérature, la pensée doivent s’inscrire dans une tradition, la respecter, l’enrichir sans doute, mais surtout la transmettre intacte aux générations à venir. Par là, cette culture européenne acquiert une dimension intemporelle, immuable, transcendant les siècles comme les frontières: du XIIIe au XXIe siècle, de Dante à Proust, on dirait que pour Mauriac le temps de la culture européenne n’a été qu’un instant infini ou, selon une de ses formules poétiques, “le présent éternel”.
Le Président du Colloque
                                                        Pier Luigi Pinelli