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L’honnêteté au Grand Siècle : belles manières et Belles Lettres (NASSCFL 2018, Lecce, Italie)

L’honnêteté au Grand Siècle : belles manières et Belles Lettres (NASSCFL 2018, Lecce, Italie)

Publié le par Marc Escola (Source : www.nasscfl2018.wordpress.com)

48e Congrès de la  North American Society for Seventeenth Century French Literature

UNIVERSITÀ DEL SALENTO – LECCE

27-30 juin 2018

L’honnêteté au Grand Siècle : belles manières et Belles Lettres

 

La NASSCFL, société nord‑américaine réunissant les spécialistes du XVIIe siècle français du monde entier, tiendra à Lecce (Italie) son 48e Colloque international pour s’interroger sur la notion d’honnêteté au Grand Siècle.

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Dès la Renaissance, l’Italie fournit à la France non seulement de nombreuses notions conceptuelles (cf. par exemple l’importance de l’école de Padoue pour le courant libertin français), mais aussi un grand nombre d’ouvrages et de ‘modèles’. Pour les « bonnes manières », par exemple, le prototype du « courtisan » joue un rôle capital : on assiste en France à une large diffusion des manuels de conduite italiens (il suffit de songer à la fortune de la Civil Conversazione de Stefano Guazzo, du Galateo de Giovanni Della Casa, et du Cortegiano de Baldassarre Castiglione), lesquels ont beaucoup contribué à l’élaboration de l’idéal de l’honnêteté et du principe de la bienséance.

Liées à leur tour au concept des « bonnes manières » et associées presque toujours au profil du parfait courtisan, les notions d’« honnête » et d’« honnêteté » jouent un rôle de premier ordre en France tout au long du XVIIe siècle, comme en témoignent l’ouvrage fondateur de Nicolas Faret, L’Honneste homme (Paris, T. du Bray, 1630), et ses nombreux émules, tels que, par exemple, L’Honnête femme de Jacques Du Bosc (Paris, Billaine, 1632), L’Honneste fille, L’Honneste Mariage et L’Honneste garçon de François de Grenaille, entre 1639 et 1642, etc.

Les mots « honnête » et « honnêteté » embrassent plusieurs notions et se rattachent aux concepts de « bienséance » et de « politesse », comme en témoignent les définitions suivantes fournies par Furetière dans son Dictionnaire universel (1690) :

BIENSEANCE s.f. Ce qui convient à une chose, qui luy donne de la grace, de l’agréement. Il est de la bienseance de se tenir decouvert et en une posture honneste devant les Grands et les Dames. La bienseance exige de nous plusieurs devoirs et civilitez. Il faut en toutes choses observer les bienseances. (p. 228)

HONNESTE adj. m. et f. Ce qui merite de l’estime, de la loüange, à cause qu’il est raionnable, selon les bonnes mœurs. On le dit premierement de l’homme de bien, du galant homme, qui a pris l’air du monde, qui sçait vivre. Faret a fait un livre de l’honneste homme, le Pere du Bosc un de l’honneste femme ; Grenaille un de l’honneste fille et de l’honneste garçon, qui contiennent des instructions pour ces personnes-là. Il ne faut hanter que d’honnestes gens. Honneste Femme, si dit particulierement de celle qui est chaste, prude et modeste, qui se donne aucune occasion de parler d’elle, ni même de la soupçonner. […]

HONNESTETÉ. s.f. Pureté de mœurs. […] les regles de l’honnesteté sont les regles de la bienseance, des bonnes mœurs, l’honnesteté des femmes, c’est la chasteté, la modestie, la pudeur, la retenuë. L’honnesteté des hommes, est une manière d’agir juste, sincere, courtoise, obligeante, civile. (p. 1037)

POLITESSE s.f. conduite honneste, civile er agreable dans les mœurs, dans les manieres d’agir et d’escrire. (p. 1265)

Ces définitions, qui ne fournissent que quelques exemples des différents aspects sémantiques et domaines (social, mondain, moral, littéraire) impliqués dans la notion  d’« honnêteté », enchaînent sur la question des femmes et en soulignent certaines valeurs incontournables telles la modestie, la pudeur, la retenue. Les dictionnaires de ce siècle révèlent que la question de la déclinaison au féminin de la notion d’« honnêteté » est particulièrement riche et complexe, avec des débats sur l’accès des filles au savoir et sur le contenu de leur éducation : savoirs profanes, tels que musique, histoire, philosophie (cf. L’honnête femme du Père Du Bosc, 1632), logique, physique, rhétorique, grec, latin, italien, espagnol, cosmographie (cf. L’Honnête fille de Grenaille, 1639).

 

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Le but de ce congrès interdisciplinaire est de s’interroger le plus largement possible sur le concept et les pratiques de l’honnêteté. Les principaux axes que nous  proposons sont ainsi :

- une analyse des sens et des usages de la notion d’« honnêteté » tout au long du XVIIe siècle. Une étude du transfert et des réappropriations des ‘modèles’ italiens en France à partir du prototype du « courtisan » sera un aspect important de ces questions ;

- une exploration des avatars de l’honnête homme, l’honnête femme, l’honnête fille, l’honnête garçon, etc. La question du rapport établi entre les discours sur l’honnêteté et les discours sur les femmes (éducation, manière, codes sociaux, etc.) est là d’une importance particulière. Il faudra aussi étudier les différents aspects des livres et des discours sur l’honnêteté qui se font jour, du champ pédagogique au domaine moral et littéraire. La présence et le rôle de ces questions dans la littérature fictionnelle, notamment, sera un point important à prendre en compte ;

- un examen des relations entre le modèle de l’honnêteté et les pratiques de sociabilité du temps. La question de la duplicité, voire du malhonnête (et donc des personnages littéraires qui n’ont aucun souci de la notion d’honnêteté) retiendra notre attention ;

- une réflexion, en partant de la notion d’honnêteté, à propos de la République internationale des Lettres (XVIe-XVIIIe siècle).  Dans une optique de méditerranéité et de cosmopolitisme, on fournira des ‘configurations’ du Grand siècle (juste avant et après le XVIIe siècle) au-delà de la France.

 

Les propositions de communication (en français ou en anglais) d’une moyenne de 300 mots, sont à envoyer avant le 15 octobre 2017 à l’adresse suivante : nasscfl2018@gmail.com

Les propositions de séance (en français ou en anglais), avec ou sans intervenants, sont à envoyer avant le 10 octobre 2017 à l’adresse suivante : nasscfl2018@gmail.com

Comité scientifique : Mathilde Bombart (Université de Lyon3), Gilles Declercq (Université Sorbonne Nouvelle), Dominique Descotes (Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II), Giovanni Dotoli (Università di Bari Aldo Moro et Cours de Civilisation Française de la Sorbonne), Perry Gethner (Oklahoma State University), Marcella Leopizzi (Università del Salento), Christine Pioffet (Université York de Toronto), Christine Probes (University South Florida), Jean Pruvost (Université de Cergy-Pontoise), Alain Rey (Éditions Le Robert), Rainer Zaiser (Universität zu Kiel).