Questions de société

"L'envers du décor, ou comment les Idex entendent bouleverser l’enseignement supérieur et la recherche en France", par SLU (25/3/12)

Publié le par Marc Escola

Dans la Newsletter n°35 de SLU, 24 mars 2012

IDEX : l’envers du décor

Ou comment les Idex entendent bouleverser l’enseignement supérieur et la recherche en France.

Les « Initiatives d’excellence » (Idex) ont, dès leur lancement, fait l’objet d’une mise en scène très orchestrée par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche : annonce de financements en milliards, d’un concours avec jury international, émerveillement calculé devant le gigantisme des institutions ainsi réunies, dramatisation du calendrier (avec pré-sélection puis publication finale) et de la concurrence entre les projets, insistance politique sur l’excellence de ceux-ci, mise en avant des gagnants, consolation et « rattrapage » de certains perdants – le tout par deux fois, puisque deux vagues ont eu lieu au cours des dix-huit derniers mois. La presse n’a pas manqué de se faire l’écho du théâtre de cette lutte d’excellence, et certains échecs ont été, régionalement, très mal vécus [1]. En l’occurrence, cette médiatisation inhabituelle d’un sujet concernant l’enseignement supérieur et la recherche a contribué à opacifier ce qui est en jeu dans les Idex. Et pour cause, ceux-ci ont été montés en secret – concurrence oblige –, la plupart du temps sans que les conseils des institutions lancées dans la course soient même informés du contenu des projets dans lesquels elles étaient intégrées, des conséquences en termes de financement, de changements institutionnels, de « gouvernance », de recherche et d’enseignement (un exemple parmi d’autres à Montpellier). Certains conseils scientifiques d’établissements se sont vus refuser la lecture du projet au moment même où celui-ci allait être déposé, au motif qu’il ne devait pas « sortir » : la confiance, la collégialité, l’évaluation scientifique sont, on le voit, bien servis par la compétition.

Ces projets Idex ont donc été rédigés dans le cercle très étroit des principaux dirigeants des institutions partenaires, et traduits dans la langue dominante de l’économie « libérale » par des cabinets de consultants payés à prix d’or [2]. Le public et les journalistes ignorent le plus souvent de quoi il retourne exactement. Plus grave, nombre des collègues pourtant impliqués ne savent rien non plus de ce que la réussite à ce « concours » signifie très concrètement pour l’avenir de leur métier, de l’Université et des organismes de recherche, qu’ils fassent ou non partie d’un établissement sélectionné. Les résultats étant tombés en juillet 2011 (première vague) et en janvier 2012 (seconde vague), les projets peuvent désormais circuler, à défaut d’être clairement publiés. Leur lecture donne la mesure de la gravité de l’opération : les Idex sont la touche finale de la destruction de tout le système public d’enseignement supérieur et de recherche engagée depuis plusieurs années. Depuis les coulisses du théâtre de l’excellence, ils fonctionnent comme une véritable machine à exclure, à tous les niveaux de l’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une prise de conscience massive de l’ensemble des personnels est impérative et urgente. Nous vous invitons donc à passer derrière le décor et à démonter les rouages de la machine qui va désormais régir votre vie d’universitaire ou de chercheur, si rien n’est fait pour l’arrêter rapidement.

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