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L'ère du risque? (Congrès mondial des littératures francophones)

L'ère du risque? (Congrès mondial des littératures francophones)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sonia Zlitni Fitouri)


Université de Manouba
Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités
Unité de Recherche : Littérature Maghrébine
(Coordinateur : Pr. Habib Ben Salha)


Congrès mondial des littératures francophones
les 10-11-12-13 décembre 2008

(Appel à communications)



L'Ere du risque ?



Préambule

« Désordre ? L'univers, nous suggèrent les sciences du chaos, loin de reposer sur les lois d'équilibre et de stabilité, dérive au contraire d'un désordre permanent. Mais l'instabilité qui en résulte est une source de créativité qui rend possibles de nouveaux équilibres dans le déséquilibre. »

Edouard Glissant


« Tout hurle pour être dit, répété. »

Mohamed Khaïr-eddine




1 - Les littératures échappent-elles aux enjeux des temps, aux accommodements provisoires, aux nouvelles hésitations qui marquent ce siècle naissant ? Les incertitudes du contexte mondial menacent-elles les représentations et les paradigmes ?
Après l'ère du soupçon, est-ce donc l'avènement de l'ère du risque ? Ce qu'on appelle fin de tout, c'est peut-être le revers interrogatif d'une réalité prodigieuse qui nous concerne tous, dans un monde qui s'interroge. C'est aussi la nécessité pour les créateurs que Gide appelle à juste titre « oseurs » d'avoir à revoir les manières d'écrire et d'agir, de voir et de concevoir.

2 - Vivre ensemble, dire, reformuler, repenser, partager. La question de l'interaction interculturelle entre les continents, les pays et les sociétés semble liée aux enjeux d'un débat ouvert sur le risque et la lecture du risque.
Est-il le même pour tout le monde ? Rapproche- t-il les peuples ? Interpelle-t-il les écrivains ? Les littératures s'appuient-elles sur des représentations communes du risque ? Divise-t-il ? Le risque s'incarne-t-il au coeur de la relation elle-même, dans la constatation des identités et dans l'accueil des altérités ?

3 – Les littératures francophones sont un espace privilégié pour l'interrogation et pour la réflexion.





I / Le risque d'écrire

1- Est-ce que l'écriture et la publication d'une oeuvre littéraire peuvent parfois relever d'un acte de courage qui pourrait avoir des conséquences graves?
2- Ecrire, c'est risquer de reproduire des modèles consacrés : assiste-t-on à un retour de la littérature ethnographique ?
3- Ecrire, c'est risquer de remettre en question les valeurs établies et de se remettre en question en adoptant une écriture qui brave. C'est une aventure dont les conséquences sont imprévisibles. C'est se risquer de se perdre dans le dédale des langues.
4- Que se passe-t-il quand on est pris dans les arcanes de l'inconscient, du passé, des tabous, des interdits ?


II/ Le risque de la lecture

1- Lire, c'est risquer de transformer, ce que Roland Barthes appelle le texte ‘'scriptible'' en texte lisible. Autrement dit, de privilégier la clôture du sens.
2- Lire, c'est aussi risquer de surévaluer les textes lisses.
3- Les littératures francophones sont-elles réduites à leur dimension d'oeuvres transparentes qui rendent comptent de la couleur locale ?
4- Lire, c'est reproduire des lectures et reconduire des systèmes de valeur, c'est ne pas jouer son rôle de lecteur, producteur de sens.


III/ Le risque du discours critique

1- La critique appréhende-t-elle les écrivains et les oeuvres non pour rendre compte de leur singularité mais pour les classer définitivement dans des catégories réductrices ?
2- Le discours critique est-il répétitif et convenu ? Le discours critique n'ignore-t-il pas l'apport considérable des équipes de recherche ? Ne reproduit-on pas éternellement les mêmes discours, les mêmes schémas ? N'occulte-t-on pas ainsi l'importance de l'intertextualité critique ?
3- Le comparatisme ne s'enferme-t-il pas lui-même dans des idéologies qui imposent une hiérarchie présupposant la supériorité d'une littérature sur une autre ?
4- La critique s'inscrit-elle dans la logique des prix littéraires ? Le succès littéraire d'une oeuvre ne constitue-t-il pas un leurre ? S'inscrire dans la logique d'un horizon d'attente, c'est risquer de perdre de vue les oeuvres innovantes.


IV/ Le risque de la traduction

1- La traduction permet d'accéder à un universel commun. Elle construit du général à partir des écrits particuliers, « rend comparables les incomparables » selon une expression de Marcel Détienne.
2- Traduire, c'est risquer de déformer et de trahir, c'est réécrire en se situant quelquefois en deçà ou au-delà du texte initial. Le comparable n'est jamais donné, l'équivalence de sens est-elle un idéal ?
3- La traduction des textes francophones se situe-t-elle entre un « intraduisible initial » (chaque langue, chaque culture avec son indicible, son décryptage du réel et son rapport au référent) et comme le suggère Paul Ricoeur « un intraduisible terminal », celui que le traducteur-auteur produit.
4- Un double « risque » dirige toute traduction : perdre et sauver, condenser et déformer, se souvenir et oublier. Les écrivains qui traduisent leurs propres oeuvres font-ils preuve de re-création ?



V - La littérature francophone au risque des nouvelles technologies

1 - Les TIC constituent-elles une menace sérieuse pour les littératures francophones qui sont déjà confrontées à d'importants problèmes d'édition et de diffusion ?

2 - Le réseau Internet n'est-il pas à la fois une chance inouïe pour une e-littérature d'expression française et un piège qui guette les littératures mineures ?

3 - Quelles sont les incidences de la « révolution numérique » sur le mode de fonctionnement de la réception des oeuvres littéraires appartenant à la « périphérie» ?

4 - Face à la prédominance de l'oralité dans le discours véhiculé par la toile, la littérature est-elle appelée à disparaître ou au contraire sera-t-elle définitivement sauvée de l'oubli grâce à l'archivage assuré par le Web ?


Les collègues désireux de participer à ce congrès international sont priés d'envoyer leurs propositions (titre+résumé) avant le 31 Décembre 2007 à l'adresse suivante :
Habib Ben Salha, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités, 2010 La Manouba, Tunisie.
Ou par Fax : 216 (71) 600 910
Ou par courrier électronique à cette adresse :
E-mail : habib.bensalha@flm.rnu.tn


Comité d'organisation : Rym Kheriji, Adel Habassi, Hager Hila, Wafa Bsaiess, Kamel Ben Ouaness, Ilhem Saida-Mokhtar Sahnoun

Comité scientifique : Hamdi Hmaidi, Mansour Mhenni, Samir Marzouki, Amor Ben Ali, Fadhila Laouani, Ali Abassi, Béchir Garbouj, Sonia Zlitni-Fitouri, Moncef Khémiri, Habib Ben Salha.