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L'enseignement du FLE à l'université marocaine : état des lieux et nouveaux impératifs

L'enseignement du FLE à l'université marocaine : état des lieux et nouveaux impératifs

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Nour-Eddine FATH)

Nour-Eddine FATH présentera le 20 juillet 2011, à la Faculté des lettres et sciences humaines Dhar El Mehraz de Fès (Maroc), ses travaux de recherche en vue d'obtenir son habilitation universitaire, intitulée : « L'enseignement du FLE à l'université marocaine : état des lieux et nouveaux impératifs »

Au Maroc, en classe FLE, notamment en milieu universitaire, les stratégies pédagogiques prennent pour acquise la conception codique de la communication linguistique. Cette attitude a eu pour effet la réduction délibérée des activités d'enseignement du FLE à son  seul système linguistique. Ainsi, en DEUG, mis à part les cours d'initiation à la littérature française, aux techniques d'explication et de commentaire composé, à l'histoire littéraire, etc. les enseignements portant à proprement parler sur le fonctionnement de la langue française sont consacrés, majoritairement à des enseignements de type « Grammaire et phonétique correctives », « Morphosyntaxe », « Lexicographie », « Lexicologie », etc.  Certes, ces enseignements constituent de toute évidence le noyau dur du projet pédagogique FLE, puisque, à terme, ils permettent à l'apprenant d'acquérir une compétence linguistique, i. e. une capacité de reconnaître et de produire des énoncés répondant à la norme linguistique. Mais la seule compétence linguistique, si elle est nécessaire, n'est pas suffisante dans une perspective de communication, l'apprenant étant censé par ailleurs être en mesure de mobiliser des informations contextuelles, se rattachant tantôt au gestuel français tantôt à la culture française et de raisonner ou plus rapidement d'inférer, à partir de ces informations. Pour gagner donc en efficacité et permettre ainsi à l'apprenant d'acquérir véritablement une compétence communicative, l'enseignement du FLE, et c'est en définitive la thèse que cherchent à étayer mes différents travaux de recherche, me semble devoir répondre à trois impératifs :

1. d'abord, adopter le modèle inférentiel de la communication, en plus du modèle du code, insuffisant, à lui seul, pour rendre compte des mécanismes d'interprétation et de compréhension  ; 

2. ensuite, élargir l'enseignement classique du FLE, habituellement réduit à son seul système linguistique, i. e. au seul « travail sur la langue », à  un travail sur « l'usage de la langue », ou plus rapidement, à la dimension pragmatique du FLE – cette dimension, dans la mesure où un rôle prépondérant y est accordé au contexte dans les processus de la genèse sémantique étant plus à même de sensibiliser les apprenants à l'apport indéniable, au sens global des actes de communication, des référents culturel et gestuel français ; 

3. enfin, se doter d'un nouveau point de vue théorique sur la communication, point de vue qui s'inscrirait dans une sémiologie beaucoup plus générale mieux à même d'englober toutes les espèces de contenus, verbaux et non verbaux, décelables à travers les différents types de signes, linguistiques et non linguistiques. Or, nous assistons, depuis quelques années, à l'émergence d'un nouveau modèle de la communication qui, de ce point de vue, me semble tout à fait digne d'être adopté. C'est le modèle de la communication ostensive-inférentielle développé par Sperber et Wilson (Sperber et Wilson, 1989).