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Sous lesauspices du Fonds Ricoeur
dans le cadre des activités de laChaire d'études du Québec contemporain
de l'Université SorbonneNouvelle – Paris 3
en collaboration avec le Centre deRecherche sur les Arts et le Langage (EHESS/CNRS)
Colloqueinternational
L'héritage littéraire de Paul Ricoeur
17-19 juin2010
Amphithéâtre de l'Institut protestantde théologie,
83, boulevard Arago, 75014 Paris
Colloqueinternational
L'héritagelittéraire de PaulRicoeur
L'oeuvre de Paul Ricoeur a inauguré un nouvel espace detravail interdisciplinaire sur les textes et a, de ce fait, profondément marquéles études littéraires des trente dernières années. Ainsi, et pour s'en tenirau seul ouvrage Temps et récit, les concepts de récit, detemps, d'identité narrative et d'événement tels que Ricoeur les déploie en lesproblématisant, ont donné lieu à des déclinaisons littéraires qui paraissentdésormais aller de soi : « le récit national » comme élément structurantles textes singuliers dans une communauté spécifique, l'identité narrativecomme clé de l'autofiction, les apories du temps comme outils de compréhensionde la scansion poétique, l'événement, enfin, comme noeud de significations quipermet d'appréhender des expériences en apparence aussi différentes que lalecture individuelle ou la constitution de l'histoire littéraire.
Le colloque sera l'occasion de dresser un premierbilan de l'héritage littéraire de Paul Ricoeur. Il accueillera à la fois destravaux sur la dimension littéraire des textes de Ricoeur, des études décrivantles travaux actuels qui, en littérature, s'en sont inspirés, des réflexions surles enjeux liés à l'application des propositions ricoeuriennes en étudeslittéraires.
Enfin, le colloque présentera une table ronde portantsur la présence de Paul Ricoeur au Québec, tant au plan biographique(Ricoeur a effectué de très nombreux séjours au Québec et y a beaucoup enseigné)qu'en termes de développement des études ricoeuriennes, lesquelles y sontparticulièrement importantes, comme le montrent les bibliographies actuelles.
Comité scientifique
Lucie Bourassa• Université de Montréal
Micheline Cambron• Université de Montréal/Sorbonnenouvelle - Paris3
Dominique Combe• Sorbonne nouvelle - Paris 3
François Dosse• Fonds Ricoeur/Université Paris 12Créteil
Madeleine Frédéric• Université Libre de Bruxelles
Suzanne Foisy •Université du Québec à Trois-Rivières
Ioana Vultur• EHESS.
Comité organisateur
Lucie Bourassa• Université de Montréal
Micheline Cambron• Université de Montréal/Sorbonne nouvelle - Paris 3
François Dosse• Fonds Ricoeur/Université Paris 12 Créteil
Suzanne Foisy• Université du Québec à Trois-Rivières
Jean-Marie Schaeffer• EHESS/CNRS
Ioana Vultur • EHESS
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Jeudi 17 juin
9h00 Accueil
9h30 Ouverture du colloque
9h45 Première séance : L'éthique à l'épreuvede la littérature
Présidence :François Dosse
9h45 Jean-Marie Schaeffer • EHESS/CNRS
Lerécit comme structure d'individualisation personnelle et collective
10h15 BastienEngelbach • Université Paris-Est
Du modèle du récit à l'énonciation de soi: la dimension éthique
dela littérature révélée par l'identité narrative
10h45 Pause
11h00 AlexandreGefen • Université Bordeaux 3Michel de Montaigne
« Retours au récit » : Paul Ricoeur et la théorie littérairecontemporaine
11h30 PhilippeRoussin • CNRS
Récitet identité narrative chez Ricoeur
12h00 LambrosCouloubaritsis • Université Libre de Bruxelles
Lesaléas de la configuration dans l'analyse littéraire de Paul Ricoeur
12h30 Déjeuner
14h30 Deuxièmeséance : Ricoeur, le Québec etl'Amérique
Présidence: Suzanne Foisy
14h30 MichelineCambron • Université de Montréal /Sorbonne nouvelle – Paris 3
Lasociété récitée. Sur la fécondité du concept d'identité narrative
15h00 SergeCantin • Université du Québec àTrois-Rivières
Paul Ricoeur et Fernand Dumont : un dialogue posthume sur le sort
dela mémoire
15h30 Pause
16h00 Tableronde
Sur les traces philosophiques de PaulRicoeur, au Québec et
enAmérique animée par Suzanne Foisy
De profondes empreintes sont encoregravées chez les penseurs québécois et canadiens qui ont côtoyé Paul Ricoeurdans les années soixante et soixante-dix. Cette table ronde vise à dégager lesinfluences connues et inconnues, à rappeler et enrichir les réciprocitéspassées. Des chercheurs du milieu philosophique en témoigneront selon deux axes : l'un plus anecdotique ou historique, évoquant des souvenirssinguliers, encore vifs, l'autre plus théorique, présentant la croiséeparticulière de leurs oeuvres avec celle de Ricoeur, rendue possible par saprésence dans le contexte québécois ou canadien. Les interventions visent doncà illustrer l'impact d'événementset de rencontres, à baliser l'évolution de la pensée de Ricoeur durant cesannées : travaux sur la métaphore à la jonctionde la rhétorique et de l'herméneutique (rappelons que la première étude de La Métaphore vive est dédiée à Vianney Décarie del'Université de Montréal); fréquentation de l'oeuvre de Gadamer; débat avecDerrida; ouverture au tournant analytique. Se trouveront ainsi éclairées aussicertaines particularités de la diffusion de l'oeuvre de Ricoeur dans la traditionphilosophique, au Québec et en Amérique.
Avec
David Carr • Emory University
Récit personnel et récit historique :Ricoeur et la philosophie de l'histoire
Jacques Poulain • Université de Montréal
Communication et écriture : un conflitphénoménologique entre Jacques Derrida et Paul Ricoeur à Montréal en septembre1971
Jean Grondin • Université de Montréal
Une certaine manière herméneutique defaire de la philosophie
Peter McCormick • Institut international de Philosophie,Paris
Paul Ricoeur : de l'esthétique à l'éthique
18h00 Cocktailoffert par la Délégation Générale du Québec à Paris
Vendredi 18 juin
9h00 Accueil
9h30 Premièreséance : L'identiténarrative de l'auteur au lecteur.
Entreévénement et récit
Présidence :Lucie Bourassa
9h30 GérardLanglade • Université Toulouse 2 LeMirail
Événementde lecture et configuration des oeuvres
10h00 SabrinaParent • Université de Mons
Dans la lignée de Paul Ricoeur : pour une « poéthique » de l'événement
10h30 SophieMilquet • Université Libre deBruxelles/Université Rennes 2
HauteBretagne
(S')écrire(dans) l'événement guerrier
11h00 Pause
11h30 MarjolaineDeschênes • Université deMontréal/Université du Québec à
Trois-Rivières
L'identiténarrative de l'auteur. Écriture et identité chez Pierre Bertrand
12h00 M.-J.Fourtanier • Université Toulouse 2 LeMirail
Letexte comme une partition musicale
12h30 Déjeuner
14h30 Deuxièmeséance : Poétique etcommunication littéraire
Présidence :Madeleine Frédéric
14h30 IoanaVultur • EHESS
Lacommunication littéraire selon Paul Ricoeur
15h00 MarielleMacé • CNRS
Identiténarrative ou identité stylistique ?
15h30 MadeleineFrédéric • Université Libre deBruxelles
L'apportde Ricoeur dans un essai de rédéfinition de la stylistique
16h00 Pause
17h15 LucieBourassa • Université de Montréal
Tempset discours, au-delà du récit
17h45 ThomasPavel • Chicago University
Suis-jeun récit ? (par visioconférence)
Banquet
Samedi19 juin
9h00 Accueil
9h30 Mémoire et temporalité: l'inachèvement en histoire et
enlittérature
Présidencede séance : Micheline Cambron
9h30 JochenMecke • Universität Regensburg
Mimèsiset poiesis du temps : Paul Ricoeur et latemporalité du roman
(post-)moderne
10h00 JohanneVilleneuve • Université du Québec à Montréal
Inchoativiténarrative et témoignage. Littérature et génocide
10h30 Pause
11h00 YvesHersant • EHESS
Ricoeur et lamétaphore
11h30 SabinaLoriga • EHESS
Tempsde l'histoire et temps de la biographie
12h00 FrançoisDosse • Fonds Ricoeur/Paris 12 Créteil
Labiographie à l'épreuve de l'identité narrative
12h30 Clôturedu colloque : Micheline Cambron
Les participants au colloque
LucieBourassa
Professeuretitulaire au Département des littératures de langue française de l'Universitéde Montréal, boursière de la fondation Humboldt (2010). Elle a abordé diversesquestions de poétique : Rythme et sens, des processus rythmiques enpoésie contemporaine, Montréal, Balzac, 1993 ; Henri Meschonnic. Pourune poétique du rythme, Bertrand-Lacoste, 1997 (traduit en coréen en 2007) ; L'entrelacs destemporalités : du temps rythmique au temps narratif, Nota Bene éditeur. Ses travaux récents portent sur les théories,fictions et utopies du langage des poètes, en relation avec leur pratique.
MichelineCambron
Professeuretitulaire au Département des littératures de langue française de l'Universitéde Montréal. Spécialiste de la littérature québécoise des XIXe et XXesiècles, elle poursuit des travaux en théorie de l'histoire littéraire et enhistoire culturelle. Elle a publié Une société, un récit. Discours culturel et récit au Québec(1967-1976),1989, et dirigé deux ouvragescollectifs : Le Journal Le Canadien. Littérature,espace public et utopie (1836-1845),Fides,1999 et La Vie culturelle àMontréal vers 1900, Fides/BAnQ, 2005. Elle est,en 2009-2010, titulaire de la Chaire d'études du Québec contemporain del'Université Sorbonne Nouvelle – Paris3.
SergeCantin
Professeurtitulaire au Département de philosophie de l'Université du Québec àTrois-Rivières, chercheur au Centre interuniversitaire d'études québécoises.Auteur de nombreux articles et de quatre ouvrages — Le philosophe et le déni du politique. Marx,Henry, Platon (prix Raymond-Klibansky 1993) ; Ce pays comme un enfant (1997) ; Fernand Dumont : Un témoin de l'homme (2000) ; Nous voilà rendus au sol. Essais sur ledésenchantement du monde (2003) —, il acodirigé trois collectifs : L'Autre de la technique (2000) ; Nos vérités sont-elles pertinentes ? L'oeuvrede Fernand Dumont en perspective(2008) ; Modernité et religion au Québec. Où ensommes-nous ? (2010).
DavidCarr
Professeur de philosophie àEmory University, Atlanta USA. Il a enseigné à Yale University, à l'Universitéd'Ottawa, et à la New School for Social Research, New York. Il est l'auteur de : Phenomenology and theProblem of History (1974) ; Time, Narrative andHistory (1986) ; Interpreting Husserl (1987) ; The Paradox of Subjectivity (1999).
LambrosCouloubaritsis
Professeurémérite à l'Uni-ver-sité Librede Bruxelles, mem-bre de l'Aca-démie royale de Belgique, membre cor-res-pondantdes Aca-démies d'Athènes et d'Arménie, et docteur honoris causa de plu-sieurs universités (Oradea, Athènes, Crète et Liège). Sesrecherches ont porté sur la philosophie ancienne et médiévale, ainsi que sur lamétaphysique. En parallèle, il a travaillé sur les problèmes du mythe et durite. Depuis 2000, il se consacre surtout à la philosophie contem-poraine et àdes problèmes d'actualité, plus spécialement aux problèmes de la proximité, dela souffrance humaine, de la violence et de la complexité.
MarjolaineDeschênes
Auteurede trois livres de poésie (L'eaud'Ensor, 2002 ; Exosphère, 2004 et L'étreinte ne sera plusfugace, 2007), elle a publié destextes dans Æ, Art Le Sabord, Exit,Parle-moi d'amour, La poésie prend le métro et le bus. Titulaire d'une maîtrise en philosophie (Université du Québec à Trois-Rivières)elle termine une thèse en études françaises (Université de Montréal/UQTR). AvecSerge Cantin, elle a codirigé la publication de l'ouvrage Nos vérités sont-elles pertinentes ? L'oeuvre de Fernand Dumont en perspective, PUL, 2009.
FrançoisDosse
Historien,agrégé d'histoire, professeur des universités, enseigne à l'IUFM de Créteil, àl'Institut d'études politiques de Paris et est chercheur associé à l'Institutd'histoire du temps présent et au Centre d'histoire culturelle des sociétéscontemporaines de l'Université Saint-Quentin-en-Yvelines. Il est l'auteur,entre autres, de Paul Ricoeur, les sensd'une vie, La Découverte, 1997, éd.revue et augmentée 2008 ; Michelde Certeau, le marcheur blessé,La Découverte, 2002 ; Le pari biographique. Écrire une vie, La Découverte, 2005 ; Paul Ricoeur, Michel deCerteau, entre le dire et le faire,L'Herne, 2006 ; Paul Ricoeur et les sciences humaines, dir. avec Christian Delacroix et Patrick Garcia, La Découverte,2007.
BastienEngelbach
Doctoranten philosophie à l'Université Paris-Est. Ses recherches portent sur le rôle dela relation à autrui dans la construction de soi, et concernent plusparticulièrement les oeuvres de Paul Ricoeur, Emmanuel Levinas et FrancisJacques.
SuzanneFoisy
Professeuretitulaire de philosophie à l'Université du Québec à Trois-Rivières, spécialistede Schelling, Suzanne Foisy a publié des articles sur l'esthétique kantienne etl'esthétique contemporaine. Membre du comité de rédaction de Æ, elle aparticipé aux ouvrages L'Esthétique de Kant (H. Parret), Berlin/New-York, W. de Gruyter et La pensée philosophique d'expressionfrançaise au Canada. Le rayonnement du Québec (R. Klibansky et J. Ayoub), Presses de l'Université Laval, en1998. Elle a dirigé ou codirigé des dossiers dans Philosophiques, Dialogue et Lumen. Elle a codirigé L'expérience esthétique en question (L'Harmattan, 2009)et Désintéressement etesthétique (Nota bene 2010).
Marie-JoséFourtanier
Professeureà l'IUFM Midi-Pyrénées École interne de l'université Toulouse 2 Le Mirail,chercheure au laboratoire LLA-CREATIS. Ses travaux portent sur les relationsentre mythes, pratiques culturelles et formation de l'imaginaire du lecteur,dans le cadre d'une réflexion sur l'enseignement de la littérature. Textesrécents : « Entre corpus légitimes etlectures buissonnières, la formation du sujet lecteur », Du corpus scolaire à labibliothèque intérieure, B. Louichonet A. Rouxel (dir.), Presses Universitaires de Rennes, 2010 ; « Pour un enseignement littéraire à l'usage du monde », in L'école et le(s)savoir(s) : la question du sens, A. Seoud (dir.), Presses de l'Université de Sousse, 2009.
Yves Hersant
Directeurd'études à l'EHESS, est membre du comité de rédaction de la revue Critique et directeur de collection aux éditions Les Belles Lettres. Il anotamment publié La métaphore baroque (Paris, Le Seuil, 2001) et Mélancolies (Paris,Laffont, 2005), ainsi que des traductions de Giordano Bruno.
AlexandreGefen
Maîtrede conférences en littérature française du XXe siècle à l'UniversitéMontaigne Bordeaux 3, il est fondateur du site Fabula etmembre du groupe de recherche Modernités (EA 4195 TELEM). Il travaille sur desquestions de théorie littéraire appliquées à la littérature françaisecontemporaine et notamment sur la question du statut, des fonctions et deseffets de la fiction. Parution récente : Littérature etexemplarité (en collaboration, Pressesuniversitaires de Rennes, 2007).
Jean Grondin
Professeurde philosophie à l'Université de Montréal. Spécialiste de Gadamer et de l'herméneutique,il fréquente Paul Ricoeur depuis les années 70. Docteur de l'Université deTübingen. Docteur honoris causa de l'Université de Tucumán. Boursier Killam. Membre de la SociétéRoyale du Canada. Il a publié, entre autres ouvrages : L'universalité del'herméneutique (PUF, 1993) ; Le tournantherméneutique de la phénoménologie(PUF, 2003) ; Introduction à la métaphysique (Presses de l'Université de Montréal, 2004) ; L'herméneutique (« Que sais-je? », 2006) ; La philosophie de lareligion (« Que sais-je? », 2009).
MadeleineFrédéric
Professeurede littératures française et francophone contemporaines à l'Université Libre deBruxelles. Au nombre de ses publications, on retiendra : La répétition et ses structures dans l'oeuvrepoétique de Saint-John Perse (1984), La répétition. Étude linguistique etrhétorique (1985), La stylistique française en mutation (1997) et, sur le Canada, Polyptyque québécois(2005), Montréal mégapolelittéraire (dir.,1992), Entre l'Histoire et le roman : la littérature personnelle (dir., 1992), Québec/Acadie : modernité/postmodernitédu roman contemporain (codir. avec J. Allard, 1987)
GérardLanglade
Professeuren langue et littérature françaises à l'Université Toulouse 2 Le Mirail,Laboratoire LLA-CREATIS. Ses recherches portent sur la créativité des lecteurs,des spectateurs et des auditeurs, et sur l'interaction entre les prescriptionsdes oeuvres et les expériences artistiques (affectives et intellectuelles,éthiques et esthétiques) des récepteurs empiriques, à travers, notamment,l'étude d'autobiographies de lecteurs (écrivains, universitaires, étudiants,élèves... ), d'ouvrages critiques et de productions artistiques.
SabinaLoriga
Historienne,directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris. Sesrecherches portent principalement sur les rapports entre histoire etbiographie, les usages publics du passé, les constructions du temps historique.Elle a publié notamment : Lepetit x. De la biographie à l'histoire,Paris, Seuil, 2010 ; La Juste Mémoire. Lectures autour de PaulRicoeur, Genève, Labor et Fides, 2006(en collaboration avec O. Abel et al.) ; Soldats. Un laboratoiredisciplinaire : l'armée piémontaise au XVIIIe siècle, Paris, Mentha, 1991 et Belles Lettres, 2007.
PeterJ. McCormick
Professeurhonoraire de l'université d'Ottawa et professeur émérite de l'InternationaleAkademie für Philosophie (Liechtenstein). Formation en lettres classiques, enlittérature et en philosophie à New York ; doctorat et doctorat d'état à Paris, en philosophie, sous ladirection de Paul Ricoeur ;études post-doctorales avec Hans-Georg Gadamer. Vice-président de l'InstitutInternational de Philosophie (Paris), 2006-2009 ; Vice-président du Comité international d'orientationscientifique et stratégique (COSS) du Collège de France (Paris), 2006-2009 ; membre de Conseil de l'école doctorale de l'Institut catholiquede Paris. Travaille dans le domaine de la philosophie morale et de laphilosophie de l'art. Publications récentes : Poverty Among ImmigrantChildren in Europe (with A. Bhalla) (2009) ; Eco-Ethics andContemporary Philosophical Reflection(2008), Eco-Ethics and an Ethicsof Suffering (2008)
MarielleMacé
Spécialistede littérature française moderne. Chercheuse au CRAL (CNRS-EHESS), ancienneélève de ENS (Paris), elle enseigne àl'ENS, à l'EHESS et à New York University (NY). Sa recherche porte sur le genrede l'essai et sur les essayistes français modernes, sur l'extension de lanotion de « style » et sur les formes de l'expérience littéraire (conduites de lectures,pensées de la fiction, pratiques interprétatives et attitudes esthétiques).Parmi ses publications récentes : Le Temps de l'essai (Belin, 2006), Devantla fiction, dans le monde, (PressesUniversitaires de Rennes, 2009), Du Style !,(dir.), Critique,
n° 752-753, 2010.
Jochen Mecke
Professeurdes universités et titulaire de la chaire de littératures romanes àl'Université de Regensburg où il dirige le Centre de Recherches sur la CultureEspagnole. Ses recherches portent sur les siècles d'or de la littératureespagnole, l'âge classique, la littérature moderne en Espagne et en France, laculture postmoderne, la Nouvelle Vague, le temps et son rôle dans lalittérature et la culture, l'intermédialité et la culture du mensonge. Publicationrécente : Cultures of Lying (2007).
SophieMilquet
Doctoranteà l'Université Libre de Bruxelles, en co-tutelle avec l'Université de Rennes 2Haute Bretagne, elle est titulaire d'une maîtrise en langues et littératuresromanes et en enseignement du français langue étrangère. Ses travaux portentsur l'expression de la mémoire et de l'identité féminines dans les écrituresfictionnelles (en espagnol et en français) de la guerre civile espagnole. Ellea publié « Le roman comme lieu de mémoire : l'esthétique des fosses communes dans l'oeuvre d'AgustinGomez-Arcos », Interférenceslittéraires (2009).
SabrinaParent
Détentriced'un doctorat en lettres modernes (cotutelle Université de Toulouse-Le Mirail /Université Libre de Bruxelles) — « Poéthiques » de l'événement dans les oeuvres de Claude Simon, Jean Rouaud, Jean Follain,Jacques Réda, Eugène Saviztkaya et François Jacqmin —, Sabrina Parent aégalement obtenu un PhD en littérature et culture francophones (University of Texas,Austin) — West African Representations of WWII : (Re-) Writing Thiaroye. Elle est l'auteure de plusieurs articles sur l'écriture del'événement dans la poésie et le roman français et francophone contemporains.
ThomasPavel
Néen Roumanie, il enseigne la littérature à l'Université de Chicago. Il est l'auteur de Univers de la fiction (Seuil, 1988), L'Artde l'éloignement. Essai sur l'imagination classique (Gallimard, 1996), La Pensée du roman(Gallimard, 2003), et Comment écouter lalittérature (Fayard, 2006).
JacquesPoulain
Professeurà l'Université de Montréal (1968-85) ; directeur de programmes au Collège International de Philosophieet Vice-président International (1985-92) ; professeur à l'Université Paris 8 et directeur du département dePhilosophie (1988-2010) ;titulaire de la Chaire UNESCO de philosophie de la culture et des institutions(1996-2010). Publications : L'âgepragmatique, L'Harmattan, 1991 ; La loi de vérité, Albin Michel, 1992; La neutralisation du jugement, L'Harmattan, 1993 ; Les possédés du vrai, Ed. du cerf, 1998 ; La condition démocratique, L'Harmattan,1998 ; De l'homme, Ed. du Cerf, 2001.
PhilippeRoussin
Directeurde recherche au CNRS et responsable de l'équipe « Textes et littératures » du Centre de recherche sur les arts et le langage (EHESS/CNRS).Ses dernières publications : Misèrede la littérature, terreur de l'histoire. Céline et la littérature françaisecontemporaine, Gallimard, 2005 ; La Bibliothèque de laPléiade. Travail éditorial et valeur littéraire, J. Gleize et Ph. Roussin (dir.), Éditions des archivescontemporaines, 2009.
Jean-MarieSchaeffer
Directeurd'études à l'EHESS et directeur de recherche au CNRS. Philosophe, spécialisted'esthétique, il a publié entre autres : L'art de l'âge moderne, Gallimard, 1992 ;(avec Oswald Ducrot) Nouveau dictionnaireencyclopédique des sciences du langage,Seuil 2005 ; Les célibataires de l'art, Gallimard, 1996, Pourquoi la fiction ?,Seuil 1999 ; Adieu à l'esthétique, PUF, 2000 ;(avec Nathalie Heinich) Art,création fiction. Entre sociologie et philosophie, J. Chambon, 2004 ;(avec Ioana Vultur) « Fictionsautophages chez Marguerite Duras. A propos du cycle indien », Poétique, n°148, 2006 ; La fin de l'exception humaine, Gallimard, 2007. En préparation, L'expérience esthétique, Galllimard.
JohanneVilleneuve
Professeureau Département d'études littéraires de l'UQÀM et membre du Centre de recherchesur l'intermédialité (CRI), elle est l'auteure de nombreux articles sur lamémoire culturelle, l'intermédialité, le cinéma et la littérature. Elle apublié Le sens de l'intrigue.La narrativité, le jeu et l'invention du diable (Presses de l'Université Laval 2004) et deux ouvrages collectifs avec Brian Neville : Waste-site Stories. The Recycling of Memory (State University of New York Press, 2002) et La mémoire de déchets (Nota bene, 1999). Elle mène actuellement une recherche sur « L'intermédialité du témoignage » dans le contexte des deuxguerres mondiales, des camps soviétiques et des génocides.
IoanaVultur
ATERà l'EHESS (CRAL). Spécialiste de littérature française et comparée, elle a soutenu une thèsede doctorat à la Sorbonne sous la direction d'Antoine Compagnon et travaille dans le domaine del'herméneutique. Elle a publié entre autres : Proust et Broch : les frontières de la mémoire, lesfrontières du temps, L'Harmattan, 2003 ; « La Réception de la Recherche : une question de genre ? », Poétique, n°142, 2005 ;(avec Jean-Marie Schaeffer) « Fictionsautophages chez Marguerite Duras. À propos du cycle indien », Poétique, n°148, 2006 ; « Efficacité historique et transhistorique : Les Ménines de Velazquez », Documenti, n°3, 2006
(www.documenti.ve.it.). En préparation : Pour une herméneu-tiquede la culture, Gallimard.
Résumés des communications
(ordre deprésentation)
Jeudi 17 juin
Jean-MarieSchaeffer
Le récit comme structure d'individualisation personnelle etcollective
D'après l'opinion commune, la théorie du récit de Paul Ricoeurvoit dans le récit le principe génératif de l'identité individuelle etcollective. J'aimerais interroger cette double affirmation en suivant troisvoies : a) Qu'en est-il réellement de la fonction d'individuationindividuelle et collective du récit dans le modèle de Ricoeur ? b) Est-ce que l'idée selonlaquelle l'identité individuelle estfoncièrement narrative est empiriquement validable ? c) Quelles sont les relationsentre identité narrative individuelle et identiténarrative collective ?
Pour aborder ces questions, je me servirai des travaux deneuropsychologie et de psychologie cognitive, ainsi que des travauxanthropologiques et historiques consacrés aux fonctions des récits dans lesrégimes totalitaires. Je m'interrogerai notamment sur la puissance aliénantedes hétéro-narrations individuelles et collectives développées en contextetotalitaire.
Bastien Engelbach
Du modèle du récit à l'énonciation de soi
La thèse de l'identité narrative permet de penser la constitutionde l'identité de manière réflexive, comme étant celle d'un soi qui parvient às'énoncer au terme d'une série de médiations. L'identité narrative est donc lerésultat d'une vie examinée, où la littérature joue un rôle à la fois de modèleet d'exemple. Si le récit prend ainsi valeur de paradigme pour l'identité, enretour, la thèse de l'identité narrative rappelle que la littérature permetd'examiner et d'évaluer l'expérience humaine. En fournissant un modèle pourl'identité où la continuité des actions se constitue comme un texte et selaisse interpréter de la même manière, elle fait de la narrativité le ressortde l'éthique. L'identité narrative indique donc que l'oeuvre littéraire éclaireet anticipe des questions éthiques, indissociables des mécanismes deconstitution des identités, personnelles et collectives. Il s'agira icid'examiner de quelle manière l'identité narrative, en posant le problème del'énonciation de soi, en souligne la dimension éthique ainsi que celle de lalittérature.
Alexandre Gefen
« Retours au récit » : Paul Ricoeur et la théorie littérairecontemporaine
La critique littéraire du début du XXIe siècle estcaractérisée par ce que l'on pourrait nommer un tournant éthique, qui tient àla réhabilitation des pouvoirs cognitifs et moraux de la littérature. Le récitde fiction se verrait de nouveau conçu, au même titre que le récit historique,comme un dispositif de médiation cognitive et comme une forme de thérapeutique— qu'il s'agisse de suturer les blessures de l'histoire ou d'assurerl'unité du moi.
Le concept ricoeurien d'identité narrative, selon lequel lacontinuité du soi et la responsabilité du sujet ne peuvent être assurées quepar des narrations, comme la réflexion sur la représentation qui l'accompagne,est ainsi mobilisé par la plupart des théories contemporaines revalorisant lesenjeux éthiques ou politiques des productions littéraires. Le vocabulairepsychologique ou phénoménologique de Paul Ricoeur se trouve annexé à la critiquelittéraire et sa philosophie est revendiquée par les poétiques contemporainesfaisant « retour au récit » comme par la critique littéraire,enjoignant à la littérature contemporaine de quitter l'impasse formaliste et derevenir dans la sphère de l'action.
C'est sur cette dette et sur les débats qu'elle a pu provoquerque je souhaiterais revenir.
Philippe Roussin
Récit et identité narrative chez Ricoeur
Dans cette communication, on souhaite revenir sur la descriptiondu récit comme médiateur de l'identité et moyen de la désignation d'unepermanence du sujet et de son identification temporelle constante, sur laréponse que la notion d'identité narrative permet d'apporter à l'une desapories de la temporalité et sur la difficulté que constitue la constante d'uneidentité présentée comme première et antécédente à l'acte de raconter auregard de l'affirmation du caractère constructeur de l'acte narratif.
Lambros Couloubaritsis
Les aléas de la configuration dans l'analyse littéraire dePaul Ricoeur
La place occupée par le concept de « configuration » dansl'analyse du récit chez Ricoeur réévalue d'une façon inédite la notion de «mimèsis », surtout rela-tivement à la question du temps. Toutefois, l'absenced'une pratique de la configuration en tant que configuration dans des textesconcrets suscite une série de questions. D'abord parce que l'amplification dela refiguration s'accomplit au détriment de la préfiguration (les intriguesréelles). Ensuite, parce que le caractère restreint de la configuration risqued'oblitérer la « transfiguration » et de la « défiguration ». Enfin, parce que la façon dont Ricoeurcirconscrit la configuration envisage peu la portée des effets (passions)produits par son organisation interne, ce qu'Aristote avait pourtant mis envaleur.
Micheline Cambron
La société récitée. Sur la fécondité du concept d'identiténarrative
Le concept d'identité narrative fait son apparition en conclusionde Tempset récit et est donné par Ricoeur comme le résultat d'une reprise,d'une méditation sur le travail accompli dans le corps de son texte. Mais, dèsle premier tome de cet ouvrage magistral, Ricoeur mettait en place une façon depenser le récit qui le désenclavait des cadres de la seule intrigue en exposantle rôle de l'intelligence narrative dans le procès du sens. Le récit,préfiguré, configuré et refiguré, perdait sa dimension nucléaire et se trouvaitdéporté du côté de l'activité du lecteur. Cette proposition, approfondie etélargie dans Soi-même comme un autre a rapidement étéreprise au Québec, dans une société où la question identitaire remue lespassions, le concept d'identité narrative a donné lieu à des développementsoriginaux en littérature et en histoire de la vie culturelle, non sans êtreparfois instrumentalisé dans les débats. Quelques exemples permettront demontrer la richesse et la fécondité du concept de Ricoeur, sa complexité aussi.
Serge Cantin
Paul Ricoeur et Fernand Dumont : un dialogue posthumesur le sort de la mémoire
Entre Paul Ricoeur et Fernand Dumont, les liens de parentéintellectuelle paraissent à la fois si nombreux et si profonds qu'on a du mal àse convaincre que les deux hommes ne se soient pas connus personnellement. Jevoudrais tirer prétexte de ce rendez-vous manqué pour justifier l'intérêt qu'ily aurait à mener, par la médiation des textes qu'ils nous ont laissés, undialogue posthume entre deux grands intellectuels contemporains qui croyaientdans les vertus du dialogue. En guise de liminaire, il s'agira, dans un premiertemps, de reconnaître le terrain de ce dialogue, en faisant ressortir aussibien l'entente préalable qui le rend possible, et sans laquelle il ne peut yavoir qu'un dialogue de sourds, que les divergences de vue, sans lesquelles ledialogue n'apporte rien. Dans un deuxième temps, je m'attacherai à mettre enregard leurs problématiques de la mémoire, celle que Ricoeur a développée dansson dernier grand livre, La mémoire, l'histoire, l'oubli,et celle qu'a construite Dumont, en particulier dans Le Lieu del'homme et L'avenir de la mémoire.
David Carr
Récit personnel et récit historique : Ricoeur et laphilosophie de l'histoire
Il sera question de mes discussions avec Paul Ricoeur durant lesannees quatre-vingt au sujet de la narration et de l'histoire. Ces rencontresm'ont beaucoup aidé à formuler certaines idées et m'ont aussi permis d'élaborerune réception critique de la théorie développée dans Temps et récit.Cette interaction se produisait au niveau tant personnel qu'intellectuel.
Jacques Poulain
Communication et écriture : un conflit phénoménologiqueentre Jacques Derrida et Paul Ricoeur, à Montréal en septembre 1971
Participant au Congrès des sociétés de philosophie de languefrançaise en 1971 à Montréal, Paul Ricoeur défend la thèse que seul le discourspermet de surmonter l'incommunicabilité des monades. Jacques Derrida déniel'implication des énonciateurs dans l'usage discursif de la parole et renvoie àla reconnaissance anonyme de l'itérabilité des signes de l'écriture. Mais leurconflit phénoménologique ne trouve à s'alimenter dans les théories dites« analytiques » des actes de parole qu'en présupposant une expérienceherméneutique et première du sens, indépendante du jugement de vérité. Ils'établit donc sur la base d'une complicité avec la philosophie analytique : lapriorité du sens sur la vérité et sur les effets intersubjectifs de lacommunication de ce sens. L'expérience d'écriture littéraire, l'expérience dela communication et l'expérience du discours sur cette écritureimpliquent-elles toutes trois l'indépendance des expériences de compréhensionpar rapport aux expériences de vérité, que cette priorité de création du senset d'accès au sens présupposait ?
Jean Grondin
Une certaine conception herméneutique de la philosophie. Sestraces au Québec et au Canada français
Paul Ricoeur a fait de nombreuses visites à Montréal au cours desannées 70, notamment grâce à l'initiative de son ami Vianney Décarie,professeur de philosophie grecque à l'Université de Montréal. Par sonenseignement, ses conférences, ses encouragements et son modèle, il a contribuéà implanter une conception et une pratique herméneutiques de la pensée dontcette intervention voudrait témoigner.
Peter McCormick
Paul Ricoeur : de l'esthétique à l'éthique
Lors de ses nombreuses visites académiques au Québec, Paul Ricoeura, souventes fois et sur d'assez longues périodes, résidé à l'Université deToronto et effectué de courts séjours à l'Université McMaster ; il a aussidonné plusieurs conférences bilingues à l'Université d'Ottawa. Il y a évoqué régulièrementles liens étroits qui existaient entre ses réflexions sur l'esthétique et sesréflexions sur l'éthique, dans l'espoir d'y revenir un jour. Dans maprésentation, je préciserai d'abord ce que Ricoeur estimait être ses conceptionsde l'esthétique et de l'éthique, et je me pencherai ensuite sur l'une de sesdernières publications, les entretiens parus dans La critique etla conviction (1995). Il y renvoie à certaines expériencesesthétiques qui manifestent, selon lui, une proximité philosophique entre plusieurs aspects relevant del'esthétique et de la morale. Je développerai plus particulièrement troisdimensions de cette proximité, celle entre esthétique et jugement moral, celleentre esthétique et discours moral et celle entre esthétique et véritésmorales, avant de conclure ma présentation sur trois questions générales pourlancer le débat.
VENDREDI 18 juin
GérardLanglade
Événement de lecture et configuration des oeuvres
À partir d'une libre, mais respectueuse, utilisation du conceptd'événementdans les travaux de Paul Ricoeur, je m'attacherai à montrer que l'événementde lecture – ce qui fait événement dans une expérience singulière delecture – joue un rôle de premier plan dans « l'interaction entre texte etrécepteur ». L'événement de lecture meparaît en effet à l'origine des diverses configurations d'une oeuvre, desdiverses façons dont un « texte devient oeuvre » du fait de la variétédes opérations de « mise en intrigue ». Il m'importera d'abord decerner la notion d'événement de lecture tant du point de vue deses manifestations – quels en sont les signes physiologiques, psychologiques etdiscursifs ? – que de ses conditions d'émergence – qu'est-ce qui faitévénement lors de la rencontre entre un lecteur et un texte littéraire ?Je m'intéresserai ensuite aux divers statuts de l'événement delecture en distinguant sa dimension lyrique – centrée surl'expérience de soi du sujet lecteur, telle qu'elle apparaît notamment dans lesautobiographies de lecteur – et sa dimension herméneutique : l'événementde lecture assumé, voire recherché en tant que tel, peut en effetrenouveler les approches critiques d'une oeuvre. Je situerai enfin la notiond'événement de lecture par rapport à celle d'événement littéraire en soulignantle lien entre lecture individuelle et communauté de lecteurs.
Sabrina Parent
Dans la lignée de Paul Ricoeur : pour une« poéthique de l'événement »
Cette communication montre comment une « poéthique del'événement » s'inscrit dans le sillage des travaux de Paul Ricoeur, touten s'en démarquant. La perspective de Ricoeur sur la notion même d'événementpermet de penser ensemble des définitions aussi diverses que celles d'Aristote,de la philosophie analytique ou de la phénoménologie,« décloisonnant » ainsi la notion en ne la cantonnant pas au strictdomaine du narratif : l'événement est aussi affaire de poésie. En outre,une « poéthique de l'événement » prend en compte, à partir destechniques d'écriture de l'événement, non seulement les intentions de l'auteurtelles qu'elles subsistent dans le texte, mais aussi l'effet que le texte peutproduire sur son lecteur. Cette approche, d'inspiration ricoeurienne, permet decompléter heureusement l'approche purement textuelle (narratologique oustylistique) en situant l'oeuvre dans son contexte de production et dans undialogue entre « tradition et innovation ». Mais alors que Ricoeurréserve au récit une valeur herméneutique et à la poésie une valeur« pathique », une « poéthique de l'événement » montre queles deux tendances principales pour appréhender l'événement (explication etémotion) se retrouvent dans des textes aussi bien narratifs que poétiques. Lesdiverses procédures de narrativité et de poéticité présentes dans les textesconduisent à une classification graduelle, plutôt que dichotomique.
Marjolaine Deschênes
L'identité narrative de l'auteur. Écriture et identité chezPierre Bertrand
Ricoeur, on le sait, thématise le « monde du texte » dupoint de vue de la réception. Bien qu'il laisse dans l'ombre le poïende l'auteur, je voudrais, à partir du concept d'identité narrative, risquer uneréflexion ricoeurienne sur le processus de création littéraire. Au coeur desdébats sur le sujet comme identité, le philosophe propose en effet une voiemédiane entre la conception cartésienne classique du sujet et le « cogitobrisé » nietzschéen. Ainsi pense-t-il une « compréhension » desoi qui passe nécessairement par l'interprétation du monde (et destextes) : « par la fiction, […] de nouvelles possibilitésd'être-au-monde sont ouvertes dans la réalité quotidienne; fiction et poésievisent l'être, non plus sous la modalité de l'être-donné, mais sous la modalitédu pouvoir-être » (Du texte à l'action,1986, p. 128). Partant de ceconstat poético-éthique, on peut penser que les « nouvelles possibilitésd'être-au-monde » ouvertes par la fiction le sont d'abord et avant toutpour l'auteur, premier lecteur de son propre texte. En témoigne, notamment,l'oeuvre de l'écrivain et philosophe québécois Pierre Bertrand : sesnombreux essais sur la création mettent en relief l'artiste qui, devant le« monde du texte » en chantier, devient « comme un autre ».Puisant dans cette oeuvre, j'analyserai le concept d'identité narrative – sonpotentiel, ses limites – en création littéraire.
Marie-José Fourtanier
Le texte comme une partition musicale
Les travaux de Paul Ricoeur ont profondément influencé larecherche dans le cadre des études littéraires. Ainsi le Programme« Lecture littéraire, théorie et enseignement » du laboratoire LLA del'Université Toulouse Le Mirail développe-t-il depuis plusieurs années uncertain nombre de notions, sinon purement et simplement empruntées à PaulRicoeur, du moins très influencées par son ouvrage Temps et récit.Je rappellerai brièvement les colloques et journées d'étude visant à théoriserl'activité fictionnalisante du lecteur, les événements de lecture et le textedu lecteur.
Je proposerai ensuite de poursuivre la réflexion surle texte littéraire vu comme « une partition musicale ».Reprenant les théories de Roman Ingarden sur l'aspect doublement inachevé dutexte littéraire, Paul Ricoeur, dans Temps et récit 3, proposeune définition de la lecture comme exécution d'une partition musicale. Cettereprésentation métaphorique, à la fois inscrite spatialement (sur une portée)et mobile dans le temps et dans l'imaginaire des lecteurs, met en jeu des réflexions sur la fiction etl'esthétique. Pour illustrer cette théorisation des lectures plurielles d'untexte unique, je prendrai l'exemple d'Aragon, lecteur des Aventuresde Télémaque de Fénelon, lui-même lecteur de l'Odysséed'Homère, le récit mythique étant ici perçu comme pointe extrême de laplasticité des oeuvres littéraires.
Ioana Vultur
La communication littéraire selon Paul Ricoeur
Je discuterai le modèle de la communication littéraire élaboré parPaul Ricoeur, modèle qui met en relation auteur, oeuvre et lecteur. D'un côté, lemodèle de Ricoeur décloisonne le texte et envisage la littérature comme uneforme de communication puisqu'il part de l'idée que l'auteur configure uneoeuvre à partir d'un arrière-plan d'événements et que cette oeuvre est refiguréegrâce aux lecteurs qui la mettent en relation avec leur propre monde. La notioncentrale qu'il oppose au texte est la notion de mondedu texte. D'un autre côté, tenant compte de l'apport de la narratologieaux études littéraires, il définit un concept d'interprétation qu'il appelle« objective » ou « profonde ». Je me demanderai en quoiconsiste la nouveauté de son modèle par rapport à la critique littéraire ou àl'esthétique de la réception mais aussi par rapport aux modèles de l'oeuvrelittéraire élaborés par la poétique structurale (Jakobson). Je me propose demontrer que le modèle de Ricoeur constitue une grille pour la compréhension del'oeuvre littéraire dans toute sa complexité et de mettre en perspectivecertains des concepts introduits par lui, grâce à d'autres travaux dans ledomaine de l'herméneutique ainsi que dans d'autres disciplines (les travaux dessciences cognitives sur la fiction et la simulation, les travaux del'esthétique analytique sur l'ontologie ou l'interprétation des oeuvres d'art).
Marielle Macé
Identité narrative ou identité stylistique ?
Paul Ricoeur a puissamment affirmé la solidarité de sa pensée durécit et de sa pensée de la figure (et, partant, du style) ; je voudraisrevenir sur ce parallèle et observer les tensions qui s'y jouent afin de mettreen débat la notion d'« identité narrative », et afin de lui adjoindrecelle d'« identité stylistique ». Peut-être les vies sont-elles moins(ou autant) des récits que des manières avancées dans les choses, des élans etdes propositions d'être, toujours remis sur le métier. La parenté entre le senset le soi, entre l'intelligibilité du sens et la réflexivité du soi, peut s'yrecharger. En m'écartant des synthèses temporelles de la fiction narrative pourm'intéresser davantage aux expériences attentionnelles, aux attitudesstylistiques, aux singularités perceptuelles ou affectives, je proposerai doncd'asseoir la réflexion sur l'individu, sur une pensée du style plutôt que surune narratologie. En proposant ce déplacement, c'est encore une dynamiqueprofondément héritée de Ricoeur que je m'efforce de dégager, celle qui consisteà transformer l'expérience des formes en capacité d'être.
Madeleine Frédéric
L'apport de Ricoeur dans un essai de rédéfinition de lastylistique
J'examinerai l'apport des thèses de Ricoeur dans la redéfinitionque je propose de la stylistique, comme « analyse de la forme d'un texte,la forme de l'expression aussi bien que celle du contenu », en centrantmon intervention sur les notions de monde du texte et de mise en intrigue (aupassage on abordera aussi les questions du temps et de l'événement). Le corpusenvisagé sera le récit de guerre (14-18) et le traitement du thème de laprostitution dans la trilogie autobiographique de Neel Doff.
Lucie Bourassa
Temps et discours, au-delà du récit
L'une des grandes contributions de Paul Ricoeur à la réflexionlittéraire fut d'attribuer au récit, dans la forme de son intrigue et de sanarration (et non dans sa seule thématique), la capacité de nous aider àcomprendre le temps. En effectuant une « synthèse de l'hétérogène »,une schématisation qui tienne ensemble le divers intuitif de l'intrigue etl'intelligibilité de sa conclusion, l'intrigue parviendrait à réunir des facettesdu temps que la philosophie ne peut concilier. La présente communication aurapour but d'explorer la fécondité d'une conception « poétique » —c'est-à-dire, liée à une organisation du discours, à des formes-sens — pourl'étude de la temporalité littéraire, exploration qui prendra appui,paradoxalement, sur deux moments critiques de Temps et récit, là où semanifestent certaines limites de la thèse de Ricoeur.
Après avoir réexaminé ces deux moments critiques, je feraiquelques propositions pour enrichir une poétique de la temporalité. Je feraid'abord l'hypothèse que d'autres modes de signification que ceux recensés parRicoeur contribuent à structurer la temporalité dans le discours, notamment saprogression et son rythme. J'envisagerai ensuite la possibilité que ces diversmodes de signification, malgré leur hétérogénéité, puissent interagir dans lestextes, pour structurer et représenter le temps d'une manière complexe.J'examinerai enfin quelques éléments de cet entrelacs dans les Élégiesd'Emmanuel Hocquard, où « l'inscrutable » se voit travaillé à l'aidede la fragmentation, de la citation et du montage.
Thomas Pavel
Suis-je un récit ?
La communication se propose d'examiner plusieurs approchesphilosophiques à la notion d'individualité, en les reliant aux propos de PaulRicoeur sur l'identité personnelle. Je commencerai par citer Leibniz, qui,dans le Discours de métaphysique, considère que lesattributs d'un sujet se trouvent, pour ainsi dire, ‘dans' le sujetmême. Ceci comprend, dans le cas des êtres humains, leurs décisions etleurs actions. La biographie d'un être humain serait donc comprise dansla définition de cet être. Selon le philosophe américain Saul Kripke, enrevanche, l'identité d'un être est différente de la liste de ses propriétés, voirede ses actions. L'identité d'un être lui est attachée dès le départ, commeune sorte d'étiquette qui n'a rien à voir avec les divers changements possiblesdes attributs de cet être. La conception de l'identité promue par Paul Ricoeurprésente certaines ressemblances avec celle de Leibniz, alors que GabrielMarcel, dont la pensée a fortement influencé Ricoeur dans sa jeunesse, défend unpoint de vue qui sera plus tard celui de Kripke. La présence du temps, siimportante pour Ricoeur, ne modifie pas essentiellement les données du problème,dont la solution me semble dépendre d'un choix ontologique initial.
Samedi 19 juin
JochenMecke
Mimèsis et poiesis du temps : PaulRicoeur et la temporalité du roman (post-)moderne
Avec les trois volumes de Temps et récit PaulRicoeur a présenté la tentative la plus complexe d'une théorie herméneutique dela relation entre temps et récit. Dans le cadre de cette théorie, laconfiguration narrative du temps occupe à juste titre une place centrale, carelle seule est jugée capable de trouver une solution au problème des apories del'expérience du temps et des théories empiristes fondées sur celle-ci. Latentative de Paul Ricoeur sera examinée sous plusieurs angles. Du point de vuethéorique, il s'agira d'évaluer le statut ontologique du temps dans ladimension historique, d'analyser les configurations du temps dans l'interactionconcrète avec les différentes formations discursives et, dans la dimensionpoétologique, d'examiner les différentes possibilités proposées par la théoriede Ricoeur pour décrire et analyser d'une manière adéquate des texteslittéraires de la modernité et de la postmodernité. En dernier lieu, ils'agirait donc de mettre cette théorie à l'épreuve de la littérature narrativepour contribuer à une critique au sens kantien du terme : examiner lespossibilités et les limites de la théorie herméneutique du temps de Ricoeur.
Johanne Villeneuve
Inchoativité narrative et témoignage. Littérature etgénocide
La conception ricoeurienne du récit est fondée sur le principearistotélicien de concordance. C'est ce principe qui est au coeur del'herméneutique du pardon sur laquelle s'achève sa méditation sur la mémoire (Lamémoire, l'histoire, l'oubli). Or dans son ouvrage Tempset récit, Ricoeur met au jour la notion d'inchoativité narrative,évoquant l'inaccomplissement, le caractère liminal d'un récit. Cette notionintroduit l'idée d'une demande, car sontdésignées « inchoatives » ces histoires qui demandentà être racontées. Je me propose de revenir sur l'inchoativiténarrative en questionnant justement le sens du mouvement qui lie lemonde de l'action à la narrativité. Car le modèle probant de cetteinchoativité se trouve dans le témoignage, actefiduciaire toujours inachevé plutôt que discours formel comme leserait le roman. Je montrerai que le caractère inchoatif d'un récit minele principe de mise en intrigue comme concordance, et qu'à partir de là, laquestion du témoignage, singulièrement développée aux lendemains de la SecondeGuerre mondiale, entraîne dans son sillage une redéfinition des modèlesjusque-là privilégiés par la narrativité littéraire. Je prendrai commeexemples des témoignages de rescapés du génocide rwandais tirés de lalittérature et du cinéma documentaire.
Yves Hersant
La métaphore en question
La métaphore ne saurait se réduire à un simple phénomène linguistiquede « transport de sens ». Procédé cognitif original, du moinslorsqu'elle est vive, elle « inscrit l'élan de l'imagination dans un“penser plus” au niveau du concept ». Pour mesurer la portée des propositionsde Ricoeur, telles que les formule son ouvrage de 1975, il importe de lesconfronter, d'une part, à la tradition aristotélicienne, d'autre part, auxcontre-propositions de Jacques Derrida.
Sophie Milquet
(S')écrire (dans) l'événement guerrier
La notion d'événement traverse la réflexion philosophique de PaulRicoeur. Afin d'illustrer l'intérêt capital qu'elle revêt pour l'analyselittéraire, nous nous arrêterons sur le roman Ana Non (1977) d'AgustinGomez-Arcos, traitant de cet événement majeur du XXe siècle qu'a étéla guerre civile espagnole. La communication concernera plus spécifiquement lesrapports entre intelligence narrative et événement – allant de l'intégration decelui-ci à son exaltation dans le roman. L'objectif étant d'approcher les spécificitésdes textes « de l'extrême », l'analyse romanesque à partir de lanotion d'événement sera enrichie par d'autres questions abordées par Ricoeur,telles l'identité narrative individuelle ou collective, ou les relations entremémoire et histoire.
Sabina Loriga
Temps de l'histoire et temps de la biographie
Dans Temps et récit, Ricoeur analyse les discordances existantentre le temps chronologique, le temps monumental et le temps intime dans lanarration de Mrs.Dalloway. AprèsVirginia Woolf, la littérature n'a pas cessé de proposer à l'histoire cettequestion de l'écart existant entre individu et événement. Je me propose d'enétudier diverses figures et de réfléchir sur les rapports entre biographie etévénement, entre mémoire et histoire qu'elle thématise.
François Dosse
La biographie à l'épreuve de l'identité narrative
Le genre biographique connaît une explosion spectaculaire, maiss'agit-il d'un simple « retour » de l'HistoriaMagistrae ? En son âge herméneutique, la quête identitaire propre àce genre n'a pas disparu, mais elle s'est fondamentalement pluralisée.Longtemps fondé sur le modèle de la mêmeté, de l'arbre qui pousse dans laverticalité, le genre biographique peut éviter l'écueil de « l'illusion biographique » en utilisant le conceptd'identité narrative de Paul Ricoeur sous ses deux versants de la mêmeté et del'ipséité.