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L’espace-temps dans les littératures périphériques du Canada

L’espace-temps dans les littératures périphériques du Canada

Publié le par Emilien Sermier (Source : Mathieu Simard)

L’espace-temps dans les littératures périphériques du Canada
Colloque de l’APFUCC
Congrès des sciences humaines
Université d’Ottawa, du 31 mai au 3 juin 2015

 

Bien que souvent étudiés séparément, l’espace et le temps sont des catégories interdépendantes. Mikhaïl Bakhtine est l’un des premiers théoriciens à souligner cette interdépendance grâce à sa notion de « chronotope », qui désigne « la corrélation essentielle des rapports spatio-temporels, telle qu’elle a été assimilée par la littérature » (237).

Les études portant sur les littératures minoritaires ont pour leur part souvent privilégié l’espace au détriment du temps. D’après François Paré, les « petites » littératures tendraient à « glorifier l’espace » (115), tandis que les « grandes » littératures chercheraient à s’inscrire « dans une pure problématique  du temps » (115-116). Comme le montrent les travaux d’Emir Delic (2013), la catégorie temporelle s’avère cependant tout aussi pertinente que la spatiale pour l’analyse des littératures périphériques du Canada. En fait, tel que l’écrivait Robert Yergeau, spécialiste de la littérature franco-ontarienne, « [i]l ne faut pas dialectiser l’espace au détriment du temps ou vice versa, ni brandir l’espace comme symbole de résistance contre le temps » (144).

Dans la foulée des travaux de Bakhtine et de Yergeau, cet atelier propose d’étudier conjointement les représentations de l’espace et du temps dans les littératures périphériques du Canada. Un même texte met-il généralement en place une seule représentation de l’espace-temps ou en fait-il cohabiter plusieurs? La primauté de l’espace sur le temps est-elle toujours d’actualité lorsqu’on parle des littératures minoritaires contemporaines? Si les littératures franco-canadiennes accordent aujourd’hui une plus grande importance au temps, peut-on nécessairement en conclure qu’elles se perçoivent désormais comme moins précaires?

L’objectif principal de cet atelier sera donc d’étudier la représentation de l’espace-temps dans les littératures périphériques du Canada. Les sous-thèmes suivants pourraient être abordés :

. Les relations entre les chronotopes et les genres littéraires; les chronotopes et les genres sexuels; les chronotopes et les variétés linguistiques (sociolectes, géolectes et chronolectes)  employées dans les textes; etc.
. Les multiples rapports d’assimilation, de transformation ou d’imitation entre l’espace-temps « réel » et l’espace-temps « littéraire ».
. Les différentes façons de représenter l’espace-temps dans les littératures franco-canadiennes et dans les littératures régionales du Québec.
. La possible résurgence d’un espace-temps « sacré » dans les textes contemporains.
. La façon dont certains lieux entraînent une représentation particulière du temps : par exemple, le nord, le désert, la ville, et ainsi de suite.

Les propositions de communication (de 250 mots), avec les coordonnées et une bio-bibliographie de l’auteur, doivent être envoyées aux responsables de l’atelier avant le 15 décembre 2014

Responsables :

Ariane Brun del Re – Université d’Ottawa (abrun103@uottawa.ca)
Isabelle Kirouac-Massiccotte – Université d’Ottawa (ikiro045@uottawa.ca)
Mathieu Simard – Université d’Ottawa (msima050@uottawa.ca)

Textes cités :

Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman,  traduit du russe par Daria Olivier, Paris, Gallimard, 1978, 488 p.

Emir Delic, Narrations de soi aux confins du temps: essai d'une herméneutique de la minorité, thèse de doctorat, Université d'Ottawa, 2013, 370 f.

François Paré, Les littératures de l’exiguïté, Ottawa, Le Nordir, collection « Bibliothèque canadienne-française », 2001 [1992], 224 p.

Robert Yergeau, « Questions de temps : regards sur un recueil de poèmes de Gilles Lacombe », Francophonies d’Amérique, no 29, 2010, p. 139-157.