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L’Hypotypose : théorie et pratique de l’Antiquité à nos jours 

L’Hypotypose : théorie et pratique de l’Antiquité à nos jours

 

Les rédacteurs de la revue (Folia Litteraria Romanica) FLR invitent les Auteurs à soumettre des articles et des comptes rendus pour le prochain numéro qui portera sur L'Hypothypose: théorie et pratique de l'Antiquité à nos jours

Le terme d’hypotypose est assez mal défini et rare parmi les Anciens, mais il fonctionne souvent en dehors des théories, dans la pratique littéraire ; aujourd’hui c’est tout le contraire : il s’agit là d’un terme technique utilisé dans la rhétorique et peu connu au-delà. En théorie, il a toujours été associé à la description vive et rattaché, voire confondu avec des notions voisines telles que, chez les Grecs, ekphrasis, enargeia, energeia ou, chez les Latins, repraesentatio, euidentia, illustratio, demonstratio. Qui plus est, le principe horatien, ut pictura poesis, tout comme l’impératif rhétorique, ante oculos ponere, ont dominé l’approche critique en inscrivant l’hypotypose dans la théorie de la correspondance des arts.

Or, dans la situation où les frontières entre différents concepts se sont diluées, il faut, nécessairement, définir l’hypotypose sur laquelle nous nous proposons de réfléchir. Nous allons entendre par là, fondamentalement, une « figure de style consistant à décrire une scène de manière si vive, si énergique et si bien observée qu’elle s’offre aux yeux avec la présence, le relief et les couleurs de la réalité ». Mais cette définition générale formulée par Henri Morier demande quelques précisions et restrictions terminologiques permettant d’éviter les équivoques.

 

C’est pourquoi nous allons envisager l’hypotypose comme :

– un moyen d’expression qui sert à raconter des événements. C’est dire que, pour qu’il

y ait hypotypose, il faut qu’il y ait un récit de faits. C’est l’aspect narratif que nous voulons privilégier, en écartant de notre recherche tous les phénomènes littéraires purement descriptifs, statiques, comme la topographie, la prosopographie, l’éthopée, l’ekphrasis, etc. Du même coup, la description littéraire d’oeuvres d’art ne va pas nous intéresser ;

– un signe au sens sémiologique. C’est dire que, pour qu’il y ait hypotypose, il faut qu’il y ait une rupture dans le discours, le passage du simplement narratif à la mise en scène. L’hypotypose se déploie par contraste discursif entre la narration panoramique, lente et équilibrée, et l’irruption d’un tableau dynamique qui puisse réveiller le lecteur et lui ménager la surprise ;

– une figure propre à émouvoir, chose probablement essentielle. L’hypotypose devrait emporter le lecteur, produire dans son âme un véritable transport en y suscitant des émotions fortes telles que pitié, frayeur, horreur, admiration, ravissement, etc.

– un procédé qui suppose l’effacement du locuteur au profit de l’objectivation de la scène évoquée. Grâce à ce phénomène l’hypotypose renforce sa capacité à remplir la fonction émotive, car l’attention du lecteur, au lieu d’être dissipée par les préoccupations narcissiques du narrateur, se trouve toute focalisée sur les personnages et leur devenir. Dans cette perspective notre figure s’oppose à la description romantique qui privilégie la théâtralisation du poète friand de son individualité et de son vécu ;

– une figure qui se caractérise de préférence par un style asyndétique propre à créer dans l’imagination du lecteur l’effet d’une énumération hallucinante de mouvements, de gestes ou de détails concrets ; grâce à cet effet, il pourra pleinement savourer le plaisir de la présence évoquée des protagonistes et de leur destin ;

– une figure occupant une étendue variable qui peut aller approximativement de quelques lignes (vers) jusqu’à deux ou trois pages (vingt à trente vers). Dans le choix de détails l’hypotypose doit être moins exhaustive que pertinente, les éléments sélectionnés étant révélateurs de l’essence des choses et susceptibles d’agir sur l’imagination du lecteur. La pertinence de la figure suppose, d’autre part, le vraisemblable : l’excès de détails risque de le détruire en déplaçant l’attention du lecteur de la scène représentée vers les propriétés du discours ;

– au point de vue des thèmes, l’hypotypose représente entre autres les scènes de meurtres individuels, les faits guerriers, les fléaux et les catastrophes naturelles, les manifestations collectives de l’activité humaine (fêtes, cérémonies, travaux civils).

 

Dans le n° 11 des Folia Litteraria Romanica, nous vous invitons à aborder le problème de l’hypotypose ainsi déterminée, et, en particulier, à examiner la théorie et la pratique de cette figure depuis l’Antiquité jusqu’à notre époque. Sur le plan métacritique, on pourra se demander d’abord pourquoi l’hypotypose connaît, depuis quelque temps dans la recherche universitaire, une telle fortune qui va jusqu’à noyer la précision du concept. Ensuite, du poème épique au roman moderne, de la tragédie antique au drame expressionniste, en passant par le récit bref, l’éloquence de la chaire et celle du barreau ainsi que le discours politique – le champ d’application de l’hypotypose est très vaste et offre à l’étude beaucoup de possibilités. Seront bienvenues les contributions de littéraires, d’historiens, de linguistes et d’historiens de la langue, de spécialistes du film, et de tous ceux, représentants d’autres disciplines scientifiques, qu’inspire ce thème.

 

Nous attendons les projets de vos articles (800-1000 signes espaces comprises) jusqu’au 27 mars 2016. Les articles devront être envoyés avant le 17 juillet 2016. Le volume sera publié vers la fin 2016. Prière d’envoyer projets et articles à l’adresse flromanica@gmail.com.