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L'étrangeté de l'étranger: représentations culturelles de l'altérité en Grande-Bretagne (XVIIe-XXe)

L'étrangeté de l'étranger: représentations culturelles de l'altérité en Grande-Bretagne (XVIIe-XXe)

Publié le par Florian Pennanech (Source : Claire Dubois)

Appel à communications:

L'étrangeté de l'étranger: représentations culturelles de l'altérité en Grande-Bretagne (XVIIe-XXe siècles)

Colloque international 17-18 mars 2011, Université Lille 3 Charles de Gaulle

Le rapport des Britanniques à la figure de l'étranger a joué et joue encore un rôle crucial dans la quête et la formation de l'identité nationale. La perception de l'étranger s'accompagne souvent d'un sentiment d'étrangeté vis-à-vis de la différence identitaire qui peut être de nature géographique, culturelle, linguistique. Aux 17e et 18e siècles, les voyages d'exploration puis les entreprises commerciales et coloniales à travers le monde, des Caraïbes jusqu'en Extrême-Orient ont conduit les Anglais à la découverte d'autres peuples et d'autres territoires. L'impérialisme et la colonisation britanniques au 19e siècle, la décolonisation au 20e siècle ou encore les relations tendues avec l'Europe constituent également autant de phénomènes qui posent la question de la perception de l'Autre en Grande-Bretagne. Ces rapports avec d'autres nations ont permis aux Britanniques de faire occuper à ces dernières cette « sorte de place vide » dont parle Ricoeur. En tout premier lieu, il nous rappelle que « ce qui est étrange dans l'étranger, c'est qu'il n'est pas moi ». Le concept d'étranger est subsumé par le concept d'altérité. Comme l'explique Julia Kristeva, l'étranger est « celui qui ne fait pas partie du groupe, celui qui n'en est pas, l'Autre. » Cette notion d'appartenance à un groupe ou à une communauté qui définit l'identité ou l'« étrangéité » d'un individu permet de comprendre que l'étranger n'est pas nécessairement lointain, dès lors qu'il est perçu comme étant hors d'une société locale. Le cas de l'Irlande, du pays de Galles, de l'Ecosse ou encore des régionalismes permet notamment de s'interroger sur la notion d'anglicité et celle de britannicité qui semblent se construire par le jeu de la comparaison à travers des phénomènes d'intégration des différences mais aussi d'exclusion sur lesquels il faudra se pencher.

La notion d'altérité est abstraite, fluctuante et indéterminée ; elle se décline selon des modalités et des figures variables. L'étranger parait étrange car il représente un manque, une perte des repères, une anomalie, voire une « anormalité » face à un ensemble de valeurs et de codes culturels qui veulent refléter une identité donnée. Si à ce titre la figure allogène de l'étranger procure un sentiment d'inquiétante étrangeté car elle déstabilise ou choque une identité autochtone, force est de constater qu'elle conduit cette dernière à mettre en place des stéréotypes pour figer et cerner la différence de l'Autre. Il faut donc questionner l'horizon d'attente qui préside à la rencontre avec l'Autre pour examiner la part de fantasme et d'imaginaire qui entre dans la représentation de l'étranger. A travers une approche interdisciplinaire, ce colloque propose d'examiner les représentations et les discours dont les étrangers et leur culture sont la cible ainsi que le traitement qui leur est réservé en Grande-Bretagne aussi bien dans les domaines politique et littéraire que dans les arts visuels, siège privilégié de la représentation des identités. On envisagera selon quelles modalités la perception de l'altérité a participé à la construction d'une identité nationale, religieuse ou régionale. On s'intéressera ainsi aux rapports à l'Autre, qu'ils soient pacifiques ou conflictuels, de domination ou d'hospitalité, et à leurs conséquences : idéalisation ou aliénation de l'Autre. On ne limitera donc pas les analyses à l'angle unique de l'aliénation, du refoulement ou de la diabolisation de l'Autre, mais on cherchera aussi à montrer comment la défamiliarisation au contact de la culture étrangère a pu constituer une source d'enrichissement pour la culture britannique. L'étude des transferts culturels dans l'art et la culture matérielle permettra en particulier de se pencher sur les phénomènes d'hybridité, d'emprunts et de mélanges identitaires pour réfléchir à la nature du regard britannique sur l'Autre. De multiples approches théoriques sont donc possibles parmi lesquelles le champ des études coloniales et postcoloniales, l'orientalisme, le féminisme ou encore l'histoire culturelle, l'histoire des idées et des mentalités.

Parmi les multiples pistes de réflexion possibles, on pourra s'intéresser aux suivantes :

- Représentation de l'étranger en temps de crise (guerre, crises religieuse et économique) dans les arts visuels et les medias.

- Exotisme et orientalisme.

- L'étude des zones de contact avec l'étranger dans les arts visuels, la culture matérielle et la littérature

- Le corps, la voix et le vêtement de l'Autre.

- Expression du racisme et de la xénophobie, sentiment d'exécration de l'Autre

- L'altérité au sein du Soi et la notion de tiers-lieu identitaire (Homi Bhabha) : les phénomènes d'hybridation, de polyphonie, de dialogisme.

Merci d'envoyer vos propositions de communication (300-500 mots), accompagnées d'une courte biobibliographie à Vanessa Alayrac-Fielding (vanessa.alayrac-fielding@univ-lille3.fr) et Claire Dubois (claire.dubois@univ-lille3.fr) avant le 1er mars 2010. Les présentations ne devront pas dépasser 30 minutes.

Nous envisageons une publication sélective des actes du colloque.

Call for papers :

The foreignness of foreigners: cultural representations of Otherness in Britain (17th-20th centuries)

An international conference to be held at Université Lille 3 Charles de Gaulle on 17 and 18 March 2011.

The relationship between the British and foreigners has played a crucial role in Britain's search for a national identity and in its construction. More often than not, the perception of the foreigner spawns a feeling of strangeness, unease, even defamiliarisation when the “native” is confronted with geographical, cultural and linguistic differences. In the 17th and 18th centuries, voyages of exploration, together with commercial and colonial trips from the West to the East Indies led the English to discover other peoples and territories. 19th-century British imperialism and colonisation, 20th-century decolonisation and the rather strained British relationship with Europe raised many issues that beg the question of how the Other has been perceived and represented in Britain. Through these encounters, the British have made other nations fill the “empty space” (in Ricoeur's words) which characterises the figure of the Other. Indeed, the foreign and the strange are concepts that are subsumed by the notion of Otherness. As Julia Kristeva points out, the foreigner is “the one that does not belong to a group, the Other”. The emphasis laid on the sense of belonging implies that foreignness is not necessarily linked to geographical distance since, first and foremost, the foreigner is or feels alienated or estranged from a group. Ireland, Scotland and Wales or the example of English regionalisms provide relevant case studies to explore the notions of Englishness and Britishness where the integration or the exclusion of difference plays a significant role.

The concept of Otherness is abstract and fluctuating. Its indeterminacy allows for various modes of representation which blend myth and reality. Indeed, the foreigner seems anomalous, even “abnormal” at times when compared to the cultural codes of “native” identity, although “nativeness” is a complex notion that needs to be qualified and examined as it itself depends on matters of representation and self-perception. This unsettling feeling that is observed in encounters between Self and Other leads the former to resort to stereotypes to define the foreigner's identity. One then needs to examine how important a role imagination and fantasy come to play in this process.

This conference aims at examining how the various figures of the foreigner have been constructed in Britain through representations and discourses in the political and literary fields, as well as in the visual arts. Of particular interest is the way Otherness has participated in the shaping of a national, religious or regional identity, through ambivalent relations of domination or admiration, integration or rejection, idealisation or demonisation. Thus the question of cultural transfers needs to be addressed to explore the particular ways in which British identity has been enriched by contacts with the Other. We also invite papers on British material culture and the visual arts which would consider issues of hybridity and hybridisation, and focus on cultural practices such as adaptation, borrowing and transposition Different theoretical approaches are welcome, among which colonialism and postcolonialism, orientalism, feminism, cultural history, historicism...

Topics may include but are not limited to:

- The representation of foreigners in times of crisis (wars, economic or religious crises) in the visual arts and the media.

- The contribution of the Other to British Art

- Exoticism and orientalism.

- The study of “contact zones” with foreigners in the visual arts, material culture or literature

- The Other's body, voice or dress.

- Racism and xenophobia.

- The Other within the Self and the concept of “third space” (in Homi Bhabha's words): hybridisation, polyphony, dialogism ...

Abstracts (300-500 words) should be submitted, together with a short bio-bibliographical note, to Vanessa Alayrac-Fielding (vanessa.alayrac-fielding@univ-lille3.fr) and Claire Dubois (claire.dubois@univ-lille3.fr) before 1 March 2010. Presentations will be expected not to exceed 30 minutes. Final papers will be considered for publication following a peer-review process.