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L'Etranger dans la Ville

L'Etranger dans la Ville

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Peggy Pacini)

Appel à Communications « L'Etranger dans la Ville »

Colloque International organisé par le Groupe de recherches « Identités et Cultures des Pays Anglophones », CICC, Université de Cergy-Pontoise

jeudi 29 et vendredi 30 mars 2012

Ce colloque aura pour but d'explorer la thématique de « l'étranger dans la ville » dans le monde anglophone, à la fois dans le champ de la littérature, des arts visuels, et de la civilisation (principalement américaine). Les pistes de réflexion développées ci-dessous, regroupées par champ disciplinaire, ne se veulent nullement exhaustives, ni exclusives.

- Littérature

Pour Roland Barthes, dans Le Bruissement de la langue, « [v]ivre dans un pays dont on ne connaît pas la langue, y vivre largement, en dehors des cantonnements touristiques, est la plus dangereuse des aventures (…) ; c'est plus périlleux (pour le ‘sujet') que d'affronter la jungle, car il faut excéder la langue, se tenir dans sa marge supplémentaire, c'est-à-dire son infini sans profondeur. Si j'avais à imaginer un nouveau Robinson, je ne le placerais pas dans une île déserte, mais dans une ville de 12 millions d'habitants, dont il ne saurait déchiffrer ni la parole ni l'écriture : ce serait là, je crois, la forme moderne du mythe. »

Il y a donc toujours, inévitablement, de « l'étranger dans la ville », voire, en dehors ou au-delà de tout « cantonnement », ou dans la menace posée par tout débordement, infiltration ou invasion, une certaine « barbarie », peut-être avant tout parce que la cité, la ville – quelle qu'elle soit – force à penser un rapport problématique, car non réductible, entre le sujet et la langue qui s'y parle et s'y écrit, s'y affiche et s'y meut, une langue, dont on pourra interroger les manifestations et les effets, toujours étrangère (au-delà de l'idiome), car incommensurable, au langage « excédé » d'un « sujet » rendu à son altérité, mais aussi, ce faisant, à son pouvoir de subversion. S'interroger sur « l'étranger dans la ville », dans toute l'ambiguïté de l'expression, suppose donc de s'interroger sur les modalités fluctuantes d'inscription – c'est-à-dire, aussi et en même temps, d'effacement et de résurgence, dans une ville-palimpseste où affleurent de nombreux récits, des voix neuves ou reconquises, où percent encore d'autres regards –, à la fois dans le paysage urbain ou, en d'autres termes, dans ce qu'il peut y avoir de défamiliarisant ou d'aliénant dans sa topo-graphie, et dans le corps même, l'être même, et jusqu'à son langage, d'un « sujet » étranger. Car s'il y va des frontières et des contours, de mémoire et de sens également, il y va, en outre, d'une question de point de vue : selon quel point de vue devient-on étranger dans/à la ville ? Question de point de vue, donc, de regard, mais aussi, de son anéantissement : d'où peut-on (se) dire « l'étranger dans la ville », dans quelle(s) marge(s), dans quel infini, interrogation relancée avec véhémence dès lors que « le centre ne tient plus » ? On pourra, alors, s'interroger encore sur l'existence d'une certaine tropologie de « l'étranger dans la ville », d'un imaginaire – de la jungle urbaine au labyrinthe, en passant par Babel ou encore les entrailles et ses mécanismes d'ingestion/digestion, etc. ­–, voire, peut-être, de toute une « signalétique », de ses (en)jeux d'inclusion/exclusion, ses codes et son déchiffrement, notamment dans la résistance opposée à toute tentative d'appropriation ou de (re)familiarisation, et ce, qu'il s'agisse d'ouverture utopique ou de clôture dystopique.

Il s'agira donc – quoique de façon non exhaustive – de se pencher sur les modalités que met en oeuvre la littérature, quelle qu'en soit l'époque, pour témoigner de ce qu'il peut y avoir d'« étranger dans la ville » et problématiser la façon dont on est peut-être un peu toujours « l'étranger dans la ville », perdu dans des réseaux de signes, voire toute une texture, dont la maîtrise ou la connaissance s'avère problématique ou, au sens de Barthes, « périlleuse ».

- Arts visuels

Source majeure d'inspiration, la rencontre entre l'étranger et la cité se décline, dans le domaine artistique, sur le mode de la diversité, à la fois thématique et formelle. Depuis La Carrière d'une prostituée de William Hogarth (1731-32) où la ville-monstre se nourrit d'ingénues fraîchement débarquées jusqu'au Film Noir où le dédale urbain peut à la fois dissimuler – faire écran, littéralement – ou au contraire constituer un piège prêt à se refermer sur l'intrus, l'image, fixe ou mouvante, n'a cessé de s'interroger sur – et donc d'interroger – ce rapport et ses multiples expressions. Descriptive autant que prescriptive – on pense ici plus particulièrement à la peinture victorienne dite réaliste – elle témoigne des questionnements liés à la présence de l'étranger dans la ville et notamment des frontières – géographiques, sociales ou culturelles – qui, franchies ou non, en matérialisent l'inclusion ou, au contraire, l'altérité. Dans un idiome pictural marqué par la variété, elle reflète, mais parfois aussi édifie, classe et ordonne le monde qu'elle prend pour cadre, offrant ainsi l'espace nécessaire à une constante renégociation du statut (fluctuant) du sujet au sein de son environnement urbain.

On pourra ainsi s'intéresser à la nature, aux modalités d'expression et au(x) regard(s) porté(s) sur cet « étranger » au coeur de la ville, que celui-ci renvoie à l'incongruité de la cité elle-même, ou bien à l'irruption, forcément problématique, d'un élément extérieur en son sein.

- Civilisation américaine

(Identités, minorités et conflits dans la ville aux États-Unis)

Les villes des États-Unis, et en particulier les nombreuses grandes agglomérations de ce pays, comme New York, Los Angeles, Miami ou Chicago, sont largement connues du grand public international pour leur dynamisme, en particulier économique et culturel. Leur développement est indissociable de l'histoire américaine, en particulier depuis la seconde partie du XIXe siècle, et est aussi fortement lié au destin des différentes populations, d'origines ethniques, culturelles et nationales différentes, qui l'ont permis.

Espaces d'intégrations, de rencontres et d'échanges, zones où les identités se façonnent, les villes des États-Unis sont aussi, en effet, des terrains de confrontation, notamment entre les différents groupes qui les composent ou entre un ou plusieurs de ces groupes et d'autres acteurs, en particulier économiques et politiques.

Ces processus aboutissent parfois à l'effacement, l'exclusion ou à la transformation d'un groupe, d'une communauté de voisinage ou d'un paysage urbain, et renouvellent sans cesse le panorama démographique, social, économique, culturel ou encore politique des villes américaines. Ils sont aussi en général le résultat de rapports de force politiques ou géopolitiques lors desquels le discours sur l'ancienneté ou le caractère étranger d'un groupe, d'un projet ou d'une construction est souvent mobilisé.

Ce sont ces processus et ces rapports de force que cette session se propose en particulier d'étudier. Pouvant faire appel à l'histoire, les communications porteront toutefois essentiellement sur le temps présent et pourront se concentrer tant sur des études de cas spécifiques, que sur des analyses comparatives ou théoriques.

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Le colloque se tiendra les 29 et 30 mars 2012 à l'Université de Cergy-Pontoise. Les propositions de communication, en anglais ou en français (300-500 mots), sont à envoyer pour le 15/10/2011, accompagnées d'une courte notice biographique :

- pour la littérature, conjointement à Odile Boucher-Rivalain (odile.boucher-rivalain@hotmail.fr) et Stéphane Vanderhaeghe (stephane.vanderhaeghe@u-cergy.fr)

- pour les arts visuels, à Françoise Baillet (baillet.francoise@gmail.com)

- pour la civilisation, à Julien Zarifian (julien.zarifian@u-cergy.fr)

Une publication, soumise à comité de lecture, fera suite au colloque.

Comité scientifique : Marie-Pierre Arrizabalaga, Françoise Baillet, Peggy Blin-Cordon, Odile Boucher-Rivalain, Sarah Fila-Bakabadio, Françoise Martin-Bernard, Peggy Pacini, François Ropert, Stéphane Vanderhaeghe, Julien Zarifian

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Call for papers

This conference aims at investigating the theme of the “alien in/to the city” in the fields of British and American literature, visual arts and civilisation. The guidelines provided here do not aim at exhaustivity and, though given separately, are not mutually exclusive.

- Literature

For Roland Barthes, in an essay entitled “Digressions,” “[t]o live in a country while one doesn't know the language of this country, live there extensively, beyond touristic quarters, is the most dangerous of adventures […]; it's more perilous even (for the ‘subject') than to brave the jungle, because one has to exceed language, to stand in its supplementary margin, that is, in its depthless infinite. Had I to imagine a new Robinson, I wouldn't place him on a desert island, but in a city inhabited by 12 million people whose language and writing he wouldn't be able to decipher; this, I think, would be the modern form of the myth.”

There is always, then, inevitably, something “alien in the city,” even, outside or beyond all “quarters,” or in the threat posed by any foray, incursion, or invasion, something potentially “barbarous”—perhaps, above all, because the city, any city, forces to think a problematic, because irreducible, relationship between the subject and the language that is spoken and written, displaying itself and moving there; a language, the manifestations and effects of which could be interrogated, which, beyond the idiom, might remain alien, because incommensurable, to the “exceeded” language of a subject referred back to his or her otherness and, concomitantly, to his or her subversive power. To question what is “alien in the city,” in all the ambiguity of the phrase, thus leads to an investigation of the shifting modes of inscription—that is, concurrently, the modes of erasure and resurgence in a palimpsest-city in which various stories, new or reconquered voices, other(ed) gazes, are bound to emerge—both onto the cityscape or, in other words, in what might be defamiliarising or alienating in the city's topo-graphy, and in the very body, the being, but also the language, of the alien “subject.” For if what is at stake is a question of edges and boundaries, as well as of meaning and memory, it is also a matter of point of view: from what perspective or vantage point does/can one become an alien in or to the city? But if a matter of point of view, the question raised is also that of its annihilation: whence can one be said/claim to be alien to the city, from what margin(s), what infinite (a question perhaps vehemently raised again as soon as “the centre cannot hold”)? As such, it might be useful to inquire into the existence of some “tropology” of “the alien in the city”—ranging from the urban jungle to the image of the labyrinth, from the myth of Babel to the “bowels” of the city and its ingestion/digestion mechanisms, etc.—or even, perhaps, of diverse systems of signs and signals playing with/on the dialectics of inclusion and exclusion, the proliferation of codes and their decipherment, especially in the resistance opposed to all attempts at appropriation or (re)familiarisation, whether this be, in all cases, with a view to utopian release or dystopian closure.

We consequently invite contributors—although this is not exhaustive—to examine the processes set up by literature in times past and present to testify to, stand up for, or speak to what is or remains “alien to the city” and study the ways in which one might always be an “alien in the city,” lost in networks of signs, in the city's texture, the mastery or knowledge of which might remain problematic or, as Barthes wrote, “perilous.”

- Visual arts

A major source of artistic inspiration, the figure of the outsider in the city lends itself to a wide range of representations, both thematic and formal. From William Hogarth's A Harlot's Progress (1731-32), in which innocent country girls are being swallowed up by the evil city to the Film Noir's depictions of the urban maze, where the newcomer may find him/herself protected – screened off from danger – or utterly trapped, the concept of the alien in the metropolis, in a variety of forms, has been constantly challenged by the fixed or moving image.

Descriptive as well as prescriptive (one has in mind Victorian realist painting), it reflects the questions raised by a strange(r's) presence, and in particular the borders and frontiers which, crossed or uncrossed, materialize either inclusion or otherness.

In a visual language marked by its multiplicity, it mirrors, but also edifies, classifies and orders the world it represents, thus providing visual space for a (re)negotiation of the subject's status and relationship to his/her environment.

Contributions may therefore possibly examine the nature, mode(s) of expression and perspective on the alien in the city, focusing on the incongruity of the urban scene itself or on the emergence of an outside element within it.

- American Civilisation

(Identities, minorities and conflicts in US cities)

Cities in the US, and particularly large ones such as New York City, Los Angeles, Miami or Chicago, are well known all over the world for their dynamism, economic and cultural in particular. Their development has played a major part in American history, most notably from the second part of the 19th century onwards. It is also profoundly and directly related to the fate of the ethnically, culturally and nationally diverse populations who participated in this development.

As a matter of fact, American cities are places of integration, meetings, and exchanges, and they are territories where (ethnic, cultural and national) identities are shaped. However, they may also be territories of conflicts and clashes between the different groups which make them up, or between one or several of these groups and other actors, particularly political and economic ones.

These processes sometimes lead to the withdrawal, the exclusion, or the transformation of a group, a community or an urban landscape, and constantly renew the demographic, social, economic, cultural and political panorama of US cities. They can also be the result of political or geopolitical power struggles in which discourses about the historical, moral or economic legitimacy of a group, a project, or a construction play a central role.

This session will focus on these processes and power struggles. Although communications could analyse events or issues from a historical viewpoint, they will mainly focus on today's situation and conditions, and could deal with specific case studies, whether comparative or theoretical.

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The conference will be held on March 29-30 2012 at the University of Cergy-Pontoise. Abstracts (300-500 words), together with a short biographical note, are to be sent by October 15 2011:

- for proposals in literature, both to Odile Boucher-Rivalain (odile.boucher-rivalain@hotmail.fr) and Stéphane Vanderhaeghe (stephane.vanderhaeghe@u-cergy.fr)

- for proposals in visual arts, to Françoise Baillet (baillet.francoise@gmail.com)

- for proposals in civilisation, to Julien Zarifian (julien.zarifian@u-cergy.fr)

Papers, presented in French or English, will be considered for publication following a peer-review process.

Scientific committee: Marie-Pierre Arrizabalaga, Françoise Baillet, Peggy Blin-Cordon, Odile Boucher-Rivalain, Sarah Fila-Bakabadio, Françoise Martin-Bernard, Peggy Pacini, François Ropert, Stéphane Vanderhaeghe, Julien Zarifian

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